La nuit des temps, l’effondrement d’une civilisation avancée

Imaginez une civilisation très avancée détruite par une guerre totale. C’est l’histoire de La nuit des temps… et l’histoire se répète.

Longtemps, je n’ai pas aimé Barjavel. Je l’avais découvert au collège, quand nous avions lu un texte issu de Ravage. Le héros, François, se rend dans un restaurant et il y a une sorte de machine à viande. J’avais trouvé ça peu intéressant et assez dégoûtant. Mais la vie fait bien les choses. Mon cousin me prêta un jour son exemplaire de La nuit des temps du même Barjavel en me promettant que j’allais aimer. Et il a eu bien raison, j’en ai lu pas mal, depuis. Souvent dystopique, d’ailleurs. Mais la nuit des temps, est-ce vraiment une dystopie ? Ca se discute !

La nuit des temps de Barjavel

Une découverte incroyable sous la banquise

L’histoire, pour commencer. Une expédition scientifique est envoyée en Antartique pour trouver l’origine d’un signal étrange venu des profondeurs. Après quelques péripéties, ils découvrent les ruines d’une ancienne civilisation. Parmi ces ruines, une sorte de sarcophage contenant, parfaitement conservés, le corps d’un homme et d’une femme. Simon, le héros de notre histoire, parvient à réveiller la femme, Elea. Elle nous servira de lapin blanc à travers sa civilisation disparue. 

La nuit des temps, couverture

Une société idyllique annihilée

Grâce à une technologie de pointe, Elea va effectivement pouvoir diffuser au monde entier ses souvenirs. On découvre donc la civilisation de Gondawa dont elle est issue. C’est une société extrêmement organisée où l’on attribue un chacun à une chacune. C’est ainsi qu’Elea forme un couple très fort avec Païkan. Cet amour joue certainement beaucoup dans la vision parfaitement idyllique qu’Elea a de Gondawa. Cependant, le bonheur est menacé par un risque de guerre. La destruction étant proche, un comité de scientifiques mené par Coban décident de mettre en sommeil un homme et une femme pour permettre à la civilisation de survivre. Elea est choisie, Coban sera l’homme. Peu de temps après leur mise en sommeil, Godawan, qui se situait sous la corne brésilienne, est purement et simplement annihilée par une bombe surpuissante.

La nuit des temps

L’obsession de la survie de l’humanité

Je ne vais pas m’attarder sur le reste du roman. Pour les romantiques, le fort amour entre Elea et Paikan vous comblera, d’autant qu’il reste un moteur important du récit. Sachez également que les révélations d’Elea font monter les tensions autour du monde, chacun voulant récupérer les vestiges de Gondawa et surtout ce qu’il reste de sa technologie. Il existe donc deux récits en parallèle : la vie à Gondawa avec une guerre imminente… et exactement la même histoire à l’époque contemporaine. On retrouve ici une obsession commune à Barjavel et à de nombreuses dystopies : la survie de l’espèce humaine, les nouveaux Adam et Eve. On peut retrouver la même dans Interstellar mais aussi Silo. Même dans les films catastrophes à base d’apocalypse comme Deep impact, 2012 ou la série Salvation, on veut sauver des humains pour “repeupler la Terre”. Barjavel a souvent écrit autour de ce couple fondateur sauvé. Comme dans Une rose au paradis ou dans Le grand secret qui se termine par un jeune couple qui va répandre une nouvelle humanité. Lisez Barjavel.

Le grand secret de Barjavel

Une fausse utopie dans les règles

Gondawa nous présente une fausse utopie. Les personnages vivent dans une société qui pourvoie à tous leurs besoins et leur vie est régulée en fonction de ce qui est le mieux pour eux et pour la communauté. Elea et Paikan sont mis ensemble dès leur plus jeune âge par une sorte d’arbre-ordinateur parce qu’ils sont le meilleur partenaire envisageable l’un pour l’autre. D’où cet amour fou l’un pour l’autre. Cette société hyper-organisée, on a pu la croiser dans Un bonheur insoutenable ou encore Le passeur, Community. Ici, le manque de libre-arbitre ne semble pas beaucoup peser sur les personnages, Elea semble absolument satisfaite de son sort. Jusqu’à ce qu’un groupe de scientifiques décide de la séparer de Paikan pour l’éternité. Littéralement.

L'amour fou

La peur de la guerre ultime

Si la science est le danger majeur identifié par Barjavel, ce n’est pas par rapport à son influence sur la vie des gens mais par le pouvoir de destruction qu’elle a. Barjavel a écrit sur les dangers scientifiques, la bombe ultime apparaît donc dans La nuit des temps mais également Une rose au paradis… qui est en fait la vie d’Elea si elle vivait à notre époque avec des bombes de plus en plus dangereuses. Lisez Barjavel. On a d’autres menaces technologico-scientifiques dans Le grand secret ou La tempête. Ces obsessions ne sortent pas de nulle part non plus. La nuit des temps a été écrit à la fin des années 60 : guerre froide, mai 68, Vietnam… L’actualité n’est pas rieuse et la crise des fusées de Cuba a fait craindre pendant quelques jours le déclenchement de la guerre ultime. La Nuit des temps, c’est juste ça : une société, aussi apaisée et technologiquement avancée soit-elle, ne sera jamais à l’abri du pire. Même quand on la prévient, ça finit mal…

Bombe nucléaire sur la ville

Un roman qui a fortement marqué mon imagination

Bref, j’ai adoré ce roman. Il m’a inspiré pas mal de mes écrits dont Augura, ma fausse utopie qui sera en vente le jour où j’aurai terminé ma correction… à peine entamée. La nuit des temps est une belle histoire avec une dose de tragique que je vous conseille de tout mon coeur. Et de façon générale, lisez Barjavel. Même s’il peut nous paraître parfois un peu réac’, il y a du bon. Ce genre d’auteur qui m’a fait passer des nuits blanches parce que je voulais pas lâcher son roman. 

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