Bionique, la dystopie popular teens

Dans un futur proche, les progrès de la robotique permettent de sauver Patricia, une adolescente accidentée qui devient bionique.

Les dystopies aiment se questionner sur l’essence humaine. Qu’est-ce qui fait l’Humain ? A partir de quel degré de développement peut-on considérer les robots comme des individus avec des droits ? Et à l’inverse, à quel moment un transhumain perd son identité humaine ? C’est tout le questionnement de Bionique, une BD de Koren Shadmi. Avec une bonne dose de lycée américain à base de reines de beautés, de populaires connards et de nerd peu considéré. 

Bionique de Koren Shadmi

La reine de beauté robotisée

L’histoire ! Au lycée, le nerd Victor est amoureux en secret de la belle Patricia, la fille la plus convoitée du bahut. Oubliant qu’il n’a aucune chance, il essaie de sympathiser avec elle et la suit jusqu’à la boutique d’animaux où elle travaille. Elle lui confie Watts, un petit chat accidenté dont les membres perdus ont été remplacés par du matériel bionique. Peu de temps après, Patricia est victime d’un grave accident de la route et n’est sauvé que par des implants bioniques. Devenue monstrueuse aux yeux de ses anciens amis, elle va se rapprocher de Victor, le seul qui l’accepte encore.

Bionique de Koren Shadmi

Miracle ou horreur ?

La BD suit le point de vue de Victor, nerd peu au fait de la psyché féminine et qui va se faire plutôt malmener par Patricia. Si en tout début d’histoire, la reine de beauté est plutôt une gentille fille, sa transformation physique va l’entraîner dans une spirale d’auto-destruction qui semble sans fin. Alors que la presse voit sa guérison comme un miracle, elle est totalement rejetée par ses anciennes amies qui la jugent monstrueuses. Les gars populaires continuent à lui tourner autour mais plus pour son nouveau côté déluré que par réelle attirance. 

Une transhumaine sexy

Une pub ambulante

Face à la nouvelle donne, Patricia oscille très régulièrement entre colère pour ce qu’on lui a fait et acceptation. Elle dépasse régulièrement les limites, notamment parce que son nouveau corps lui offre quelques nouveaux pouvoirs. Comme une force surhumaine qui colle assez mal avec une colère mal contrôlée… Elle vit également très mal le fait d’être le prototype vivant du travail que peut réaliser l’entreprise de son père, la même qui avait placé des prototypes sur Watts. Elle ira jusqu’à accuser son propre père d’avoir commandité son accident pour se faire de la publicité gratuite sur son dos, l’usine allant mal avant son accident.

Watts, le chat bionique

Une société automatisée

La société dans laquelle évolue les personnages s’automatise de plus en plus. On le découvre par petites touches via une boutique où quasiment tous les employés humains ont disparu au profil de robots et autres drones. Ah oui, il y a des drones, forcément… Les voitures et bus sont dotés de pilotages autonomes mais on peut également les piloter manuellement, apparemment. Les cours se passent sur tablette, y compris les examens. Mais Victor se déplace à vélo et les bullies en moto. Les prothèses bioniques semblent cependant une nouveauté puisque Patricia semble un miracle technologique et elle n’est pas prévue pour aller dans l’eau.

Quand ton corps change

Evidemment, il y a une métaphore derrière cette histoire et elle est assez simple à capter. Le lycée, l’âge difficile où le corps change et où la sensibilité est exarcerbée. Un microcosme où la différence est systématiquement un motif de rejet. Victor se fait bully parce qu’il aime l’informatique et les jeux vidéos. Patricia passe de la fille populaire à la paria car elle sort soudain de la norme. La métaphore pourrait être intéressante si ce n’était pas aussi…cliché. J’ai limite l’impression de regarder un film des années 90 type Heathers, Mean girls, voire le Breakfast Club. Oui, le lycée est un microcosme où chacun a une place bien établie qu’il est difficile de quitter mais vraiment, le côté des bullys en moto qui tamponnent le vélo du nerd juste pour l’embêter, la meilleure amie de Patricia qui devient la pire des garces à partir du moment où elle récupère la place de fille la plus jolie, Victor qui est maltraité parce que nerd. 

Une oeuvre immature

En fait, je trouve Bionique à l’image de ses personnages. Assez immature. Je trouve que les sujets abordés sont intéressants, notamment la question de l’identité d’un transhumain à moitié robot. Mais la BD s’attarde plus sur des histoires d’ados et l’amour de Victor pour Patricia que sur cette question. La société est futuriste par certains aspects mais on en sait finalement assez peu. La technologie de réparation par la robotique semble mature mais Patricia est la première à en bénéficier… Un peu bancal. Une BD qui se lit cependant facilement et qui boucle l’histoire en un volume malgré un cliffhanger de fin. Alors pourquoi pas ? 

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