Dès la bande-annonce, je l’ai pressenti. Don’t worry Darling est une dystopie de type fausse utopie. Avec une vie trop sirupeuse pour ne pas masquer un petit vice quelque part. Et j’avais raison. Nous allons nous pencher sur la petite communauté de Victory, sans trop en dévoiler cependant. Car ce film mérite d’être vu car tout est très bien dosé, notamment au niveau des plot twists et les acteurs sont vraiment pas mal. Notamment la majestueuse Florence Pugh. Allez, enfilez vos petits tabliers, on part pour les Etats-Unis des années 50 ou 60.
Une communauté au coeur du désert
La vie est douce à Victory, une petite communauté bourgeoise implantée au coeur d’un désert. Tous les matins, le même rituel : les hommes se rendent à la base de Victory pour travailler sur un projet secret tandis que les femmes vaquent à leurs occupations de desperate housewives. En gros cuisine, ménage et shopping. Ou cours de danse avec Shelley, la femme de Frank, probable PDG-fondateur de Victory. Alice coule des jours parfaitement heureux avec Jack, son époux. Un couple amoureux qui passe son temps à se grimper dessus. Cependant, cette jolie mélodie commence à dérailler le jour où Alice remarque que sa voisine Margaret est en train de perdre la raison et lui parle de cauchemars et de visions qu’elle a, parfois. Or Alice aussi a des souvenirs un peu étranges. Puis commencent à venir les hallucinations…
Perdre pied avec la réalité
Le récit est somme toute typique des fausses utopies. Au début tout est beau et rose. Mais très vite, tu perçois le côté carton-pâte des décors féériques dans lesquels tu évolues. Le malaise d’Alice grandit au fur et à mesure de son questionnement et de ses hallucinations assez étranges. Le point culminant étant le suicide de Margaret sous ses yeux… Mais elle sera embarquée par des hommes en rouge et mise sous sédatif. La différence entre réalité et hallucination devient de plus en plus dur à percevoir autant pour Alice que pour nous. Mais on sent un malaise grandir. Le suicide de Margaret semble devenir tabou, tout le monde assurant à Alice que, non, sa voisine n’est pas morte. Mais c’est surtout la personnalité de Frank qui commence à angoisser.
Le gourou du désert
Frank, parlons en. Sa fonction est assez peu claire mais on comprend rapidement qu’il s’agit d’une personnalité importante à Victory et qu’il faut le séduire à tout prix. Au début du film, d’ailleurs, on apprend qu’il y a une party chez lui et Alice est en panique quand Jack lui explique qu’elle ne peut pas ramener de rillettes de thon à la fête car Frank n’aime pas ça. La venue de Frank chez Jack et Alice pour un dîner est également un réel événement. Sans parler de la soirée où il refile une promotion à Jack dans une scène de danse particulièrement étrange. Bref, Frank fait la pluie et le beau temps à Victory. Tous semblent en être absolument fans sauf Alice qui semble mal à l’aise en sa présence. Il est la personnification du pouvoir, le gourou de la communauté.
Une vie à Disneyland
Car il n’existe aucune instance dirigeante démocratique à Victory. La vie s’écoule sans que la direction de la communauté ne soit un sujet de conversation. Les rues sont toujours très propres, les transports en commun fonctionnels avec un adorable tram qui ne ferait pas tache à Disneyland. Tout est mignon et propret et il n’y a pas de question de politique ni même d’argent. Toutes les possessions des familles de Victory sortent à priori d’un catalogue comme le précise Pegg, une autre desperate housewife, invitée chez Alice, remarquant que sa maison est meublée grâce au catalogue. Seul l’avis de Frank fait loi. D’ailleurs, lors de la party chez lui, Margaret fait un esclandre, semblant condamner son pauvre mari à être exclu à plus ou moins brève échéance. D’ailleurs, après le suicide de Margaret, on apprend que son mari et elle ont quitté la communauté.
Interdit de sortir de la zone
Mais le vrai point typique des fausses utopies, c’est le manque de liberté. Suite à un événement, Alice va sortir de sa zone autorisée, tout comme Margaret avant elle, et va sombrer peu à peu dans des hallucinations et angoisses. Lors du grand raout à la gloire de Jack, elle fait une crise et en parle à son amie Bunny qui la rejette car elle a rompu la seule règle imposée à Victory : il ne faut pas sortir de la zone et ne pas s’approcher du QG où les hommes font des choses bien mystérieuses. Le dernier ingrédient de la fausse utopie se met en place : la communauté évolue en vase clos et le bonheur n’est accordé qu’à condition de jouer parfaitement le jeu, chacun devant rester à sa place. Dès qu’une personne s’éloigne un tant soit peu du chemin tracé, aka les jolies rues de Victory, il est puni. Comme Margaret puis Alice.
Encore plus dystopique…
Ceux qui ont vu le film me diront qu’il manque un dernier ingrédient résolument dystopique mais comme il apparaît assez loin dans le film, je n’en parlerai pas. Parce que j’ai vraiment aimé Don’t worry Darling et que je ne veux gâcher le plaisir des futurs spectateurs. Et surtout que j’ai aimé cette dimension fausse utopie dans une petite communauté très proprette où tous semblent tutoyer le bonheur. Et j’ai vraiment envie de creuser un peu cette piste des fausses utopies communautaires donc si vous avez des recommandations à me faire de films, livres, séries, etc. du genre que je n’ai pas encore traitées, n’hésitez pas !
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