Il y a des univers qui m’attirent instantanément et dès que je tombe dessus, je craque. Ce sont les uchronies avec des machines volantes un peu steampunk dans le style. Typiquement Avril et le monde truqué que j’aimais avant même d’avoir vu le film. Alors les temps ultramodernes de Laurent Genefort avec des machines volantes qui sillonne le ciel parisien dès les années 30 grâce à un métal particulier. Avec une telle technologie, la conquête spatiale est accessible. D’ailleurs, une partie de l’action va se passer sur Mars où l’air est respirable. Quoi ? Car oui, les temps ultra modernes triche.
Un matériau anti-gravité
L’histoire. En 1923, c’est la crise. Le cours de la cavorite, un métal miraculeux qui annule la gravité dégringole et entraîne le monde dans une crise économique majeure. En cause ? Les gisements s’épuisent et Marie Curie découvre que l’effet anti-gravité n’est pas éternel. En clair : tous les paquebots et vélos volants vont se transformer en enclume. C’est dans ce contexte que Renée, une jeune provinciale, débarque dans la capitale pour devenir institutrice. Mais trouver un emploi en période de crise est un véritable parcours du combattant et on lui propose de partir sur Mars pour donner des cours aux enfants là-bas.
Des personnages hauts-en-couleur
Les temps ultramodernes va nous raconter toute une histoire de secrets et de complot pour exploiter une nouvelle source de cavorite. Il va donc y avoir une enquête avec un policier et une physicienne. On a aussi un artiste qui devient anarchiste un peu par accident, un médecin qui n’aurait pas fait tâche dans l’Allemagne des années 30-40. Celles de notre timeline, j’entends. Tout ce petit monde va plus ou moins se croiser à Paris ou sur Mars.
Et puis des Martiens, aussi
Raconté comme ça, on est donc dans la pure uchronie où on change un paramètre, ici l’existence de la cavorite, et on retricote une nouvelle histoire. Sauf qu’ici, on va un peu rajouter des ingrédients pour le moins sortis de nulle part comme… l’existence de martiens. Oui, dans ce roman, Mars est une planète habitable et habitée avec des créatures souvent flippantes mais parfois intelligentes comme une race volante douée de langage mais peu considérée par les Terriens qui va enfermer des spécimen dans des zoos.
Un roman métaphorique
Les temps ultramodernes est un livre totalement métaphorique. La cavorite, c’est n’importe quel minerai rare sur lequel on a basé l’essentiel de notre technologie comme le lithium, par exemple. De la même façon, toute l’attitude des Terriens vis-à-vis des Martiens est une transposition à peine déguisée du racisme. Laurent Genefort s’inspire clairement de la crise de 1919 et de la période trouble des années 30 en multipliant les points de vue, y compris les pires. Ce n’est pas toujours très subtil mais pourquoi pas.
Trop de « et si » tue l’histoire
Le souci, c’est qu’à multiplier les “et si”, ça casse ma suspension consentie de l’incrédulité. Ok, on découvre sur Terre un matériel magique. Pourquoi pas. Que ce matériel anti-gravitationnel accélère grandement la conquête spatiale est tout à fait cohérent. Que l’on construise des nouvelles Tours Eiffel pour amarrer les bateaux volants, ok, j’adhère. Mais qu’est-ce que c’est que cette planète Mars avec son atmosphère, sa faune et sa flore. Là, ça n’a pas de sens. J’ai vraiment décroché à ce moment-là du récit parce que je n’ai plus bien su ce que voulait me raconter le roman. Une transposition des années 30 dans un univers fictif pour nous faire une piqûre de rappel ? Sauf que les victimes de racisme et même de déportement sont des créatures qui nous sont présentées comme assez primitives, même si plutôt évoluées, avec un langage, un système de croyance, des sentiments…
Une aventure dans le multivers
Et c’est pourquoi j’ai du mal à considérer que Les temps ultramodernes sont une simple uchronie. Plus un récit de multivers, finalement. Une Terre très proche de la nôtre mais dans un univers différent. Reste un roman d’aventure facile à lire, plutôt agréable même si ce n’est ni un incontournable, ni un inoubliable. Même si j’aime toujours les engins volants et les Tour Eiffel en nombre.