M, le bord de l’abîme, la dystopie “Alexa »

M, le bord de l’abîme nous amène au coeur d’une société chinoise, Ming, est en train de mettre au point un assistant personnel révolutionnaire.

Petit passage dans le sud semaine dernière, je comptais barboter dans la piscine à la cool… mais il a plu donc j’ai traînassé sur le canapé, ce qui est bien aussi. Alors que je savourais Le livre de Baltimore de Joël Dicker, ma mère me parle de Bernard Minier et de son dernier opus, M, le bord de l’abîme. Ca parle de technologie du futur et de trucs un peu incroyables à Hong Kong et… et c’est une dystopie, en fait.

M, le bord de l'abîme de Bernard Minier

Une dystopie par un auteur assez réac et anti technologie ?

Alors, Bernard Minier, je connais bien, j’ai lu tous les romans mettant en scène le commissaire Servaz de Toulouse. Oui, le fait que ça se passe à Toulouse joue beaucoup dans mon appréciation de l’oeuvre, on va pas se le cacher. J’aime assez bien les romans de minier, j’ai aimé Glacé et Soeurs, moins les autres. D’abord parce que le fil rouge du tueur en série fasciné par Servaz ne me passionne pas. Ensuite, Servaz a un côté un peu super héros chelou genre les hommes le respectent instinctivement. Les femmes font tomber leur culotte devant lui. Ce genre de conneries. Mais surtout Servaz est un vieux con réac un peu usant à la longue. Dans Soeurs, il le reconnaît lui-même ! Tout ça pour dire que Minier qui écrit une dystopie à base d’IA, ça m’intrigue vraiment. Et ca fera l’objet de deux, voire trois articles. Mais aujourd’hui, on parle du roman et de sa dimension dystopique.

Hong Kong by Night

Le progrès est une menace

Un élément fort dans les dystopies, c’est le progrès. Ce progrès vu comme quasi miraculeux et libérateur alors qu’en vérité, il aliène. Un bonheur insoutenable ou Le meilleur des mondes sont de bons exemples, Fahrenheit 451 également, Ravage. Je pense que Barjavel et Minier se seraient adorés). Même dans le cinquième élément, toutes ces voitures qui volent, ces cauchemardesque. Dans M, le bord de l’abîme pas de voiture volante mais une intelligence artificielle, modèle ultime de l’assistant personnel. On suit Moïra, jeune Française embauchée par Ming, une société chinoise surpuissante spécialisée dans les mobiles et autres ordinateurs. Cette dernière est en train de mettre sur pied l’assistant personnel ultime : Deus.

Intelligence artificelle

Alors je vais diviser le roman en deux. D’un côté, une enquête policière sur des meurtres de femmes torturées… dont je ne parlerai pas parce que c’est pas mon sujet. Et l’autre, l’empire Ming qui oscille entre description minutieuse d’un Apple ou Google et anticipation du pire. On évolue dans un campus avec des gadgets électroniques et de l’IA dans tous les sens. Forcément, je pense au Cercle, c’est vraiment cette même idée de “attention les GAFA…”. Ici, c’est même poussé à l’extrême. Le fondateur de Ming veut utiliser son assistant personnel non pas pour gérer votre agenda et votre gps mais pour façonner le monde à son image. En dégueulasse, évidemment. Il y a une mise en scène des dangers de tous ces logiciels, IA et co qui, mis entre de mauvaises mains, peuvent effectivement mener au pire. Quand Moira arrive à Hong Kong, Ming en sait limite plus sur elle que ses propres amis car il a exploité ses réseaux sociaux à fond. Ca, pour le coup, ce n’est plus de la dystopie. On a déjà eu des cas d’utilisation plus que douteuse de nos données personnelles

Les réseaux sociaux vous manipulent

Un portrait grossier

Du coup, est-ce que je conseille M, le bord de l’abîme. Meeeh. La partie policière est un peu pétée surtout la fin. Et j’ai de plus en plus de mal avec le torture porn sur des femmes. En plus clair : je n’en peux plus de lire des histoires où des femmes sont violées, torturées, tuées de façon la plus crade qui soit. Puis je trouve que la partie la plus intéressante, un assistant personnel manipulateur, est à peine caressé du doigt. Alors qu’on pourrait en faire une décalogie sans soucis ! Mais surtout Minier a un souci : à l’image de ses personnages, c’est un gros réac. Et comme je m’y attendais, son traitement de Ming est un peu compliqué. C’est tout le défi de la dystopie selon moi : parvenir à parler de ce que l’on entrevoit comme source possible du Mal ou du fascisme sans en peindre un trait trop grossier. Un bon sujet d’article, mmm…

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