Everything, le grand magasin fasciste

Everything est le grand magasin où vous pourrez tout trouver. Des aliments,des vêtements, des androïdes, de la manipulation mentale…

2023, j’avais dit que ce serait mon année BD. Et ça tombe plutôt bien, le 9e art nous régale en dystopie. Que ce soient des adaptations d’œuvres classiques ou de scénarios originaux, je me régale. Si les histoires que l’on me raconte ont souvent un cadre futuriste, j’en ai trouvé une qui raconte une histoire se déroulant dans les années 80. Dans un grand magasin où vous trouverez de tout. Le bien nommé Everything.

L’histoire. Dans la ville américaine de Holland, le magasin Everything ouvre ses portes ! Un gigantesque temple du consumérisme où l’on trouve de tout. Les habitants de Holland vont se prendre de passion pour le lieu. A deux ou trois exceptions près. Lori qui vient de se découvrir une tumeur au cerveau, Erb, le maire de la ville, en déliquescence totale, puis Rick, vendeur de matériel hi-fi, qui remarque que le grand magasin diffuse d’étranges ondes sonores.

En parallèle, on va suivre Shirley, directrice de Everything. Et clairement dessinée en s’inspirant de Gillian Anderson, période Scully. Aucune incidence sur le récit mais je tenais à le dire. Shirley semble très attachée à sa mission, rendre les gens heureux grâce à Everything. Cependant, elle ne semble pas toujours si convaincue de sa mission, se confiant à un petit robot ourson qui semble doué d’une certaine conscience. 

Shirley, la directrice d'Everything

Everything est vendu comme un croisement entre Twin peaks et the leftovers. Il faudra que je revoie Leftovers, alors… Je ne vais pas m’attarder sur l’étrangeté de l’univers pour le moment car ça n’a rien de dystopique en soi. Par contre, je vais m’intéresser à deux grands thèmes que l’on a déjà croisé dans d’autres ouvrages : le bonheur par le consumérisme et des androïdes intelligents. Oui, y a encore des androïdes intelligents, quand je vous dis que c’est l’une des obsessions de ces derniers temps. Alors que dans la vraie vie, les intelligences artificielles sont… mmm.

Un ourson intelligent

Everything étant un grand magasin, la question du consumérisme est logiquement présente dans l’oeuvre. Tout au long de la bd, on a droit ponctuellement à des flyers thématiques présentant différents produits, glissant peu à peu vers l’absurde. La plupart des dialogues du personnel d’Everything va tourner autour du bonheur qu’ils doivent procurer à leurs clients. Une véritable mission dont on découvrira l’origine dans la BD et que je ne révélerai pas ici. Néanmoins, Everything va installer en quelques jours à peine un véritable système dans la ville avec ses véritables fidèles. Au point que certains oublient leur vie hors du centre commercial. La consommation est la clé du bonheur, une idée qu’on avait déjà pas mal dans Happycratie.

Everything, le temple du consumérisme

Comme tout système qui endort ses membres en leur offrant plaisir et confort, quelques figures de résistance vont émerger. C’est le cas ici même si aucun personnage ne s’inscrit dans un anticonsumérisme ou anti-système. Ils sont plutôt marginalisés par des phénomènes inexpliqués qui les rendent malades. Ils vont cependant s’unir pour essayer de faire tomber le système.

Une fausse pub pout Everything

Autre point ,donc, les intelligences artificielles qui commencent à penser par elles-mêmes. Ca explique parfois la bizarrerie des personnages ou des dialogues, des dissonances cognitives entre ce qu’ils sont censés faire et ce qu’ils sentent devoir faire. Une situation somme toute classique de toute dystopie proposant une réflexion sur le sujet.

Everything, un roman graphique

Alors Everything, est-ce que je recommande ? Je suis un peu dubitative. J’ai aimé les dessins, les fausses pubs, l’idée générale. Mais l’explication majeure du pourquoi du comment casse un peu la critique du consumérisme à outrance et manque un peu de subtilité. La métaphore du système capitaliste qui laisse de côté les malades, les marginaux, est intéressante même si elle manque un poil de finesse. Le côté ”bizarre” annoncé en préambule m’a d’abord un peu saoulée. Surtout qu’on me jette au visage des tas de personnages que j’ai eu un peu de mal à identifier. Mais reste quelques thèmes intéressants, des scènes touchantes, des fulgurances. J’aurais aimé voir certains thèmes plus creusés mais peut-être que le format BD ne permet pas d’aller trop loin de par le nombre de pages limité.

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