Exodes : quand l’humanité s’approche de la fin

Dans un futur pas si loin, la Terre est ravagée par le réchauffement climatique. Dans Exodes, l’humanité approche de la fin

Les dernières heures de l’Humanité est toujours un sujet qui excite l’imagination des auteurs et cinéastes. Quand le monde s’est effondré et que l’Humanité se résume à quelques individus survivant ça et là dans de petites communautés aux abois, qu’est-ce qu’il pourrait se passer ? De l’émergence de communautés survivalistes sans foi ni loi ou l’ultime tentative de recréer une Humanité meilleure ? Exodes nous propose un petit digest d’une Europe ravagée à travers plusieurs personnages dont les destins vont plus ou moins se croiser. 

Exodes de jean-Marc Ligny

Une terre ravagée par le réchauffement climatique

Le réchauffement climatique a dévasté la Terre et détruit les ressources. La maladie attaque les quelques survivants. Mais au milieu de ce chaos survivent quelques cités-dôme, protégées de l’extérieur et bénéficiant de tout le confort. Dans la cité-dôme de Davos, on suit Pradeesh, scientifique travaillant sur un procédé transhumaniste permettant de créer des surhommes. Sa fille s’abîme dans le sexe et les drogues car elle est persuadée que ses amis et elle sont la dernière génération à naître en ce monde. En parallèle, on va suivre les pérégrination de Paula et ses deux fils à Milan, Mercedes la Sévillane et son fils Fernando, Melanie qui vit en marge dans une forêt française et Olaf et son épouse, des Norvégiens qui cherchent un nouvel Eldorado. Des destins qui vont avancer inexorablement vers une croisée des destins.

Une terre asséchée

Un monde totalement absurde

Chaque point de vue va nous permettre de mesurer l’absurdité de cette humanité déclinante. On va d’abord avoir le sujet de la maladie avec Paula et ses fils. Elle est rongée par un mélanome, son fils est atteint d’une violente toux qui a tué son mari. Paula s’accroche cependant. Elle a entendu parler d’un dôme à Milan et marche depuis Venise dans l’espoir de sauver son fils. L’espoir, c’est également ce qui anime Olaf et sa femme qui décident de quitter leur petit village norvégien en proie à toutes les violences avec deux clans qui s’affrontent : les Norvégiens pur jus et ceux qui ont émigré dans le Nord en espérant un peu de fraîcheur. C’est également l’espoir qui va guider Mercedes hors de Séville, persuadée d’être guidée par Dieu.

Jésus te guide

Des groupes sans pitié

Face à ces personnages plein d’espoir, la réalité est assez effroyable. Mélanie qui s’applique à recueillir tous les animaux blessés qui errent près de chez elle va mourir de par sa générosité. Olaf va découvrir la cruauté de la nature devenue folle après avoir réalisé que le Danemark avait disparu sous les eaux. Mais évidemment, le plus grand péril, ce sont les Humains. Nos protagonistes en pérégrination vont craindre grosso modo deux groupes de survivants très énervés : les cannibales mais surtout les Boutefeux, sorte de groupe errants de gros camés qui brûlent et pillent toutes les villes qu’ils croisent car l’Humanité ne mérite pas de survivre selon eux.

Une torche de pyromane

Les riches cyniques

Parallèlement à toute cette misère extérieure, la vie dans le dôme paraît encore absurde, notamment sur la partie transhumanisme. L’humanité est en train de mourir mais quelques privilégiés essaient de prolonger leur vie, vaincre la mort à tout prix. Une plutôt bonne métaphore de ce qu’il pourrait se passer en cas de fort réchauffement climatique : les plus aisés dans leurs bunkers climatisés pendant que le reste de l’humanité est sur le point de crever. Cynique mais pas irréaliste. 

Une ville sous le dôme

La vie à tout prix

La force d’Exodes est donc d’illustrer la vie à tout prix, comment les Humains refusent l’inéluctable et s’accrochent à la moindre parcelle d’espoir. Ou essaient de tirer profit de la pire des situations en volant, abusant, pillant. Cet espoir paraît d’autant plus éclatant que du côté des privilégiés, les ados se suicident à petit feu car à quoi bon vivre dans ce monde en déroute. Ce roman explore de façon assez réaliste les conséquences d’un réchauffement climatique avec la montée des eaux et l’assèchement des principaux cours d’eau, une faune et une flore qui évoluent en fonction des conditions. On sent clairement qu’il y a eu de la documentation.

Ah ben ça ça tombe bien…

Le principal point faible du récit, ce sont quelques facilités d’écriture pour permettre à tous les personnages de se retrouver au point de rencontre de tous ces destins. Genre Mercedes qui apprend à conduire un camion à l’instinct, les pérégrinations plus qu’hasardeuses de Fernando guidé par le hasard ou environ. Pour arriver à l’acte final, que l’on sent très clairement venir depuis la moitié du roman environ, les ficelles sont un peu grosses. Le roman nous offre quelques fulgurances mais ce côté un peu “le destin inéluctable”, notamment à travers les visions de Mercedes, je suis franchement pas fan. Surtout que ce n’est pas du tout surprenant. Improbable, pas surprenant.

A la croisée des chemins

Une lecture qui se fait facilement

Exodes est le premier roman que je lis de Jean-Marc Lagny qui a notamment signé Aqua ™ qui semble être le préquel d’Exodes. Le fait de ne pas avoir lu ce premier opus ne m’a pas du tout gênée dans l’appréhension de cet univers, parfaitement expliqué et plutôt cohérent. Pas d’incongruité de type Jung_E ou Equilibrium où tu ne comprends pas bien les règles de l’univers qu’on te présente. Le livre est assez gros mais il se lit bien, à part deux ou trois longueurs. Et puis moi, dès qu’il y a des dômes, j’achète. Et j’ai mis Aqua ™ dans ma liste de dystopies à lire car je suis très curieuse de découvrir ça.

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