R.U.R : quand les robots se révoltent

Les dystopies aiment se questionner sur l’intelligence des robots humanoïdes et leur capacité à prendre le pas sur l’Humain. Typiquement, c’est le pitch de Terminator. Parfois, les robots évoluent de façon à vouloir leur indépendance et même des droits. Mais d’autres fois, leur supériorité technique peut leur donner soif de pouvoir. Et c’est justement l’histoire que va nous narrer R.U.R, le soulèvement des robots. 

Une île où l’on construit des robots

L’histoire ! Sur une île déserte, une usine crée des robots à la volée. Etre humanoïdes identiques en tout point aux Humains, ils sont d’une servitude absolue et acceptent leur sort quel qu’il soit puisqu’ils n’ont pas conscience d’eux-mêmes et ne s’intéressent à rien. Helena, riche héritière, se fait inviter sur l’île afin de sauver les robots mais ceux-ci sont indifférents à sa cause. Déroutée par leur abnégation, elle finit par épouser Harry, le directeur de l’usine, qui rêve de produire toujours plus de robots pour libérer l’Humain du labeur. 

Des robots de plus en plus humains

Les années passent et Helena restent troublée par le sort des robots. Sympathisant avec le Docteur Gall qui travaille au processus de création, elle va le convaincre de leur donner une âme. Le docteur parvient à les rendre plus humains en leur injectant de la peur et de la douleur. Devenu plus conscients d’eux-mêmes, les robots réalisent qu’ils sont supérieurs à l’Humain et qu’ils haïssent l’Humanité. Ils décident donc de se révolter, prenant les occupants de l’île en otage tandis que le monde s’effondre.

La première histoire de robots

R.U.R n’est pas une énième histoire d’humanoïde décidant de se débarrasser de leurs créateurs, c’est l’oeuvre fondatrice de ce type d’histoire. Pièce de théâtre écrite par Karel Capek en 1920, c’est lui qui introduisit le mot robot. Le mot robot est dérivé du terme robota qui signifie corvée en tchèque. Donc le questionnement de l’humanité des robots n’est pas neuve.

Un scientifique se prenant pour Dieu

R.U.R raconte plusieurs histoires. Se jouant en trois actes, il nous narre l’histoire de la création de ces robots, la révolte et ce qui en découle. Le premier acte tourne autour de la visite d’Helena sur l’île. Résolue à libérer les robots, elle va découvrir qu’ils n’ont aucune envie de la suivre puisqu’ils sont juste serviles. Prêts à se faire disséquer si on leur demande. Tombé amoureux d’elle, le Président va lui raconter la création des robots avec force détail. Tout part de la volonté de Rossum, un scientifique, de créer un Humain parfait, de faire mieux que Dieu. On est dans la pure illustration de “la folie des hommes qui jouent à Dieu”, très classique dans ce type de dystopie. L’entreprise, R.U.R, reprend d’ailleurs le nom de Rossum : « Rossum Universal Robots ». Harry a de plus nobles ambitions. Ce qui finit par faire craquer Helena qui le repoussait de toutes ses forces.

Des robots devenus conscients

Dans le deuxième acte, on apprend que les robots ont été améliorés pour les rendre plus polyvalents mais ça a pour conséquence de les rendre plus intelligents et donc de prendre conscience d’eux-mêmes. Cependant, avant la révolte, on apprend que l’Humanité est devenue stérile, plus aucun enfant ne naît. La nourrice d’Helena, en bonne pieuse, décrète que Dieu a coupé la fertilité au Humains pour les punir d’avoir créé autant de robots, une masse vivante que la nature ne peut plus absorber. La révolte va d’ailleurs être massive et inarrêtable de par le nombre de robots, précisément. 

Un nouveau monde ?

Tout au long de la pièce, la question prégnante de ce qui fait l’Humanité transparaît, jusqu’à la fin de la pièce. Si vous voulez la lire/voir avant de savoir la fin, je vous invite à sauter au paragraphe suivant. La révolte réussit et tousles Humains sont éradiqués sauf un, celui qui construisait des statues colossales sur l’île. Les robots le gardent car ils pensent qu’il a le secret de fabrication des robots, ceux-ci se dégradant avec le temps. Alors que ce dernier Humain attend la mort, il découvre que deux robots sont tombés amoureux. Il décide alors de leur confier le monde et disparaît. Le monde apparatient désormais aux robots, devenus définitivement humains grâce à l’amour.

EN BD ou en pièce

J’ai découvert R.U.R via l’adaptation BD de Katerina Cupova au style assez intéressant et je recommande. R.U.R propose de nombreux thèmes qui nous sont désormais familiers et dont nous avons pu voir diverses variations. Alors si vous aimez ces fictions sur les humanoïdes qui deviennent plus humains que les humains… venez boire à la source !