In this image released by Paramount Pictures, Matt Damon appears in a scene from "Downsizing." (Paramount Pictures via AP)

Downsizing, quand la technologie essaie de sauver l’humanité

Pour sauver l’humanité, des chercheurs norvégiens ont mis au point le downsizing, la miniaturisation des Humains. Une comédie assez grinçante.

Depuis quelques années, les dystopies aiment nous nous titiller sur l’extinction prochaine de l’humanité. Par le manque d’eau, la pollution et le réchauffement climatique, les maladies… La planète Terre est de plus en plus souvent perçue comme inhabitable dans un futur plus ou moins proche. Alors si certains auteurs et autrices essaient de faire vivre l’humanité ailleurs, d’autres imaginent une solution presque magique au cataclysme annoncé. Parfois, le remède se révèle bien pire que le mal. Et puis, dans Downsizing, on tente de modifier drastiquement l’humain.

Downsizing

Miniaturiser les Humains pour sauver la planète

L’histoire. Dans un futur proche, une équipe de scientifiques suédois découvre un procédé, le Downsizing, permettant de miniaturiser l’humain jusqu’à ce qu’il atteigne une douzaine de centimètres. Du coup, leurs besoins en nourriture, énergies et leurs déchets sont réduits d’autant. 

Downsizing, sauver l'humanité en la miniaturisant

Troquer la galère pour le luxe

Quelques temps plus tard, on découvre Paul Safranek et son épouse Audrey, un couple de la middle class américaine qui galère pas mal. Lors d’une réunion des anciens du lycée, ils croisent Dave et son épouse qui se sont miniaturisés. Paul y voit la fin de ses tracas puisque pour encourager les Humains à franchir le pas, on leur offre une grosse somme d’argent. Histoire de les aider à s’installer dans une Mini-ville. 

La miniaturisation des Humains

Une société qui s’adapte

Le film va d’abord s’attacher à nous montrer la société des « normal size » qui s’adapte petit à petit à côtoyer les petits. Ceux-ci ont des espaces aménagés dans les trains, les avions, c’est assez adorable, pour tout dire. On découvre leur ville, protégées des insectes par des filets. Alors pourquoi pas mais je vais juste rappeler que les mini humains font douze centimètres soit sont un peu plus grands qu’un Playmobil. Ils vont pas se faire écraser par des fourmis non plus. 

Des min-Humains dans le bus

Un show télé-shopping pour convaincre

On assiste aux réunions d’information, véritable shows pour vous convaincre de sauter le pas. Qui n’étaient pas sans me rappeler les présentations des “appartements partagés” en vogue dans les 90s. Paul est emballé, Audrey un peu plus suspicieuse. On comprend assez facilement que le downsizing est loin d’avoir touché une majorité de gens. Certains se plaignent que leurs voisins se sont miniaturisés et le quartier a perdu de la valeur puisque leur maison est inoccupée. Et on commence à toucher là quelques incohérences du film. Le processus de downsizing est irréversible, c’est clairement explicité dans le film. Alors pourquoi des individus gardent un maison dont ils ne feront jamais plus rien ? Un logement les attend dans une des mini-villes donc ? 

Downsizing, un film à guests

Quelques incohérences néanmoins

Le film contient pas mal de petites incohérences du genre. Par exemple, on nous explique que seul l’organique peut être miniaturisé donc tous les porteurs de prothèses ne peuvent être miniaturisés. Ok. Mais quand Paul et Audrey partent se faire miniaturiser, il faut leur raser les cheveux et sourcils ainsi que leur arracher les dents. De nouvelles dents seront réimplantées une fois l’individu rapetissé. Ok bah quitte à refaire le dentier à quelqu’un, vous pouvez pas lui mettre les prothèses dont il aurait besoin ? Et puis les dents et les cheveux, c’est pas organique ? Mais les ongles, c’est ok ? 

Downsizing, Matt Damon chauve

Une organisation sociale confuse

Une fois Paul rapetissé, on part sur la deuxième partie de l’histoire avec les gens de Mini-ville. On découvre notamment des problèmes d’immigration clandestine puisque certains miniaturisés voyagent dans des boîtes en carton. Paul se retrouve avec un job d’assistant téléphonique puis devient ami avec une femme de ménage clandestine. Et là, je commence vraiment à pédaler avec les règles de l’univers. Le process de miniaturisation est plus que complexe comme expliqué précédemment mais il y a des clandestins et des gens pauvres relégués aux bas quartiers de la Mini-ville ? J’ai un peu de mal à comprendre l’organisation sociale de Mini-Ville présenté comme une juste récompense pour ceux prêts à se sacrifier pour la Planète… Enfin, se sacrifier : être grassement récompensé pour avoir consenti à une opération chirurgicale dont ils se remettent très rapidement.

Ah oui, le film a quand même pas mal titillé ma passion diorama

Une critique du American way of life

Plus qu’une fausse utopie, Downsizing me paraît plus être une critique du pseudo way of life américain. Sous couvert de sauver la planète, les promoteurs de Mini-Ville mettent surtout en avant l’abondance qu’elle propose : “regardez ma belle maison et ma belle rivière de diamant qui ne m’a rien coûté vu que je suis minuscule”. Si Mini-Ville contient effectivement son lot de gros noceurs bien friqués, elle reproduit in fine la structure sociale de n’importe quelle ville américaine. Avec ceux d’en haut, la middle class et les laissés pour compte. Ces invisibles qui viennent remettre un appart en état après une grosse fiesta. Paul était issu de la middle class moins en tant qu’humain normal size, sa vie ne s’améliore pas vraiment une fois miniaturisé. 

Ngoc dans Downsizing

Fin de fable en Norvège

Enfin, la troisième partie nous amène au berceau du Downsizing, dans une communauté norvégienne qui n’a pas cédé aux sirènes du capitalisme et qui est prête pour l’après-effondrement puisqu’à terme, malgré les efforts, l’humanité ne pourra être sauvé. Le downsizing n’a pas été suffisant. Ainsi, plus qu’une dystopie ou, plutôt, une fausse utopie, Downsizing met en scène les élans mortifères d’une humanité peu prompte au sacrifice pour permettre à tous de survivre. Chaque effort demandé doit être l’objet d’une récompense, d’un storytelling valorisant. Et malgré tout, on comprend que peu se sont finalement décidés. La vraie dystopie, elle est là : personne ne fera d’effort pour rétablir la situation s’il n’y gagne pas quelque chose. Et niveau futur cauchemardesque, on fera difficilement pire.

Downsizing, le village norvégien

Un petit film sympa pour les dimanches pluvieux

Bref, Downsizing est une fable intéressante malgré quelques incohérences et un sujet qui aurait peut-être mérité d’être un peu plus creusé. N’en reste pas moins une comédie plutôt sympa, un peu grinçante et agréable à regarder. Pas un incontournable mais ça ira bien avec un petit chocolat chaud un dimanche pluvieux d’automne. 

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