A l’aube du sixième jour, deux Schwarzy pour le prix d’un

En 2100, le clonage est réel mais interdit pour les Humains. Mais à l’aube du sixième jour nous raconte que, la méchante corporation s’en fout

J’aime expliquer un peu doctement que les dystopies sont le reflet des préoccupations de leur époque. Qu’il s’agisse d’autoritarisme, d’écologie… ou de clonage. Car oui, sur la fin des années 90, tout début 2000, le clonage a été un réel sujet avec la naissance de Dolly, la brebis clonée. Je crois que tout s’est arrêté à l’annonce de la  naissance du premier bébé cloné par la secte Raëlienne. Information démentie depuis. Mais ça nous a permis d’avoir quelques films et séries. Dont A l’aube du sixième jour dont nous allons parler aujourd’hui.

A l'aube du sixième jour avec Schwarzenegger

Dans le futur, le clonage est un fait

Au XXIIe siècle, le clonage fait partie du quotidien. Enfin, le clonage animalier car le clonage humain est formellement interdit par la loi dite du 6e jour. Sixième jour comme le jour où fut conçu Adam parce que les Etats-Unis. On va suivre les aventures d’Adam Gibson, un gentil père de famille propriétaire d’une escouade d’hélicoptères permettant d’amener de riches personnes faire du ski aux Appalaches en décollant de New York. Le film commence le jour de son anniversaire. Pile le jour où ils reçoivent un client pas comme les autres : Mickael Drucker, le pape du clonage. Drucker et son équipe veulent à tout prix que ce soit Adam qui pilote. Mais ce sera finalement son associé, Hank, qui se fera passer pour Adam. Adam profite donc du reste de sa journée pour passer se renseigner chez Repet, l’entreprise qui clone les animaux morts, car le chien de la famille vient de mourir. Joyeux anniversaire Adam ! Il prend également une poupée monstrueuse pour sa fille et rentre chez lui. Sauf qu’un clone a pris sa place !

A l'aube du sixième jour, le film qui abuse un peu des plans débullés

Echapper aux méchants vraiment méchants

Alors qu’Adam essaie un peu de capter ce qu’il se passe, il se fait attaquer par des méchants vraiment méchants qui essaient de le tuer. Course poursuite. Chute de très très haut. Mais Adam survit parce que la gravité doit être faite en physique de scénario. Et on est parti pour un film d’action assez classique pour Schwarzy. A savoir le papa qui va sauver sa femme et sa fille en donnant quelques coups bien sentis. Comme True lies, oui… mais en moins bien. Adam a fait la guerre donc il s’y connaît en bagarre. Et c’est un pilote d’hélicoptère hors pair, quelques petits atouts fort appréciables dans sa quête. Il découvrira donc que si, le clonage humain existe chez Repet vu qu’à peu près toute la boîte est peuplée de clones. Notamment les sbires qui lui veulent du mal, qui meurent et reviennent systématiquement. D’ailleurs, fun fact, la sbire féminine, Talia, change de couleurs de cheveux à chaque retour à la vie. Comme Clementine dans Eternal Shine of the spotless mind.

Talia, à l'aube du sixième jour

Questionnement philosophique pour film bourrin

Alors que dire de ce film qui nous propose en substance le sujet suivant : qu’est-ce qui constitue l’individu ? Son corps ou son âme ? Le clone d’Adam, à partir du moment où on lui a implanté tous les souvenirs d’Adam, n’est-il pas autant Adam qu’Adam lui-même ? Peut-on ainsi défier la mort en se recréant potentiellement à l’infini ? Exactement comme dans Altered Carbon, finalement. Même si, dans le film, on clone la personne à l’identique de sa sauvegarde donc le corps récupéré est potentiellement vieux. Le film ne répondra pas à la question de toute façon. Mais si question philosophique il y a, avec même un peu de religion… le film ne va pas faire dans la subtilité. Pas du tout. Notamment à travers les sbires qui sont méchants, cruels et pas bien futés. Et plutôt peu sensibles à leur propre souffrance puisque l’un d’entre eux, se fait couper la jambe par un laser et lance, à l’agonie “c’étaient des bottes neuves, tu vas le payer”. Alors oui, les films avec Schwarzy sont souvent truffés de petites punchlines rigolotes. Sauf que là, ça casse tout  l’enjeu. On sait que les sbires s’en fichent de leur propre mort vu qu’ils seront reclonés dès le retour à la base. On l’a vu. Mais est-ce bien la peine d’appuyer dessus ? 

Les clones dans A l'aube du sixième jour

C’est quoi ce futur identique à notre présent ?

A l’aube du 6e jour manque cruellement de nuance et de subtilité. Ok, c’est un actioner avec Schwarzy mais on l’a également eu dans Terminator et Total Recall et la toile de fond restait plus profonde. La toile de fond, parlons-en. J’ai un énorme souci avec la cohérence de cet univers pseudo futuriste. Pseudo parce que t’aurais pas un carton en début de film pour te dire qu’on est au XXIIe siècle, je ne verrais absolument pas la différence avec aujourd’hui. Ah si, y a quelques gadgets genre le frigo qui affiche l’agenda de la famille et te permet de recommander immédiatement un produit que tu viens de terminer. Et puis y a les hélicos du futur d’Adam qui peuvent même se piloter à distance et tout ! Par contre, les méchants, ils ont toujours un hélicoptère tout nul du passé. Et y a des voitures qui se conduisent toutes seules, comme on le voit en début de film avec Hank et Adam qui discutent tournés l’un vers l’autre pendant que la voiture les amène au boulot. Par contre, Hank est le seul à avoir ça, les autres voitures se conduisent au volant, notamment celles des méchants. Cohérence de l’univers : absolument aucune.

Le clonage dans A l'aube du sixième jour

Une technologie qui n’a pas du tout évolué ou presque

Et ça me fait sortir du film. Pourquoi tu me fais toute une scène sur la voiture qui se conduit toute seule avec des personnages dans une attitude peu naturelle pour bien appuyer le fait que la voiture se pilote toute seule pour me remettre ensuite des voitures classiques tout le reste du film ? Surtout que les méchants sont censés incarner le top de la technologie. Tout est hyper étrange. En un siècle, quasi rien n’a bougé et les quelques technologies du futur, les personnages n’ont même pas l’air d’être trop au courant qu’elles existent. Comme Talia avec le frigo qui donne l’agenda de la famille. Je ne comprends pas cet univers. C’est le même malaise que face à Jung_E. Pourquoi tout semble figé ? Pourquoi certaines technologies sont familières et disponibles pour les uns et que d’autres ne semblent pas y avoir accès alors qu’ils sont du côté des technophiles ? Et pourquoi le top des jouets pour enfants, c’est une poupée Animatronic absolument terrifiante ? C’est une blague du réalisateur ou c’était pas censé être aussi laid ?

La poupée la plus flippante du monde

Pourquoi une histoire si loin dans le temps si c’est pour ne rien changer ? 

Finalement, pourquoi avoir situé l’action du film autant dans le futur pour ne rien en faire. Lors de sa sortie en 1999, le clonage de Dolly avait déjà eu lieu donc l’action aurait pu se situer quelques années plus tard, dans un futur proche. Surtout que si Repet, qui clone les animaux morts, semblent bien installés, les personnages sont encore à débattre du bienfait de cette entreprise, se questionnent sur le fait de cloner ou non les animaux de compagnie. C’est une erreur assez typique des dystopies : les personnages qui s’étonnent du système dans lequel ils vivent alors qu’ils sont censés y être nés ou à peu près. En résumé : A l’aube du sixième jour est écrit avec les pieds, c’est rigolo deux minutes. Mais si vous voulez regarder une dystopie avec Schwarzenegger… Ne prenez pas celle-là. 

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