Brazil, la dystopie de Noël

Dans une société extrêmement bureaucratisé, un citoyen lambda entre en dissidence un peu malgré lui. Bienvenue dans l’univers de Brazil

Ohohoh, joyeux Noël ! Parfois, j’essaie de thématiser un peu ma ligne éditoriale et j’ai réfléchi. Quelle dystopie pourrait le mieux illustrer Noël ? Mais bien sûr ! La dystopie qui se déroule précisément à ce moment-là de l’année et que je devais traiter depuis un bail : Brazil ! Doublement d’actualité même puisque son univers graphique assez décalé me paraît être un excellent film à mater en famille durant la trêve hivernale. Allez, aujourd’hui, c’est film culte, c’est Brazil.

Brazil, un film de Noël

Une erreur administrative en effet papillon

L’histoire ! Archibald Butter est un citoyen sans histoire. Mais suite à une bête erreur administrative, il est violemment arrêté. Et il meurt lors d’un interrogatoire très musclé. Sam Lowry, petit bureaucrate sans grande ambition, doit donc enquêter sur cette erreur. D’une petite vie rangée dans laquelle seuls ses rêves lui permettent de s’évader, Lowry va se frotter à un système absurdement répressif. Il va petit à petit le considérer comme dissident. 

Brazil, une super voiture

Une œuvre foutraque

Résumer Brazil se révèle assez compliqué car il s’agit d’une œuvre assez foutraque, entre dystopie rétro-futuriste et onirisme. Visuellement, on a affaire à un univers très riche et imaginatif. Un peu dans le style de Jeunet, surtout la cité des enfants perdus. Les références et clins d’oeil sont nombreuses dans le film. Evidemment, il y a du Métropolis, la dystopie autoritaro-urbaine par excellence. Un peu de Cuirassé Potemkine avec une énième reprise de la scène de l’escalier. Les influences sont nombreuses et assumées, un petit bijou pour cinéphiles.

Brazil, une architecture brutaliste

Un univers hautement bureaucratique

Brazil est une dystopie de type autoritaire. Evidemment, l’aspect bureaucratique et absurde avec un Ministère de l’information qui grouille de centaines d’agents évoque sans aucune ambiguïté possible 1984. D’ailleurs, le héros a à peu près la même couleur. Un fonctionnaire peu heureux qui vit sa petite routine sans passion et qui va basculer en résistance grâce à une femme. Même si, dans Brazil, Lowry semble totalement subir les événements. Son basculement en résistance a l’air de se faire sans sa réelle participation. Il n’a pas l’air de particulièrement questionner le monde dans lequel il évolue même s’il semble le subir totalement.

Brazil et l'absurdité administrative

Un univers froid et inhumain

Cette indifférence vis-à-vis de ce qui l’entoure est un trait assez fort en début de film. Elle frappe tous ceux qui sont parfaitement assimilés par le système. Notamment la scène hallucinante du restaurant avec sa mère. Alors que le restaurant est frappé par un attentat, Sam, sa mère et les deux femmes les accompagnant restent totalement impassibles, se plaignant même de l’événement comme d’une gêne. De la même façon, la mort de Buttle n’est perçue que comme un embarras administratif pour les bureaucrates. Toute la séquence sur Buttle oppose un Etat froid et inhumain et à des citoyens déjà maltraités par la société et qui assistent, impuissants, à une injustice violente et déconcertante. Alors que Mme Buttle est prostrée sur son canapé, essayant comme elle peut de protéger ses enfants, seule sa voisine du dessus lui demande à travers le trou du plancher si elle va bien. Chaque intervention d’agents de l’Etat, peu importe leur fonction, se fait à travers des scènes absurdes où chacun se raccroche au règlement. Indépendamment de la situation et des Humains en face.

Un attentat au restaurant

On a vite fait de se retrouver dissident

Evidemment, qui dit société ultra-autoritaire dit résistance ! Ici, la ville est régulièrement secouée par des attentats à la bombe. On ne sait pas grand chose finalement de ces groupes dissidents. On ne croisera guère que Tuttle, celui qui aurait dû être arrêté à la place de Buttle. Tuttle qui a décidé de tout plaquer parce qu’il en avait assez de la paperasse fastidieuse. Ah oui, une phobie administrative de niveau 100. Tout au long du film, on va découvrir que ceux qui sont identifiés comme terroristes n’ont pas fait grand chose pour mériter ça. Notamment Jill, la love interest de Lowry, classifiée comme telle car elle a voulu dénoncer l’arrestation abusive de Buttle aux autorités (in)compétentes. En somme toute personne sortant un tant soit peu du cadre est considéré comme dissident par cette bureaucratie absurde. D’ailleurs, la résistance dure de Lowry n’aura lieu que dans des bulles oniriques. Le seul moyen à sa disposition de s’échapper de son quotidien ronflant.

Le délire visuel de Brazil

Une société rigide à l’extrême

Bref, si la question de la fracture sociale est légère, à peine esquissée à travers le personnage d’Ida, le film n’est finalement qu’une dystopie métro-boulot-dodo poussée à l’absurde. Le personnage de Lowry est perçu comme dissident car il refuse de suivre le chemin tracé pour lui par la société. Et quand je dis refuse, on est vraiment sur des réactions de ras-le-bol à la marge, rien de bien tonitruant. Gilliam nous dépeint une société intrinsèquement violente et corsetée dans une technologie pas toujours bien maîtrisée par ses agents. Le moindre effet papillon peut avoir des conséquences terribles. Même sur des citoyens sans histoire comme Buttle ou Lowry. Une société tellement corsetée dans ses règles que plus rien n’a de sens Mais tout le monde poursuit ce petit jeu. Un message pas très optimiste pour Noël… Ohohoh.

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