The Creator, la guerre aux IA est déclarée

Encore un film sur des androïdes conscients d’eux-mêmes ? Oui, the Creator propose une esthétique élégant… mais pas grand chose de plus

Il y a des films que l’on va voir avec un certain espoir. Parce que l’univers aperçu dans la bande-annonce est séduisant. Parce que, oui, le sujet des IA a été visité des milliers de fois mais qu’on n’est jamais à l’abri d’un nouvel angle, d’une pépite. Que l’éveil de la conscience des robots excite l’imagination. Le mythe de Frankenstein, encore et encore. Alors oui, j’attendais beaucoup de The creator, surtout que j’ai cru un instant qu’il ne passait plus au cinéma. Alors, j’ai trouvé ma pépite ? Et bien…

The creator de Gareth Edwards

La guerre aux IA est déclarée

L’histoire. En 2080, les androïdes équipés de IA sont partout. Vous avez le modèle humanoïde avec un visage parfaitement humain mais de gros trous à la place des oreilles, des modèles plus robotiques pour les basses besognes ou maintenir l’ordre. Mais un jour, les IA balancent une bombe nucléaire sur Los Angeles et l’Occident décide d’éradiquer les IA. L’Asie, elle, refuse de suivre le même chemin et les deux blocs vont se faire la guerre. Au milieu de tout ça se trouve Taylor, un GI américain sous couverture et Maya, sa compagne enceinte et surtout fille présumée de Nimarta. Nimarta ? Oui, c’est un mystérieux créateur d’IA que ces dernières considèrent comme un Dieu. Taylor doit donc séduire Maya pour trouver le Nimarta mais tombe finalement amoureux d’elle.

Joshua Taylor, héros de The Creator

L’arme ultime est une fillette

Sauf que l’Occident, enfin, les Etats-Unis, s’énervent un peu et lancent régulièrement des attaques via Nomad, un sorte d’immense vaisseau circulant en orbite et balançant des missiles. Un soir, la maison de Maya et Taylor est attaquée. Maya comprend que son mari est toujours de mèche avec les Américains, elle fuit mais subit une attaque et meurt. Cinq ans plus tard, Taylor est nettoyeur au Ground zero de Los Angeles quand il est rappelé par l’armée pour l’aider à débusquer les laboratoires d’IA en Asie. Il refuse mais la générale de l’armée a une révélation pour lui : Maya n’est pas morte et s’il aide les Américains, il pourra la récupérer. Sa mission : débusquer l’arme ultime des IA. Surprise : l’arme ultime est une petite fille joufflue trop mignonne. 

Alphie, enfant mignonne dans THE Creator

Une esthétique élégante

Alors, commençons le positif : l’univers est beau. Pas toujours très cohérent puisque les voitures du futur côtoient des voitures au look assez actuel. Mais on sent que le réalisateur s’est fait plaisir en créant un univers assez futuriste mais pas profondément délirant. Oubliez les néons du cyberpunk, ce n’est pas ça du tout. On navigue plutôt dans un univers élégant, pas mal en rondeur, empruntant plutôt son esthétique au rétrofuturisme. Pas mal de scènes se déroulent dans des rizières en Asie et ce mélange de paysages naturels et de villes rétrofuturistes fonctionne bien. L’esthétique du Nomad est intéressante aussi. L’attaque se signale par une sorte de lumière bleue qui verrouille la cible et cette façon lumineuse de matérialiser une menace est intéressante. 

Le nomad, une arme compliquée à comprendre

Des IA conscientes et autonomes

Parlons maintenant des IA. Le film épouse complètement le concept d’IA pensantes et autonomes, avec leur propre personnalité. Le film prend d’ailleurs le risque d’insuffler des personnalités à des robots non humanoïdes. Enfin, relativement puisque ces créatures n’ont pas de nom mais elles réagissent “humainement” aux situations, dirons-nous. Tout l’enjeu du film est de tisser une relation entre Taylor et la petite fille humanoïde, Alphie. Alphie qui, malgré sa grande sagesse, reste une enfant. Elle aime les bonbons et la glace, regarde des dessins animés et fait du dessin. Les liens affectifs entre Humains et IA sont esquissés tout au long du film à travers différentes interactions. Le message est assez clair : les IA sont des humains comme les autres, en somme. Un parti-pris pas vraiment novateur puisque nous avons la même dans Klara et le soleil, The kingdom, Real Humans, After Yang. Même Terminator semble s’attacher à John Connor dans le 2, il adopte certains comportements pour lui faire plaisir. En posant les IA comme des êtres à part entière, la guerre quasi totale que mène les Etats-Unis contre elles pose donc un problème éthique majeur.

The creator

Une stratégie militaire un peu bourrine

Sauf que, déjà, les Etats-Unis ne font pas dans la dentelle. Sous prétexte de tuer les IA, ils massacrent littéralement tout le monde. Civils qui n’avaient rien demandé à personne compris. Même leurs propres soldats puisque quand une attaque est annoncée, ils ne semblent pas très motivés à l’idée de la reporter le temps que les GI se barrent de là. Je ne suis pas très calée en stratégie militaire mais il me semble que c’est pas top comme façon de procéder. Bon, je vais balayer ce point rapidement car il m’intéresse assez peu mais les militaires américains sont débiles. Et stupidement méchants. Je peux accepter ce manque de nuance vu la densité du film mais y a quand même un moment où c’est un peu risible. Déjà, certains sont quasi increvables, se sortant d’une explosion qui cause le crash de leur avion avec juste une arcade ouverte. Mais surtout ils subissent par deux fois la même attaque avec le même résultat. Je suppose qu’il flotte dans le film un parfum anti-militariste et pourquoi pas.

The creator, arrestation de la colonelle nulle

Un film qui nous perd trop facilement

Le vrai souci du film, c’est que je ne comprends pas son univers. Premier point : qui sont les belligérants. Au début du film, on nous parle de l’Occident mais clairement, ce ne sont que les Etats-Unis. Y a écrit “US army” partout sur les armes des militaires. Quant à ce qu’ils appellent la Nouvelle Asie, c’est censé être quels pays précisément ? Parce que certains paysages m’ont évoqué la Thaïlande, notamment la célèbre île de Khao Phing Kan. Il semble y avoir un peu de Chine, un peu de Népal et le film nous donne l’impression que tout ça est à côté. D’ailleurs, le vaisseau Nomad passe de l’un à l’autre avec rapidité. Vaisseau dont on a du mal à évaluer l’altitude exacte car il est censé évoluer en orbite mais quand on le voit dans le ciel, il est clairement plus bas. Mais la vraie question est : à quoi servent les humanoïdes ? Les robots à tête de robots, ce sont des travailleurs, ok. Certains humanoïdes ont un métier comme le flic ou ceux qui bossent dans les rizières même si ces derniers agissent comme les humains de leur communauté. Mais ensuite ? On découvre dans le film que l’on peut donner ses traits à des humanoïdes mais à plusieurs, pas à un seul. Et ces derniers se baladent en ville en menant leur vie. On voit même une humanoïde et une enfant humaine en mode “mère-fille” mais… Où est la mère biologique de l’enfant ? Je ne comprends pas que l’on crée des robots sans fonction précise. Or vu que ses derniers vivent tranquillement leur vie jusqu’au fin fond de la campagne, clairement, ils n’avaient pas de fonction précise au départ.

Harun l'androïde

Des personnages pas toujours cohérents

Bref, plus je regardais le film, plus j’étais circonspecte. Un point sans lien avec les dystopies mais qui m’a quand même gênée : je n’ai pas trouvé les acteurs et actrices convaincantes. Gemma Chan semble ne pas s’intéresser à l’histoire, John David Washington oublie épisodiquement que son personnage ressent des émotions intenses. La motivation des personnages est assez compliquée également. Taylor veut retrouver Maya mais ne semble plus du tout intéressé par l’enfant qu’elle portait au moment de l’explosion. On nous inflige des flashbacks, environ toujours le même, des moments heureux entre Taylor et Maya pour nous dire que, ohlala, ils s’aimaient fort mais je n’y crois pas vraiment. Sans parler du fait que j’ai l’impression que leur liaison a duré 2 mois. Bon, en vrai, ce doit être plus vu qu’ils sont mariés et qu’elle est bien enceinte mais tout le film repose sur le fait que Taylor veut retrouver son amour perdu mais je n’ai pas trouvé leur relation belle ou intéressante donc… Reste Alphie, certes fort adorable et l’actrice est plutôt convaincante, c’est vrai. 

Alphie dans The creator

Un film qui passe à côté

Mais la mignonnerie ne suffit pas. J’étais vraiment dépitée en sortant du film parce que je voulais l’aimer. Parce que je trouvais le sujet intéressant et que la bande-annonce envoyait du rêve. On a passé près d’une heure après être sortis du ciné à décortiquer tout ce qui n’allait pas. Et à faire le deuil d’un film qui n’existe pas. Après, il n’est pas horrible non plus et si on excepte le dernier tiers vraiment difficile à avaler. Ca reste un film appréciable pour son univers. Je ne le déconseille pas dans l’absolu mais j’aurai du mal à vraiment le conseiller. Je veux dire si vous ne devez voir qu’un film sur un humanoïde presque plus humain que les humains dans un univers futuristo-asiatique avec une petite fille adorable, regardez plutôt After Yang. Film qui aurait mérité tellement plus de succès. Certains diront qu’il est important d’aller voir The creator pour soutenir le cinéma de genre et voir plus de films comme celui-ci. Peut-être. Maintenant, j’aimerais que l’on ne se contente pas de surfer sur un sujet porteur pour me faire aller au ciné mais me proposer un univers qui tient sur les deux heures de film.

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