Mother / Android, une pseudo dystopie à jeter aux orties

J’aurais aimé vous parler de la dimension dystopique de Mother/Android. Mais je vais m’énerver sur le fait que c’est pas une dystopie.

Je vais même pas faire un peu de suspense sur le fait que j’ai aimé ou non ce film. La semaine dernière, j’ai été assez critique sur The Creator mais ce dernier reste un film de bonne facture versus celui dont je vais parler aujourd’hui à savoir Mother/Android. Que ce soit mauvais, ça arrive. Ce qui m’a profondément agacée, c’est qu’on m’a promis une dystopie à base de révolte d’humanoïdes et… on ne les voit quasi jamais. Juste un couple énervant qui se balade dans la pampa entre deux disputes. Donc aujourd’hui, je vais un peu m’énerver sur cette tendance à mettre de la sauce dystopique sur une histoire qui n’a rien à voir ou presque.

Mother/Androïd, un film nul

Un couple lambda au milieu d’une révolte d’androïdes

Bon, je vous résume l’histoire quand même. Sam et Georgia sont un jeune couple qui vivent une vie normale dans une banlieue lambda. Drame. Georgia est enceinte mais elle est moyen motivée pour aller au bout de sa grossesse. Mais au cours d’une soirée, les humanoïdes se révoltent et c’est un massacre. Sam et Georgia partent donc se réfugier en forêt. Pendant 8 mois, ils ne font rien puis au neuvième mois, alors que Georgia est proche de la délivrance, ils décident d’aller à Boston puis en Corée car là-bas, il ne semble pas y avoir la guerre. Sauf que tout ne va pas se passer comme prévu.

Sam et Georgia dans Mother/Android

Des robots qui ne servent à rien

Je suis cliente des histoires de révolte des machines contre les Humains. Je rappelle que ma dystopie madeleine de Proust, c’est Terminator. Le fait que je sois cliente de ce genre de film m’a fait avaler pas mal de films aux qualités discutables. Déjà tous les Terminator post Terminator 2 même si je pense que le 4 est meilleur que ce que l’on en dit. Enfin, en tout cas, il avait de bonnes idées et le fait de ne plus s’encombrer du T800 était courageux. Mais avec Mother/Android, je me suis sentie littéralement flouée. Déjà, premier point : pourquoi les humanoïdes se révoltent ? On ne sait pas. Ils veulent juste éradiquer les humains. Bug général ou réelle volonté née de l’Ether ? A vous de décider. C’est juste qu’à un moment, il fallait une menace donc tiens, les robots. Robots totalement humanoïdes sauf qu’ils ont un espèce de sang bleu-vert mais on s’en fout parce qu’on ne les reverra pas. Il y a une grosse scène où Georgia va dans un de leurs repères et… il fait nuit. Les humanoïdes sont juste des humains avec des lentilles fluorescentes. Ouah…

Des androïdes nuls

Mais si, c’est dystopique, on te dit

Cependant, pour essayer d’ancrer Mother/Android dans le grand tissu dystopique de la révolte des robots, on va intégrer Arthur. Une sorte de nerd un peu bizarre qui va créer une armure empêchant les humanoïdes de détecter les Humains. Ca aussi… Apparemment, la vue des humanoïdes est basée sur la détection de chaleur. Sauf que bon, s’ils ne perçoivent que ça, ils devraient un peu se manger les murs. Pourquoi je dis ça ? Parce qu’à un moment, un androïde passe à côté de Georgia, plantée en plein milieu d’une pièce, et ne la calcule pas. Alors que tu ne percoives pas sa chaleur, ok, mais tu perçois sa masse quand même, non ? Non. Ok, génial. Donc Arthur, en tant que nerd, va essayer de nous raccrocher cette histoire de robots en nous parlant de RUR et du premier récit de révolte des robots. Il va aussi faire des phrases en mode “oui les robots, c’est des méchants, ils ont zéro état d’âme, tu sais pas à qui tu te frottes”. Peu de temps auparavant, un général avait fait un discours à base de “oui, notre ennemi n’est jamais fatigué, ne dort jamais…” Ah, tiens, ils ont l’énergie perpétuelle dans cet univers, intéressant. Ok, dans Terminator, aucun robot ne se recharge. Mais c’est un point de détail de plus en plus pris en compte par les dystopies avec humanoïdes car… On vit au XXIe siècle et la question de la recharge de tous nos appareils est un vrai sujet. Bref. C’est gentil de prendre soin de me dire que la menace est terrible mais… on la voit toujours pas.

Chloe Moretz dans Mother/Android

Pourquoi choisir la dystopie si tu n’en fais rien

Je suis certes un peu de mauvaise foi puisqu’après avoir traîné dans la forêt et un camp de réfugié moisi, Sam et Georgia partent dans le No man’s land, la zone de tous les dangers. Et effectivement, ils vont être pris en chasse par des drones, toujours pas des humanoïdes. Puis il y a tout un passage dans le nid des humanoïdes. Mais on ne les verra pas trop puisque c’est la nuit. La dystopie est un genre utilisé pour nous raconter des histoires autrement. Là, clairement, tu pourrais remplacer les androïdes par des nazis et les humains par les juifs que ça marcherait. Ca reste une façon de susciter des émotions, faire passer un message. Alerter sur les risques qui pèsent sur nous. Si, dans cet univers, l’histoire des humanoïdes ne marche pas, c’est déjà parce qu’on ne sait pas d’où ils sortent, combien ils sont… Les personnages sont littéralement des jeunes d’aujourd’hui. Ils ont la même technologie que nous, les mêmes maisons, les mêmes voitures. Et des androïdes ultra réalistes en plein milieu. Mother/Android ne fonctionne pas mais on peut résumer ça “ne vous croyez jamais à l’abri”. Mais du coup, pourquoi mettre en avant une sauce dystopique qui ne prend pas ? Qui n’a aucun goût, aucune saveur ?

Mother/Android

Y a rien qui colle

L’effondrement peut survenir de n’importe quel événement. Parfois fort fantaisiste. Prenons par exemple Le feu de Dieu de Pierre Bordage où l’effondrement vient d’une nuit perpétuelle. Dans Le livre de M que j’ai adoré, ca vient d’une étrange épidémie de perte d’ombre. Les gens perdent leur ombre et deviennent peu à peu amnésiques, ayant une influence sur leur environnement bien malgré eux. La plupart des films catastrophes surfent là-dessus aussi. Un monde qui craque un peu sans raison dans 2012, par exemple. Pourquoi pas ? Mais pour Mother/Android, j’ai juste l’impression que l’ingrédient dystopique ne sert qu’à m’appâter. Qu’on a mis un label “film” sur ce qui se révèle être un téléfilm qui met en scène un couple insupportable aux comportements incohérents. Genre on les voit se disputer tout le temps mais en vrai, elle l’aime tant que ça la gêne pas d’aller faire de la bagarre avec des androïdes alors qu’elle est enceinte jusqu’aux yeux. Elle dit à son bébé qu’elle l’a désiré plus que tout alors qu’elle passe tout le film à se dire qu’elle aurait mieux fait d’avorter. Ah oui et je ne vais même pas m’arrêter sur l’instinct maternel qui la pousse à survivre parce que ce n’est jamais mis en avant. Donc je ne comprends même pas le titre Mother/Android, en fait.

Une femme enceinte fuit des androïdes

Pourquoi Mother/Android existe ?

C’est souvent le souci quand on aime un genre et qu’on a envie d’y consacrer du temps. J’avais prévu de passer une bonne soirée devant ce film. J’ai dû me forcer à aller jusqu’au bout en espérant une fin qui sauverait le tout. Ce ne fut pas le cas. A dire vrai, je ne me souviens même pas vraiment comment ça se termine. J’ai un souvenir diffus de la dernière scène. Je me suis sentie flouée dans mon amour des dystopies. Alors que ça aurait été présenté comme un film catastrophe, j’aurais peut-être plus apprécié. J’aime bien les films catastrophes un peu nanar, j’avoue. Mais là, le film se prend tellement au sérieux alors que son scénario tient sur un timbre poste. Alors que tu passes tout le film à essayer de comprendre les choix des scénaristes. Pourquoi avoir choisi une héroïne enceinte alors qu’elle n’a pas l’air très intéressée par sa maternité ? Pourquoi une révolte des robots ? Et pourquoi ce couple qui ne s’aime visiblement pas ? Pourquoi ils prennent systématiquement les mauvaises décisions à part pour faire avancer le scénario ? Pourquoi y a une ellipse entre la révolte des robots et la quasi fin de grossesse de Georgia ? Ils ont fait quoi pendant ce temps-là ? Pourquoi n’ont-ils rencontré personne jusqu’à la fin de la grossesse où, soudain, tout s’accélère ? Rien ne va. Et le genre dystopique mérite mieux que ça, je vous le dis. 

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