Klara et le soleil, une dystopie solaire

Encore un roman avec un humanoïde plus vrai que nature ? Oui mais Klara et le soleil le fait sur un ton doux et nostalgique.

Mais point de space opera ici. En flânant dans une librairie l’autre jour, je tombe sur Klara et le soleil de Kasuo Ichiguro. On m’en avait parlé ici en commentaire et que j’avais mis dans ma liste de bouquins à lire. L’occasion était trop belle, j’achète donc ce petit livre. J’ai un faible pour la littérature japonaise en plus et ça parle d’androïdes, double bonne pioche. Et effectivement, je m’apprêtais à découvrir une dystopie poétique et mélancolique.

Klara et le soleil de Kazuo Ishiguro, couverture française

Une androïde dévouée et sensible

L’histoire. Klara est une androïde de dernière génération. En vente dans une boutique de robots, elle observe la rue en attendant d’être achetée. Elle passe du temps près de la vitrine pour absorber les nutriments du soleil. Car Klara et ses congénères fonctionnent à l’énergie solaire. Klara est achetée par Josie et sa mère, elle part donc vivre chez elles dans un coin un peu retiré. Les liens d’affection entre Josie et Klara sont forts. Mais un drame couve : Josie est malade et ses jours semblent comptés. Dévouée, Klara va tout faire pour sauver la vie de son Humaine.

Klara et Josie

Une douce aventure

Alors je vais légèrement tempérer ma dernière phrase. Si le roman a des airs d’aventure initiatique pour Klara, il n’y a pas réellement d’action. Ce roman m’a immédiatement fait penser à After Yang avec une histoire d’androïde et d’enfant qui y est très attaché. Même si, ici, Josie est déjà adolescente au début du roman. Toute l’histoire nous est racontée du point de vue de Klara qui a une vision toute particulière du monde. Elle se construit toute une croyance via des déductions assez étranges mais charmantes. Notamment sur la puissance du soleil qu’elle personnifie. 

Klara et le soleil, vue d'artiste

Un robot à personnalité

Ici, il n’y a pas de question sur la nature des androïdes, sur leur personnalité. Ils ont une personnalité, c’est posé dès le début du roman. Si on en sait assez peu sur leur fonctionnement, le passage dans le magasin où Klara est en vente permet de comprendre qu’ils sont tous différents. C’est même explicitement dit par la gérante qui apprécie particulièrement les facultés d’observation de Klara. Alors que l’autre androïde à laquelle Klara s’attache, Rosa, est beaucoup plus distraite. D’ailleurs, lors de l’achat de Klara, la mère de Josie lui pose des questions pour s’assurer que c’est le bon androïde pour sa fille. Par de nombreux aspects, les androïdes font penser à des animaux de compagnie dont on souhaite s’assurer de la douceur et du caractère avant de l’acheter. D’ailleurs, il n’y a pas d’animaux domestiques dans ce roman. Ricky, lui, joue avec des drones, que Klara confond d’abord avec des oiseaux, les pilotant en escadrilles. 

Klara et le soleil

Une société avancée

On découvre donc la société dans laquelle évolue Klara par petites touches, au travers des dialogues qu’elle a ou qu’elle entend de la part des Humains. On sait donc qu’il y a une crise économiques et que de nombreux ouvriers ou ingénieurs ont perdu leur emploi. Notamment le père de Josie. SI la mère de Josie semble avoir beaucoup d’argent, ce n’est pas le cas de sa voisine Ellen. Celle-ci ne peut offrir un avenir brillant à son fils Ricky malgré l’intelligence et la bonté de ce dernier. La pollution est également citée par Klara, qui la perçoit comme l’ennemie du soleil. Elle choisit comme ennemi une machine à travaux qui produit de la fumée noire qui cache l’astre solaire. La ville d’où vient Klara semble gigantesque et tentaculaire. Si le nom n’est jamais cité, la présence massive de taxis, l’existence de dinners et d’immeubles aux angles aigus me font penser à New-York.

Edward Hopper

Une métaphore du passage à l’âge adulte

Mais Klara et le soleil n’est pas juste une dystopie pour parler d’un avenir sombre. C’est avant tout un roman sur le passage à l’âge adulte. Car toute l’histoire tourne autour de Josie. Une Josie narrée par Klara qui essaie de comprendre les réactions versatiles de la jeune fille. Si Josie est profondément attachée à Klara, elle peut parfois se montrer froide avec elle. Notamment lors de la présence d’autres ados qui pousse Josie à adopter une autre personnalité. Klara observe également la relation entre Josie et Ricky. S’ils sont sincèrement épris l’un de l’autre, leur relation est compliquée, essentiellement parce qu’ils sont promis à des avenirs différents. Josie, si elle survit à sa maladie, va pouvoir aller dans une université pour étudier. Alors que Ricky n’a que peu d’espoir de pouvoir en faire autant. La relation entre les deux adolescents est dépeinte de façon assez naïve, même si la réalité revient à travers des dialogues. Notamment quand la gouvernante demande à Klara de rester dans la chambre avec Ricky et Josie pour “éviter les galipettes”. Notion qui échappe totalement à Klara. 

Klara and the sun

Beaucoup d’amour parental

Klara et le soleil parle également d’amour parental et de ce que les parents sont prêts à faire pour assurer un avenir à leur enfant. On découvre que la mère de Josie a joué gros pour offrir un bel avenir à sa fille. Quitte à risquer de la tuer. Ce qui est arrivé à Sal, la soeur aînée de Josie. C’est du quitte ou double. Un quitte ou double qu’a refusé la mère de Ricky, lui fermant de facto de nombreuses portes. Même si elle n’hésitera pas à contacter un ancien amant quelque peu rancunier pour tenter de faire accepter son fils à l’université. Le père, aussi, est prêt à beaucoup pour sa fille, même s’il approuve rarement les choix de son ex-femme. La mère de Josie est d’ailleurs un personnage intéressant, très ambivalent avec Klara même si elle s’y attache également. 

Un délice nostalgique

Bref, Klara et le soleil est un roman doux et assez nostalgique sur le passage à l’âge adulte. Il ne se passe rien de trépidant en soi. Mais on s’attache aux personnages et la fin a le goût doux-amer de la mélancolie. Comme After Yang, le côté dystopique est esquissé par petites touches, presque en arrière-plan, le roman s’attachant surtout aux relations entre les personnages. En clair, lisez-le. 

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