***SUNDAY CALENDAR STORY FOR JANUARY 11, 2014. DO NOT USE PRIOR TO PUBLICATION**********Chappie (Sharlto Copley) from Columbia Pictures' action-adventure movie CHAPPIE.

Chappie, le Robocop gangsta mais touchant

Un robot intelligent qui tomberait entre de mauvaises mains ? C’est Chappie, un film imparfait mais avec un parti-pris intéressant.

Enfin, tout est relatif. Tant qu’à parler de robot policier, il y a une autre fiction qui n’est pas sans rappeler Robocop sous certains aspects. Je parle bien sûr de Chappie, comme indiqué dans le titre de l’article. Réalisé par Neil Blomkamp à qui on doit notamment District 9 et Elysium. Et aussi Gran Turismo mais ce n’est pas vraiment une dystopie et certainement pas un film personnel donc bon. Dans Chappie, on revient sur le concept d’IA apprenante avec un parti-pris assez étonnant.

Chappie, chappie chapeau

L’histoire. Johannesburg est gangrénée par la violence, notamment celle des gangs, mais y a du nouveau en ville : les scouts. Non, pas des enfants à foulard rayé mais des robots policiers commercialisés par la société Tetravaal. Après une intervention remarquée des scouts lors d’une fusillade entre gangs, la police décide de recommander des scouts. Une bonne nouvelle pour Deon, l’ingénieur qui les a créés. Une moins bonne nouvelle pour Vincent, un autre ingénieur de Tetravaal qui veut vendre ses gros robots surarmés.

Deon et Chappie

Après cette bonne journée, Deon rentre chez lui pour travailler sur son projet secret : un robot intelligent et apprenant. Il parvient enfin à mettre au point son logiciel mais il a besoin d’un corps robotique pour l’implanter. La cheffe de Tetravaal refusant, il décide de voler des bouts de robot pour bricoler ça chez lui. Manque de bol, il se fait kidnapper en chemin par un des gangs de la fusillade qui veulent savoir comment désactiver les scouts. Découvrant les projets de Deon, ils l’exhortent à construire son robot intelligent et voici Chappie. Le souci, c’est que le gang dégage Deon et décident d’élever Chappie à leur façon. Entre l’amour d’une mère de substitution, la gentille Yolandi, et la violence de Ninja et Yankie qui veulent embarquer Chappie dans leur braquage, le robot va développer une personnalité… Pour le moins originale.

Chappie, le robot gangsta

Premier point à souligner : Chappie est un film qui va très vite. La durée de vie de Chappie est annoncée dès sa création. Sa batterie ayant fusionné avec sa carcasse suite à un tir de roquette, il s’éteindra dans cinq jours. Car à la base, Chappie est un test. Donc en cinq jours, on va avoir son apprentissage, quelques braquages et carjackings, Vincent qui fout la ville à feu et à sang pour vendre son énorme robot. Robot qui a quand même énormément de ressemblance avec le gros robot de Robocop. A ce niveau-là, je considère que Blomkamp savait qu’on associerait Chappie à Robocop. Donc il assume 100% le truc en utilisant ce robot là. Bref, c’est très dense. Du coup, on a l’impression que l’apprentissage de Chappie est fulgurant. Et que les sentiments qui se développent entre lui et Yolandi sont étonnamment puissants sur un si court laps de temps. 

Chappie et Yolandi

Cependant, le film, même s’il est mené tambour battant, pose quelques questions très intéressantes. La première est éthique. Est-on prêt à créer des robots autonomes et apprenants, sachant qu’ils pourraient tomber entre de mauvaises mains ? Chappie n’a pas de balance morale propre. Il refuse d’utiliser un revolver car Deon lui a intimé l’ordre de ne pas le faire. Chappie n’a pas l’intuition qu’il est mal de tuer. Il le pense car Deon lui a dit. Et quand Ninja et Yankie lui apprennent les ficelles de leur métier de voyou, il s’y applique sans discuter. On en revient un peu à Better than us où Harissa ne suit pas les règles traditionnelles de la robotique. On ne lui apprend pas à ne pas tuer d’humains. Donc elle le fait dans un pur geste défensif sans y voir un souci moral. La question éthique est également présente à travers le personnage de Vincent, bien décidé à vendre son robot alors que personne n’en veut. Car il ne faut pas oublier qu’à la base, les scouts ne sont que des produits vendus par une société qui est là pour faire de la tune. Et qui se vendrait au plus offrant sans hésitation. Il n’y a pas d’éthique et Vincent n’hésite pas à causer un énorme chaos pour son profit personnel. Ce qui n’est pas sans rappeler Robocop, une nouvelle fois.

Le gros robot tueur de Chappie

Autre question abordée dans le films : les sentiments du robot. Chappie a, grosso modo, deux figures parentales. Deon, son créateur et Yolandi, une membre du gang qui décide d’élever Chappie comme elle le ferait avec un chien. C’est elle qui utilise cette comparaison, pas moi. L’attachement profond que Chappie développe envers Yolandi dictera quelques uns de ses actes. A l’inverse, il est séparé dès sa “naissance” de son concepteur qui revient épisodiquement lui faire la morale. A un moment, Ninja explique à Chappie que son créateur lui a donné un corps défectueux et qu’il disparaîtra au bout de cinq jours, ce qui rend Chappie très en colère contre son créateur. Nous donnant ainsi une scène assez surréaliste où Chappie fait la tête à Deon et l’ignore délibérément alors que celui-ci lui parle. Comme un ado boudeur.

Chappie est content

Et évidemment, le coeur de l’histoire de Chappie, c’est la peur de la mort. Chappie ayant appris qu’il n’en avait que pour quelques jours, il cherche un moyen de se télécharger dans un autre corps. Il mettra au point un système de téléchargement de conscience qui peut également s’appliquer aux Humains. L’obsession de sauver sa conscience devient un véritable McGuffin pour Chappie… même si ce point passe assez vite, comme l’ensemble du film.

Chappie

Chappie est un film intéressant pour ses questionnements et partis-pris. Peut-être veut-il trop en dire ou en faire et on se retrouve avec beaucoup de choses dans un film limité par le temps et il faut faire preuve d’une certaine empathie pour comprendre les sentiments de Chappie. Et un peu de tolérance aussi avec le film qui nous pose direct Chappie comme ayant des attitudes très humaines alors que son logiciel vient de se lancer. Des algorithmes peuvent-ils agir par instinct, peuvent-ils ressentir la peur en première intention et prendre la décision d’aller se cacher ? Des algorithmes prennent-ils la peine de demander à la main du robot d’aller frotter sa tête en signe de confusion alors qu’il est seul ? Oui, on a ça aussi dans Wall-E par exemple mais Wall-E est un film d’animation avec un robot extraordinairement souple. Ca ne m’a pas troublé. Alors que les attitudes très humaines de Chappie qui vient juste d’être branché, j’ai plus de mal.

Chappie ,un robot très humain

Passons sur Vincent qui est un méchant très très méchant comme dans pas mal de films, on dira que c’est une convention. Chappie me trouble également par la participation du groupe Die Antwoord dans les rôles de Yolandi et Ninja, leur nom de scène respectif. Je suis troublée parce que dans le film, je ne sais pas si j’ai affaire à des personnages ou aux vrais artistes. Ca casse totalement l’immersion. D’autant que la bande-son est signée Die Antwoord et je reconnaissais la voix de Yolandi sur les morceaux, ce qui créait une sorte de distorsion. Et ce même si la musique était extradiégétique. Sans parler du fait qu’à un moment, Ninja porte un t-shirt Yolandi Vi$$er. Et leur personnage se comporte de façon assez étrange tout le long du film. Par ailleurs, les personnages, comme leurs interprètes, sont en couple mais à aucun moment dans le film, tu ne ressens ça, sauf pour un rebondissement. Ils n’ont aucun geste ou mot de tendresse l’un avec l’autre. Yolandi se comporte avec Ninja comme avec Yankie. Dans l’absolu, je comprends l’envie de Blomkamp de mettre en avant des artistes d’Afrique du Sud. Même si ceux-ci ont une réputation pour le moins sulfureuse. Mais les passages de guerres entre gang manquent totalement de réalisme avec des tenues improbables et des flingues fluos ou en or. Du coup, quand ces personnages sont blessés, on s’en fout un peu. Vu qu’on n’y croit pas.

Chappie et les gangsters

Bref, Chappie est un film assez étrange qui navigue entre scènes d’action bien musclées, de l’émotion et une touche d’humour. Un équilibre que je trouve globalement plus subtil que dans Elysium, par exemple. Même si le film n’est pas exempt de défauts, notamment un manque de caractérisation des personnages qui fait que tu as du mal à t’attacher à eux, je trouve ce film intéressant. Un très bon élève du genre de fiction à base de robot intelligent puisqu’il pose très clairement la question de ce qui fait l’humain, il donne sa propre définition de l’âme. De la conscience, comme il est dit dans le film. Certains trouveront ça premier degré mais je trouve les partis-pris intéressants. Je ne connaissais pas bien le synopsis donc je n’avais pas cette notion de robot gangsta et j’ai trouvé ce parti-pris rafraîchissant. 

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