Stalker, la dystopie avec de la technologie alien

A la fin du XXe siècle, des extraterrestres passent sur la Terre et ont laissé plein d’artefacts. Des stalkers partent les ramasser

Je me suis longtemps tâtée à écrire un article sur Stalker. Car selon l’angle avec lequel on aborde cette œuvre, on peut la considérer ou non comme une dystopie. Durant la lecture, j’étais plus d’avis de la classer comme œuvre de science fiction non dystopique, malgré le côté “futur sombre” du récit. Cependant, à la réflexion, j’y ai trouvé quelques ingrédients chers à mon cœur et nous causerons donc de Stalker, aujourd’hui. Le roman car je n’ai pas vu le film.

Stalker, roman des frères Strougatski

D’étranges artefacts extraterrestres

L’histoire. Fin du XXe siècle, le monde a été bouleversé par l’apparition d’artefacts extraterrestres délaissés dans quelques zones. De nombreux objets qui fascinent les scientifiques qui cherchent à les étudier pour en comprendre le mécanisme et faire avancer la recherche. Cependant, les extraterrestres étant juste passés poser leurs petites affaires avant de disparaître, les Etats sont circonspects quant à l’utilité réelle de ses objets. Par sécurité, ils ont donc verrouillés les zones concernées. Seuls quelques marginaux étant peu attachés à la vie se faufilent dans ces zones pour essayer de ramasser les fameux objets. Ces intrépides sont appelés des Stalkers. On va suivre le périple de Redrick, un des meilleurs stalkers de sa zone, sur plusieurs années.

Stalker, le film

Une technologie hors de contrôle 

Le premier thème assez évident est la dimension technologique avec ce côté “on n’a pas tout maîtrisé et ça va se retourner contre nous”. Thème très classique des dystopies. Ici, point de robots tueurs mais des objets… dont on ne sait finalement pas grand chose. On suit d’abord Redrick dans une de ses expéditions, il décrit différents objets qu’il ramasse, des sphères énergétiques, par exemple. Le roman commence quand il repère un artefact inconnu qu’il ne parvient pas à récupérer. Il en parle le lendemain à de ses amis scientifiques qui décide de monter une expédition dans la zone pour récupérer le dit objet. Sachant que les zones regorgent de pièges mortels, longuement décrits par Redrick. Les stalkers ont autant de chance de finir dissous ou avec quelques membres en moins, selon le piège dans lequel ils risquent de tomber. Mais les scientifiques ont une soif infinie de ses artefacts, alors même que leur potentiel danger est mal connu.

Stalker et les artefacts

Des artefacts que personne ne sait utiliser

D’autant qu’au fur et à mesure du roman, on découvre les effets secondaires de ces technologies. Le corps de Redrick s’abîme tandis que sa fille, conçue alors qu’il était stalker, devient de plus en plus étrange. A l’instar des autres enfants de la zone. Ici, la métaphore d’une science hors de contrôle est assez sybilline. Personne ne sait à quoi servent les artefacts. Mais tout le monde les veut en dépit du bon sens, espérant en tirer une connaissance, un avantage sur les autres pays. Mais si les scientifiques ont réussi à faire marcher certains artefacts, leur trouver une utilité est bien plus hasardeux.

Artefact mystérieux

Des militaires bien bourrins

Autre thème que l’on peut retrouver dans les dystopies : les autorités. Ici militaires pour l’essentiel. La zone est donc close et formellement interdite, sauf aux expéditions scientifiques. Redrick et les autres stalkers se faufilent donc dans la zone au coeur de la nuit, au moment le plus dangereux. La zone est assez mal considérée par les politiques qui se questionnent sur le pourquoi de ces artefacts délaissés par des extraterrestres, envisageant la possibilité que ce soit un piège. Les militaires ont donc de grandes latitudes pour appréhender les stalkers. Ils représentent ici les antagonistes principaux du roman, bien plus que les pièges mortels de la zone. Mais leur rôle n’est pas tant de protéger les habitants du danger de la zone que de limiter le trafic d’artefacts, craignant que ceux-ci soient vendus à des puissances étrangères.

Stalker, film de 1979

L’Humanité n’est pas importante

Enfin, dernier thème que j’affectionne particulièrement : celle de l’importance de l’Humanité. J’en ai déjà parlé, beaucoup de dystopies pré ou post-apo tournent essentiellement autour d’un enjeu majeur “il faut sauver l’Humanité”. Même si on sauve trois personnes sur 8 milliards, on prend. Dans Stalker, le contre-pied est total. Lors d’une conversation, un personnage émet une hypothèse que je trouve géniale. Et si les extraterrestres n’avaient eu aucune intention en laissant ces objets mystérieux là où ils sont mais qu’il s’agissait juste de déchets ? Le roman est sous-titré “Pique-nique au bord du chemin” et c’est précisément cette idée. Les extraterrestres sont venus pique-niquer sur terre et ont délaissé leurs déchets. Les stalkers et autres scientifiques sont des fourmis qui fouillent les restes et ramassent ce qui leur paraît intéressant sans réellement comprendre de quoi il s’agit. Alors que les dystopies sacralisent énormément l’Humanité, avoir un discours radicalement inverse offre une perspective très intéressante.

Des extraterrestres en goguette

Une dystopie visionnaire ?

Finalement, Stalker est un roman qui pose une question majeure, un pourquoi qui n’aura pas de réponse. Ecrit en 1972, Stalker est une critique du capitalisme où tout se vend et s’achète un peu en dépit du bon sens mais on peut y voir aussi une critique de la course à l’armement qui faisait craindre le pire à ce moment-là de l’histoire. Les scientifiques prêts à mettre en danger toute une population en utilisant une technologie peu ou mal maîtrisée… D’ailleurs, fait intéressant : outre l’adaptation filmique de 79, un jeu vidéo inspiré de Stalker est sorti en 2007. La zone n’est plus peuplée d’artefacts extraterrestres mais se situe à Tchernobyl. Les artefacts étant alors le résultat d’expérimentations scientifiques qui auraient mal tourné. Un grand classique dystopique, on retrouvait la même idée dans certains passages de Metro 2033, autre oeuvre russe. 

Roadside picnic

Un parti-pris intéressant

Bref, Stalker est un bref roman qui plonge dans une ambiance un peu bizarre, un peu malaisante. Pas forcément le meilleur choix pour une lecture de plage mais ce roman reste intéressant par les idées qu’il propose… surtout la dimension du pique-nique extraterrestres que j’ai vraiment adoré. Et oui, si pour nous, la survie de l’Humanité reste cruciale, peut-être que pour d’autres intelligences… nous ne sommes que des insectes à peine dégourdis. 

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