Robocop, mi-homme, mi-robot, totalement flic !

En 1987, Robocop imaginait une ville ravagée par le crime et dont la sécurité dépendait d’une grosse entreprise totalement cynique.

Ca faisait un moment que je n’avais pas parlé de dystopie culte par ici. Après m’être perdue sur quelques films moyens, un peu décevants voire franchement mauvais, il est temps de revenir aux basiques. Avec un film qui marquera les esprits et a sans doute traumatisé quelques enfants des années 80 : Robocop. Un film qui a pas mal de sel en 2023. Si vous ne l’avez jamais vu, vous pouvez foncer : non seulement il a bien vieilli mais il pose des questions encore très actuelles quant à la question du maintien de la sécurité. Donc aujourd’hui, un héros moitié-homme, moitié-robot : Robocop.

Robocop, un film culte

Sale première journée pour Murphy

L’histoire ! La ville de Detroit est ravagée par la violence et la criminalité. Les services de police sont totalement dépassés et le film commence alors que l’un d’entre eux a été tué. Alors qu’une grosse entreprise, OCP, souhaite surarmer les flics ou les accompagner de robots tueurs, le jeune policier Murphy arrive pour sa première journée dans un commissariat de Detroit. Et direct, il part avec sa coéquipière pour aller arrêter un groupe de dealers bêtes, méchants et surarmés. Et la première journée se termine mal pour Murphy qui se fait littéralement massacrer par notre groupe de dealers et meurt.

Murphy avant robocop

Récupérer les restes et en faire un robot

Une aubaine pour Morton, un des cadres d’OCP qui y voit la possibilité de réaliser son super projet : Robocop. Un flic mi-humain, mi-robot qui va remettre de l’ordre à Detroit. Il récupère ce qu’il reste de Murphy et l’amplifie de robotique tout en lui effaçant la mémoire. Quelques mois plus tard, le Robocop est livré au commissariat de Detroit, celui-là même où Murphy a passé sa seule journée de flic, et les collègues sont assez circonspects. Si Robocop réalise son travail plus que correctement, un jour, il se souvient… et décide d’aller accomplir sa vengeance.

Robocop, un robot vengeur

En première lecture, un film ultra-bourrin

Robocop peut se lire de plusieurs façons. En premier lieu, c’est un film bourrin de vengeance. Un film qui ne lésine pas sur le sanglant. Outre la scène de la mise à mort de Murphy qui est franchement éprouvante à regarder, une autre scène en début de film nous montre un cadre d’OCP se faire longuement déchiqueter par un robot policier mal réglé. Illustration très littérale du cynisme des cadres de cette grosse industrie qui sont prêts à tout pour atteindre les sommets. Quitte à se tirer dans les pattes… Donc oui, Robocop n’est clairement pas tout public. Une pensée donc aux enfants des années 80 qui avaient droit aux jouets Robocop et qui ont regardé le film bien trop tôt dans leur vie en pensant regarder un film fait pour eux. Non, pas du tout. Ca tire à balle réelle et Verhoeven semble presque prendre un malin plaisir à nous exposer toute cette violence. 

Un robot flic tueur

Une critique claire du capitalisme

Mais on parle de Verhoeven. Qu’on aime ou pas, on sait que le réalisateur adore le sous-texte. Cf Starship troopers, une de ses oeuvres les plus controversées en terme de degré de lecture. On va résumer en disant que Verhoeven pris au premier degré, c’est assez lourd et peu subtil. Si vous n’aimez pas les sous-textes, franchement, vous n’allez pas aimer Robocop. Pourtant, on y retrouve tous les ingrédients chers à Verhoeven. Une critique du capitalisme et du consumérisme à outrance via des fausses pubs absolument géniales. Une critique des médias via des journaux télé parfaitement anxiogènes. On a notre set de base. Des personnages parfaitement cyniques qui ne font que peu de cas de la vie humaine tant que ça rapporte des pépètes. C’est là, le coeur du moteur.

Robocop, un film anticapitaliste

Une ville prisonnière de luttes de pouvoir

Car si le film s’appelle Robocop, ce n’est pas tant lui, le coeur du film. On sait assez peu de choses sur Murphy. Il a une femme et un fils, ingrédients qui servent plus à rendre sa mort dramatique et d’étincelle à un moment du film. Mais typiquement, le visage de Murphy ne se voit qu’en début de film et à la toute fin. Ensuite, soit il est robot, soit on voit des scènes à travers ses yeux mais son incarnation à l’écran est limité. Murphy est littéralement un dommage collatéral de bout en bout du film. Une victime de la criminalité à Detroit mais aussi de la lutte intestine entre Morton et Dick Jones qui essaient d’obtenir les faveurs de leur PDG. Et c’est la lutte de pouvoir chez OCP qui fait un peu la pluie et le beau temps à Detroit. Une métaphore à peine sybilline des gouvernants qui prennent des décisions pour leur peuple bien au chaud dans leurs bureaux alors qu’au dehors… D’ailleurs, on ne verra jamais Morton ou Jones dans la rue mais toujours dans des décors de bureau ou dans leur bel appartement…

Morton et son nouveau joujou dans Robocop

Quand même la sécurité devient privée

Contrairement à un Terminator qui nous prévenait du danger des robots et autres IA, Robocop ne présente un danger que pour ses ennemis désignés. Et de mémoire, on ne compte pas de victimes collatérales. Robocop nous prévient plutôt d’une faillite de l’Etat et du pouvoir que ça risque de donner aux mauvaises personnes. Clairement, ce Detroit est ravagé par la violence, on encourage le citoyen à utiliser l’auto-défense et ceux légalement chargés de l’ordre et de la sécurité n’ont aucun moyen de faire leur travail. Ils se font cruellement massacrer par des voyous franchement débiles. La seule solution est de confier la sécurité de la ville à une grosse entreprise qui dispose de beaucoup de moyens et d’assez peu d’éthique. Or, comme expliqué, les directions prises par OCP dépendent, pour l’essentiel, de qui a la main et les faveurs du PDG. Autrement dit, les citoyens de Detroit sont entre les mains de personnes qu’ils ne peuvent ni choisir ni destituer. Une dictature militaire qui ne dit pas son nom…

Robocop, un certain autoritarisme

Une réflexion sur l’autoritarisme et le cynisme capitaliste

Je pense que Robocop est un indispensable. Passé l’esthétique qui peut paraître un peu cheapos mais que j’adore, le côté bourrin qui peut rebuter, Robocop propose une réelle réflexion sur l’autoritarisme et ce que l’on est prêt à sacrifier au nom de la sécurité. Même si l’insécurité semble réelle dans ce Detroit là, la psychose est entretenue par les médias. Et finalement, la police semble juste servir de cible humaine pour faire les choux gras de ces derniers. Une réflexion d’autant plus intéressante aujourd’hui, dans une société de plus en plus crispée pour ses sujets. Attention à qui vous confiez votre sécurité, rien n’indique qu’ils soient réellement intéressés par votre sort. 

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