J’ai déjà parlé ici de Margaret Atwood. A travers la série The handmaid’s tale et le roman C’est le coeur qui lâche en dernier. N’ayant pas aimé ce dernier mais étant intéressée par les thématiques de la romancière, j’ai donc décidé de creuser un peu. J’ai lancé Le dernier homme sur ma liseuse. Et j’ai bien fait ! J’ai lu une histoire d’extinction de l’humanité un peu trop réaliste pour ne pas laisser de traces.
Unique survivant
L’histoire : Jimmy, alias Snowman, est le dernier homme encore en vie sur Terre. Il n’a pour seule compagnie que des animaux sauvages étranges et une tribu d’hommes et de femmes manifestement artificiels. Durant le roman, Jimmy va s’appliquer à survivre, nous racontant peu à peu l’histoire de l’apocalypse qui a rayé les humains de la planète en quelques semaines. Et comment il en est indirectement responsable.
Une société qui joue trop avec la génétique
L’histoire est rapidement résumée. Car Margaret Atwood ne va pas tant nous raconter l’histoire de l’apocalypse en elle-même, celle-ci tient en une trentaine de pages sur la fin. C’est surtout celle d’une société hypra technologique qui va nous amener à ce cataclysme. Notamment avec sa folie de la manipulation génétique. Car les animaux sauvages étranges dont je parlais sont des animaux obtenus via des mutations génétiques. Comme le porcon, sorte d’énorme cochon qui, redevenu sauvage, se révèle particulièrement dangereux. Ou encore les louchiens, dont le nom est assez explicite. Et puis il y a les Crakers. Une tribu d’humains factices dont on va peu à peu apprendre les rites et coutumes. Et l’histoire de leur création par Crake, meilleur ami de Jimmy.
Une fracture sociale très marquée
Ce roman est génial car il mêle habilement plusieurs thèmes. Outre la technologie scientifique délirante dont j’ai déjà parlé, il traite surtout de la perte de valeur de la vie et d’une société très fortement hiérarchisée. Les humains sont divisés en deux parties : les plèbezones, sortes de villes à l’abandon où survivent les gens sans talents particuliers. Puis les compounds, sorte d’hypercampus d’entreprise comme on a pu en croiser dans The Circle ou M, le bord de l’abîme. Jimmy grandit dans deux compounds différents en fonction du travail de son père. Il vivra ensuite, à la sortie de la fac, dans un compound un peu minable. Il sera alors recruté par son ami Crake pour vivre dans le luxueux compound Rejouv qui travaille à rajeunir les humains grâce à diverses gélules.
Car la vie ne vaut rien
Outre cette séparation très nette entre les cerveaux utiles et la plèbe, on apprend l’existence de différents shows assez violents. Notamment des gens qui se suicident en direct. Ou encore du porno pédophile. On découvrira d’ailleurs l’envers du décor de cette industrie à travers le personnage d’Oryx, grand amour de Jimmy et de son ami d’enfance Crake. Jimmy est lui-même très cynique, pas mal détaché de tout. Surtut depuis le départ de sa mère devenue activiste dans les plèbezones, ne parvenant plus à faire face à l’absurdité du monde dans lequel ils évoluent.
Un futur légèrement daté
Ce roman ayant été écrit en 2003, on y retrouve quelques incongruités amusantes. Comme le fait que le must de la technologie passe sur DVD ou que Crake et Jimmy impriment parfois des images capturées sur le net. En 2021, ça m’a fait sourire. Mais c’est intéressant de voir que ce roman illustre en creux nos propres évolutions technologiques. En 2003, le DVD était un outil que l’on pouvait imaginer perdurer dans le temps comme la VHS à son époque. Aujourd’hui, tout passe par les supports dématérialisés. On n’imprime même plus tellement…
Et un soupçon d’anthropologie
Le dernier homme a une amusante dimension anthropologique avec les Crakers; Cette tribu est programmée pour avoir certains comportements biologiques comme la reproduction, l’alimentation ou la protection du territoire. Sur ça s’ajoute la cosmogonie que tisse chaque jour Jimmy. Appelé Snowman par la tribu, il devient une sorte de prophète du couple fondateur Crake, père des humains, et Oryx, mère des animaux et de la nature. Jimmy prétend être en connexion directe avec ce Dieu et cette Déesse. Il est celui qui a réponse à tout et que les Crakers adorent interroger, surtout les plus jeunes.
Et une pincée de masculinité toxique
Bref, ce roman m’a réconciliée avec Atwood et donné envie de me plonger dans quelques autres de ses écrits. Surtout qu’on y trouve toujours en creux une dénonciation de la masculinité toxique… Le dernier homme marque le début d’une trilogie que je vais m’empresser de poursuivre.
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