“Must be the reason why I’m king of my castle, must be the reason why I’m freeing my trapped soul”. Comme toute personne ayant été ado, voire jeune adulte, dans les 90s, j’ai été inondée de clips sur MTV et MCM. Notamment ce clip de la chanson King of my castle reprenant des images de Ghost in the shell. Donc je ne vais pas pouvoir rédiger cet article sans avoir cette chanson dans la tête et je me sentais obligée de le poser en préambule. Aujourd’hui, on reparle animation japonaise pour évoquer Ghost in the shell. Et je ne parlerai pas de la version avec Scarlett Johansson car je ne l’ai pas vue et ça me tente pas du tout.
A la poursuite du Puppet Master
L’histoire. En 2029, on suit les aventures de Motoko et son acolyte Batou, deux cyborgs policiers. Le film tourne autour de la traque d’un pirate informatique poétiquement appelé le Puppet Master. On va découvrir en parallèle que la section de Motoko et Batou est en conflit avec un autre service de police, lui aussi à la recherche du Puppet Master. Bref, on est dans de la pure dystopie cyberpunk avec une police brutale, un Internet qui connecte tout à tout et des cyborgs physiquement identiques aux humains.
Qu’est-ce qui fait l’humain ?
Car l’oeuvre est traversée par cette lancinante question : qu’est-ce qui fait l’âme ? Motoko est une conscience, le ghost, dans une machine, son corps ayant été détruit lors d’un accident d’avion. Sa personnalité, froide, la rapproche d’une machine même si elle reste à s’interroger sur son ghost. Le Puppet Master, une sorte de créature née de l’Internet, on va dire. Pouvant prendre le corps robotisé de qui il veut en jouant sur les implants cybernétique. Quelle est la part d’humain dans la machine ? La première apparition du Puppet Master est magistrale et crée immédiatement une ambiance étrange et un peu malaisante. Il prend possession du corps vide d’une androïde blonde et jolie comme une poupée, créant un décalage entre le corps et le propos.
L’histoire d’un cheminement intérieur
Je ne vais pas m’attarder sur le film d’animation en lui-même. C’est un classique et vous trouverez des dizaines d’articles en faisant l’éloge. Alors que les dystopies mettant en scène des robots humanoïdes se demandent leur part d’humanité, Ghost in the shell pose la question inverse : à quel degré de transhumanisme peut-on encore parler d’âme ? Le film ne nous raconte pas tant la traque du grand pirate que du cheminement intérieur de Motoko qui ne comprend pas vraiment quelle part d’elle survit dans la machine qui héberge son ghost. D’autant que ce corps cybernétique la rend potentiellement immortelle.
Internet, une menace
Et en tant que bonne oeuvre dystopique cyberpunk, Ghost in the shell questionne sur des technologies hors de contrôle avec le Puppet Master, sorte d’IA spontanée. Mais là où on touche un thème intéressant, c’est la présentation d’un Internet dangereux, instrument mortel aux mains d’une IA se cherchant une coquille à tout prix. Dans les dystopies, Internet est peu ou pas présent. Quand il y est, il n’est considéré que comme un média. Le danger viendra plus d’un réseau social ou d’un jeu en ligne, voire d’un assistant personnel démoniaque. Contrairement à la télé qui est un objet du mal, parfois. Masamune Shirow, le mangaka auteur de Ghost in the shell, partage sa peur de cette technologie naissante qui semble effacer toutes les barrières entre les individus. Permettant potentiellement à une IA née de toute cette soupe technologique d’avoir littéralement accès à tout.
Un traitement inédit
Bref, si les thèmes abordés par Ghost in the Shell semblent somme toute classiques pour une oeuvre cyberpunk. Mais ce traitement inversé de l’âme et de l’IA et la peur d’Internet donne à l’oeuvre une vision inédite toujours pertinente. Même 25 ans après la sortie de l’anime.
Ah et pour finir…
Notez comme la création de la coquille de Motoko a inspiré le générique de WestWorld…