Outresable, la dystopie pleine de dunes

Après Silo, Hugh Howey imagine un monde recouvert de sable. C’est Outresable et c’est un roman d’aventures exaltant, même si…

Un article tout à fait de saison. Parmi les dystopies que j’ai traitées sur ce blog, il y a une trilogie que je recommande avec enthousiasme, c’est Silo. C’est facile à lire, il y a des manigances, des complots d’Etat, de la manipulation de masse, une société réorganisée, une volonté de résistance… Donc quand Hugh Howey, son auteur, sort une nouvelle dystopie, Outresable, ça part directement dans le panier ! Et pour le coup, on va découvrir une ambiance radicalement différente. On quitte un univers huis-clos pour un désert qui s’étend à perte de vue.

Outresable de Hugh Howey

Le sable devenu omniprésent

Dans un futur indistinct, le sable a recouvert les Etats-Unis. Des villes se sont bâties dans ces paysages mouvants, se reconstruisant strate après strate, au fur et à mesure que le sable envahit les bas étages. On va suivre une famille de plongeurs des sables. Car oui, l’Humain s’adaptant, il va dompter le sable comme il dompte l’eau. En navigant dessus avec des bateaux et en plongeant dans les dunes grâce à des impulsions électriques remuant le sable. 

In the desert

Plongée sur un lieu mythique

Le roman commence avec Palmer, le second enfant de la fratrie, qui part plonger pour retrouver les ruines de Danvar, une ville mythique avalée par le sable des siècles plus tôt. Si son acolyte et lui découvrent enfin la ville à des centaines de mètres de profondeur, l’excursion n’est pas de tout repos et Palmer est porté disparu. Sa grande soeur Vic, la meilleure plongeuse connue et son frère Conner vont commencer à s’inquiéter pour lui. D’autant que la rumeur enfle : on a retrouvé Danvar.

Outresable, plongée dans le sable

Une survie contre le sable

Cette dystopie est typique du fameux “et si” sur lequel un auteur va broder son univers. Et si les Etats-Unis étaient recouverts par des kilotonnes de sable, comment la vie se réorganiserait ? Pour le coup, Howey propose toujours un travail impeccable concernant l’organisation des sociétés qu’il nous propose. Si dans Silo, l’organisation était très précise, dans Outresable, on est plus dans des communautés qui vivotent comme elles peuvent. Pas de règles vraiment spécifiques mais une cohérence quant à la catastrophe que représente le sable et la paupérisation des populations survivantes, de plus en plus privées de tout. Le seul salut vient des plongeurs qui ramènent du bric et du broc de l’ancien temps pour permettre de bricoler quelques gadgets. Mais cet univers a quelque chose des Shadoks : on essaie de lutter contre le sable en creusant des puits mais celui-ci continue à avancer, inexorablement.

Un monde ensablé

Je ne comprends pas comment ils survivent

Et on va assez vite atteindre les limites de ce roman. Si l’univers proposé est cohérent et intéressant, les épopées des personnages ne proposent pas particulièrement d’enjeu. On sait qu’il existe une communauté d’esclavagistes à l’Est et… c’est à peu près tout. Il y a de fortes rivalités entre différentes communautés mais je n’ai pas réellement compris pourquoi. Il n’y a déjà plus rien… Et puis surtout, comment ces communautés peuvent-elles être encore dépendantes d’objets du quotidien de leurs ancêtres ? Toute l’intrigue autour de Danvar permet de mesurer la catastrophe. Le sommet du plus haut building est situé à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Même si, plus loin, Vic arrive à trouver pas mal de petits trésors moins profond que ça, ce système de survie n’est pas viable. Je comprendrais si la catastrophe était récente mais là… 

Un désert sans vie

Un bon récit d’aventure !

Outresable fonctionne car Howey nous bâtit un récit d’aventure avec des ingrédients plutôt appétissants. La découverte d’un temple oublié (le building de Danvar) avec ses vieux artéfacts genre une cafetière. L’évasion avec un paysage désertique traversé sur des voiliers qui filent à pleine vitesse. Des tensions avec une course contre la montre, un plot twist bien vu et un univers très western avec un bordel rempli à rabord de pirates. Y a même une promesse d’un monde plus clément à l’ouest. Bref, une dystopie western.

Une dune à Corfou

Mais du coup, pourquoi… ?

Et pourtant, je ne me suis pas sentie plus emballée que ça. Essentiellement parce que je me suis sentie plus intéressée par ce qu’il se passe à l’Est ou à l’Ouest et pas tant au milieu, là où se passe l’action. Mais surtout, je n’ai pas bien compris la motivation des grands méchants. On me parle de guerres et d’attaques mais pourquoi ? L’un des grands événements du roman semble indiquer que ce n’est pas pour piller les ressources. Enfin le peu qu’il reste. Alors… ? 

Désert

Une lecture parfaite pour la plage

Bref, Outresable reste un roman agréable à lire. Je l’ai lu cet été, étalé sur la plage et je pense que je pouvais difficilement trouver meilleur contexte. Donc pour une lecture de vacances, c’est parfait. Tout comme Silo d’ailleurs, Hawley a un bon tempo d’écriture et on a du mal à lâcher le roman. Je le conseille, oui, mais si vous êtes sensibles à la cohérence de l’univers, ça risque de vous frustrer. 

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