Oh, une nouvelle dystopie sur Netflix ! Et une dystopie coréenne, je vous prie. Quand on connaît mon amour pour les dystopies et pour les fictions coréennes, on peut imaginer mon enthousiasme. En plus, c’est par le réalisateur de Dernier Train pour Busan et Hellbound ! En plus, on a droit à une histoire sur une Terre à l’agonie, un environnement qui me plaît fort, fort. Donc autant vous dire que j’ai lancé Jung_E en frétillant sur mon siège. Eeet… j’ai pas tout compris.
Une Terre à l’agonie puis la guerre
Alors commençons par l’histoire. Dans un futur dystopique, le niveau des océans a monté suite au réchauffement climatique. Pour survivre, l’Humanité a donc décidé de partir dans des stations spatiales. Mais alors que le transfert est en cours, les Humains de trois stations s’unissent pour fonder la République d’Adrian. Ils attaquent les autres stations et la Terre et on est partis pour des années de guerre. Le film commence avec la commandante Yun Jung-Yi, une soldate des forces alliées qui va tataner les cyborgs d’Adrian. Mais elle se fait soudain toucher et réalise… qu’elle est un cyborg.
Et en fait, c’est sa fille !
Fin de la simulation ! On découvre alors que la commandante Jung-Yi était une guerrière qui avait fait les heures glorieuses de l’armée des alliées mais avait été gravement blessée lors d’un combat. Son “âme” est cédée par sa famille à une corporation, Kronoid, qui fabrique des cyborgs et qui essaie de comprendre ce qui fait de Jung une si bonne combattante. L’histoire que l’on suit se passe trente ans après et la scientifique en cheffe qui s’occupe de Jung est… sa fille, Seo-hyun. Taaaan !
Des cyborgs qui s’ignorent
Alors de quoi parle Jung_E ? On va avoir grosso modo deux gros thèmes : l’âme des cyborgs et la filiation. Concernant l’âme des cyborgs, je l’ai déjà évoqué dans le résumé : les cyborgs humanoïdes servant de réceptacle aux âmes de certaines personnes ne savent pas qu’ils sont des cyborgs. Pour Jung, sa simulation démarre juste après son accident. Quand elle se fait toucher et voit ses doigts débarrassés de leur chair pour révéler une ossature en métal, elle panique complètement. On rencontrera d’autres cyborgs qui, découvrant leur vraie nature, refusent de renoncer à leur individualité.
Qu’est-ce que l’humanité ?
On en revient à une question centrale dans nombre de dystopies: c’est quoi être humain ? Est-ce qu’une âme injectée dans un cyborg crée un individu à part entière ? Ici, on vit régulièrement l’âme de Jung, une sorte de liquide visqueux argenté dans une cartouche, être transféré de cyborg en cyborg pour lui trouver la parfaite adéquation entre corps et âme. Mais chaque cyborg pense sincèrement être Jung-Yi, souffrant réellement de blessures. Mais tout ça est contrôlé par les scientifiques dont Seo-Hyun qui efface à chaque fois la dernière simulation de la mémoire de Yung-Yi pour pouvoir en relancer une.
De mère en fille
Evidemment, on ne peut pas parler de Yung_E sans évoquer la question de la filiation puisque c’est quand même l’histoire d’une quasi-quadra orpheline qui travaille avec l’âme de sa mère, trentenaire. Seo-Hyun a grandi avec des regrets et des interrogations car sa mère s’était engagée pour pouvoir payer des médicaments et une opération pour sa fille. Mais la vie de Seo-Hyun est elle-même dictée par sa volonté de retrouver sa mère. Elle n’est pas libre non plus. Deux destins totalement parallèles.
Seoul les pieds dans l’eau
Autre point : la ville futuriste. On suit Seo-Hyun qui quitte Kronoid à bord d’un téléphérique-monorail, on découvre un Séoul les pieds dans l’eau. Mmm, un peu comme le Néo-Seoul de Cloud Atlas ? Carrément. Même si je n’ai pas très bien compris la géographie de la ville puisqu’on a un premier bloc assez proche de Kronoid puis on quitte le bloc pour survoler une colline. Alors il y a des collines à Seoul, ça a l’air de correspondre mais… où est passée la ville en dehors du gros bloc où semble vivre Seo-Hyun.
Un énorme rien de 30 ans
Maintenant, je vais un peu froncer les sourcils et parler de ce qui ne va pas dans Jung-E. Je n’ai rien compris à cet univers. Déjà, entre le coma de Jung-Yi et l’histoire de sa fille trente ans plus tard, on dirait qu’il ne s’est rien passé. La guerre a l’air toujours en cours et Seo-Hyun apprend qu’elle va mourir et que finalement, l’opération n’a servi à rien. Mais genre l’opération d’il y a trente ans ? D’ailleurs, lors d’une session de présentation du cyborg Jung_E qui n’est absolument pas prêt, le PDG de Kronoid diffuse un Powerpoint qui résume l’histoire précédant le film. Alors ok sauf que j’ai déjà eu un carton en début de film pour tout m’expliquer donc pourquoi tu t’y recolles ? Et à nouveau : il s’est passé quoi ces dernières trente années ? J’ai la sensation que la réponse est… rien. Il ne s’est rien passé. Damned. D’ailleurs, merci de rappeler que c’est encore la guerre parce que tu ne le ressens à aucun moment du film. T’as bien des généraux qui traînent en tenue de général mais… Non, vraiment, vous êtes sûrs que c’est la guerre ? Et pareil pour les recherches sur Jung-Yi qui semblent récentes. Genre ils avaient gardé son âme au frigo pendant tout ce temps ? Pourquoi s’en préoccuper à présent puisque la guerre n’a plus trop l’air de se poursuivre.
Sauver toutes les âmes mais pourquoi ?
Autre point que je n’ai vraiment pas compris : l’immortalité. Pas le procédé. On extrait on ne sait trop quoi d’un corps et c’est l’âme de la personne. Ok, on a finalement peu ou prou la même chose chez Altered Carbon, je suspends mon incrédulité donc on poursuit. Quand Seo-Hyun apprend qu’elle est condamnée, le médecin lui propose de sauver son âme selon une gamme tarifaire. D’ailleurs, le médecin a lui-même un corps de cyborg, ohlala. Alors ok mais… on n’est pas partis du postulat que la Terre était plus ou moins condamnée et qu’il faut évacuer l’Humanité pour lui permettre de survivre ? Non seulement j’ai l’impression que personne n’a été évacué depuis le début de la guerre mais surtout… Pourquoi vous ne voulez pas laisser les Humains mourir ? Est-ce que vraiment, on va sauver toutes les âmes alors que c’est la mierda ? Enfin je crois parce que finalement, en trente ans, j’ai pas l’impression que la situation se soit aggravée et la Terre a l’air bien viable, les villes se sont adaptées…
J’ai pas compris ce qu’on voulait me raconter
Bref, j’ai été déçue par Jung_E. Déjà, j’ai vu mieux en terme de “Les cyborgs peuvent-ils être humains ?”. Petite liste à la Prévert : Better Than Us, Real Humans, Detroit, Blade Runner, Vesper Chronicles, After Yang… Mais surtout, je n’ai pas compris ce que voulait me raconter le film tellement le scénario ne tient pas. Oh, les Humains sont partis dans des arches spatiales copiées collées sur Elysium. Mais on n’en parlera plus, c’est pas le sujet. Y a la guerre et une guerrière légendaire. Mais c’est même pas ça le sujet non plus. Le sujet, c’est une femme pré quadra qui voudrait demander à sa mère si elle ne lui a pas trop pourri la vie mais elle ne le fait pas parce que… Moralité ? Et bien vu que je ne sais ce que le film voulait me raconter… Et c’est dommage car j’ai aimé l’esthétique. Mais clairement, ça ne suffira pas.
2 thoughts on “Jung_E, quand ton âme voyage de cyborg en cyborg ”