Pluto, quand les robots choisissent leur destin

Partant d’Astro le petit robot, Urasawa crée Pluto, un manga adapté en série parlant de super robots intelligents.

Récemment, j’ai cité Astro, le petit robot, au sujet de la version animée de Metropolis. Et bien je  ne m’attendais pas à vous parler précisément d’Astro quelques temps plus tard. Car j’ai croisé le robot facétieux dans Pluto, une série d’animation qui place les robots et leurs sentiments au cœur du récit. Car dans un futur plus ou moins lointain, les robots sont des citoyens comme les autres. Et certains ont même des sentiments.

Astro dans Pluto

De quoi parle Pluto ? Dans un futur suivant une guerre qui a rayé de la carte le Royaume de Perse, un robot ultra-perfectionné, Mont Blanc, est détruit. L’inspecteur allemand Gesicht, lui aussi un super robot, est appelé pour mener l’enquête. Pendant ce temps là, dans un vieux manoir isolé, un vieux compositeur aveugle se voit attribuer un nouveau robot domestique, North 2. D’abord hostile au robot, les deux vont se lier d’amitié et North II va aider le compositeur à réaliser sa nouvelle symphonie. Mais un danger rôde et North 2 finit en petits morceaux.

North 2 dans Pluto

Une menace pèse sur les sept robots les plus puissants du monde. Dont Gesicht et Astro, un garçon robot si réaliste que les Humains le confondent avec un vrai petit garçon. Nous allons donc découvrir comment les cinq super robots restants et les scientifiques qui leur ont donné vie vont essayer de mettre fin au jeu de massacre. Gesicht mène l’enquête pour comprendre qui est le tueur.

Gesicht dans Pluto

On part sur un format thriller somme toute classique, à la base. Y a un tueur en série. On sait qui sont les personnes qui sont menacées et on se la joue façon “Ils étaient 10”. A l’exception de Mont Blanc dont on saura assez peu, chaque robot va nous permettre de découvrir une facette de leur personnalité. Et comprendre que tous ceux qui ont participé à la guerre en Perse sont totalement traumatisés. C’est particulièrement mis en scène avec North 2 qui s’obsède de musique pour oublier les horreurs de la guerre. Ou Epsilon qui a ouvert un orphelinat pour les enfants victimes de la guerre.

Les orphelins d'Epsilon

La série va nous proposer d’explorer toute une gamme d’émotions que ressentent les robots. Certains allant même jusqu’à pleurer, à certains moments. Si l’un d’entre eux est victime de son créateur qui lui a injecté de la haine, tous sont surtout en recherche d’amour. Un amour pur, pas forcément matrimonial. Brando et Gesicht ont un sentiment paternel très fort. Epsilon est obsédé par le bien-être et la sécurité des enfants qu’il a recueillis. Il se préoccupe particulièrement du sort d’un gamin qu’il a sauvé in extremis en Perse et qui semble avoir assisté à l’attaque cataclysmique d’un mystérieux robot.

Mont Blanc dans Pluto

Il est beaucoup question d’empathie dans Pluto. Notamment à travers le personnage d’Uran, la petite soeur d’Astro, qui est un robot hyper empathe. On la voit interagir avec des animaux ou des humains, en fonction de la détresse qu’elle capte. Durant une scène, on la voit courir d’un être vivant à un autre pour les aider à calmer leurs peines. Uran est un cas intéressant car elle pose la question de l’humanité des robots. Elle est créée précisément pour aider les gens et ne fait finalement que ce pour quoi elle est programmée. Mais cette extrême compassion est ce qui la rend très proche des humains. Peut-être même plus humaine que les humains. Chaque robot ayant sa quête, celle d’Uran est presque divine puisqu’elle cherche à apaiser tous les maux.

Uran dans Pluto

Pluto va beaucoup se questionner sur la limite entre programmation et évolution du robot, entre l’inné et l’acquis. Si on nous montre régulièrement les robots vivre leur vie et agir en toute indépendance, on ne manque pas de nous parler de leurs créateurs qui se félicitent régulièrement du travail incroyable qu’ils ont réalisé en créant tel ou tel robot. L’indépendance des robots, leur part d’inné, est régulièrement remise en cause par leur créateur qui explique régulièrement les avoir créées comme ci ou comme ça et qu’ils sont incapables de ne pas obéir à leur programme initial. Astro va ainsi se précipiter dans un piège, en sachant très bien que ça en est un, parce que sa programmation exige de lui de protéger un petit garçon. 

Astro, le petit robot

Evidemment, comme dans toute dystopie à base de robot, on va avoir un mouvement de résistance. Déjà parce que les robots sont désormais considérés comme des citoyens à part entière. Ils vivent en couple, ont des enfants robot. Mais surtout l’Humanité semble traumatisée par la puissance de ces créatures et des dégâts considérables qui ont dévasté la Perse lors de la guerre. Pluto est une adaptation d’un arc particulier d’Astro, d’où sa présence dans cette série, “Le robot le plus fort du monde”. Le manga Pluto a été écrit par Naoki Urasawa, lui-même japonais. Et les scènes de guerre en Perse ne sont pas sans rappeler les dégâts causés par les bombes nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki. Sous le prisme de robots de prime abord sympathiques, il y a la question d’une technologie meurtrière et de la folie des humains.

Pluto, la désolation

Et c’est la toute fin de la série qui met particulièrement ça en avant. Je ne vais pas la détailler puisque je vous encourage à regarder Pluto. La série n’est pas très longue mais le style est agréable et l’écriture efficace. Le côté thriller fonctionne pas mal et il est amusant de découvrir Astro dans un style plus dramatique. Au-delà de l’histoire de robots intelligents qui se tapent dessus, il y a une fable humaniste. La menace ne vient pas de l’outil ou de la technologie mais de ceux qui s’en servent pour de mauvaises raisons. 

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