Eternal sunshine of a spotless mind, la fausse utopie de l’amnésie

Une technologie qui efface les tristes souvenirs, c’est la promesse de Eternal sunshine of the spotless mind. Et évidemment, y a un loup.

Bonne année ! Tous mes voeux pour 2023. Amour, bonheur, santé… et bonnes dystopies bien sûr ! Pour célébrer cette nouvelle année, j’ai cherché une dystopie relative au changement, au nouveau départ. Et il y a ce film dont je devais parler depuis longtemps? Celui où les personnages choisissent d’effacer des souvenirs douloureux pour repartir sur un bon pied. Parfait ! Donc aujourd’hui, on part sur Eternal sunshine of the spotless mind !

Une triste histoire d’amour

L’histoire ! Joel et Clementine ont été fous amoureux l’un de l’autre mais leur relation touche à sa fin. Joel, miné par la situation, va voir Clementine sur son lieu de travail mais celle-ci s’adresse à lui comme à un parfait étranger. Il découvre alors la société Lacuna qui propose d’effacer les souvenirs douloureux. Procédé utilisé par Clementine pour oublier sa relation avec Joel. Désespéré, il va opter pour la même opération. Mais alors que le process commence, Joel veut finalement faire marche arrière.

La machine à effacer les souvenirs

Les histoires d’amour finissent mal…

Une fausse utopie en guise de comédie romantique, pourquoi pas ! Car de prime abord, Eternal Sunshine of the spotless mind est une formidable histoire d’amour entre Joel et Clementine. Même si les belles histoires ont parfois une fin. Et c’est à peu près le déroulé du film puisqu’au fur et à mesure de l’effacement de ses souvenirs, Joel remonte vers les beaux moments partagés avec Clementine. Le propos est là, d’ailleurs : malgré une fin triste,  ne jetez pas bébé avec l’eau du bain. J’adore cette expression. Les histoires d’amour finissent mal en général mais souvent, les débuts offrent de doux moments. Comme la scène sur le lac gelé, incroyablement romantique. 

Une promesse technologique

Mais ce qui m’intéresse, ce n’est pas tant l’histoire d’amour que la question de la technologie à la promesse faussement utopique. On n’est pas loin d’un Total Recall qui, pour quelques dollars, vous permet de vous échapper d’une vie plate pour vivre une folle aventure. D’ailleurs, j’en profite pour vous renvoyer vers la vidéo de La théorie de Graham sur le sujet qui explore l’hypothèse d’une vraie aventure sur Mars vs une expérience onirique de Quaid. Dans Eternal Sunshine of the spotless mind, la promesse est cependant inverse. On vous propose de retourner à une vie plus calme en oubliant les souvenirs devenus douloureux.

Clementine et Joel dans Eternal Sunshine of the Spotless mind

Méfie-toi de celui à qui tu confies ton cerveau

Evidemment, il y a un loup. Les fausses utopies ne parlent pas d’une technologie pour en dire du bien mais pour en prévenir le danger. Ici, le danger est double. D’abord, le plus évident, dévoilé en cours de film : les praticiens. Patrick tombe amoureux de Clementine et profite de l’opération pour devenir l’objet de son amour. De la même façon, Mary, l’infirmière qui semble frivole, se rappelle soudain avoir eu une liaison avec le Professeur Mierzwak, l’inventeur de la technologie. Mais sa mémoire avait été effacée. Une belle technologie d’abuseur en somme. Au-delà du côté abusif, on en revient à la question de la maîtrise d’une technologie et du pouvoir qu’elle confère. A qui fait-on confiance pour nous aider via la technologie ? Après tout,on laisse bien nos smartphones diffuser beaucoup d’informations sur nous aux annonceurs et régies pub en ayant donné un consentement peu éclairé, par exemple…

Eternal sunshine of the spotless mind : Mary et le Pr. Mierzwak

Etre humain sans jamais avoir souffert ?

Autre sujet assez classique des dystopie : qu’est-ce qu’être humain ? Quand Joel essaie de protéger les souvenirs de Clementine, il les cache dans son enfance, dans la période qui fonde sa personnalité. Que deviennent Joel et Clementine si on les ampute du souvenir de l’autre ? Le comportement un peu hiératique de Mary, l’infirmière qui a oublié avoir subi cette opération semble aller en ce sens. Toute la fin également. L’histoire de Joel et Clementine comporte de beaux moments mais ils ne sont pas faits pour être ensemble et leur histoire est vouée à l’échec. Cependant, ils réalisent qu’ils ne veulent pas renoncer à leur amour. Parce que ça fait partie d’eux, ça les fait grandir. Ce qui ne te tue pas te rend plus fort. On en revient aux fausses utopies de type Un bonheur insoutenable ou Le passeur où les émotions humaines sont jugulées pour une société apaisée. Etre humain, est-ce possible sans les passions ? Vous avez quatre heures.

Une fausse utopie tout à fait rigoureuse

Bref, Gondry propose une nouvelle fois un film un peu compliqué à suivre parfois, les cheveux de Clementine servant de marqueur temporel. Une histoire qui flirte entre réel et imaginaire qui brouille la ligne entre les deux. On peut ne pas être touché par l’histoire d’amour qui nous est raconté mais reste que Eternal Sunshine of the Spotless Mind est une fausse utopie somme toute classique qui fait poser des questions sur les supposés bienfaits d’une technologie qui nous aseptiserait toujours plus. Et comme en France, le nouvel an est bien chaud, c’est aussi une façon pour moi de mettre un peu de neige sur ce 1er janvier. Et encore bonne année !

1 thought on “Eternal sunshine of a spotless mind, la fausse utopie de l’amnésie

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *