Aujourd’hui, nous allons aborder Blade Runner, l’une des dystopies les plus célèbres, surtout via son adaptation cinématographique. Et j’ai galéré à l’écrire car je ne savais pas si je devais plutôt traiter le livre, le film ou le lien entre les deux. Car les deux oeuvres diffèrent sur pas mal de points. Je vais avoir le même problème sur Total Recall, je pense choisir le film avec Schwarzenegger parce que je l’aime vraiment bien. Contrairement à l’effroyable version de 2012. Mais aujourd’hui, on va se demander si les androïdes rêvent de moutons électriques. Même si dans le film, y a pas de mouton.
Un univers bien déprimant
Alors on commence par l’histoire. Dans le futur (2019…), on découvre un univers sombre et humide où les animaux ont quasi tous disparu. La technologie, elle, n’a pas arrêté son progrès et l’humanité à créé des Réplicants, des sortes d’androïdes qui vont servir d’esclaves. Au début du film, on apprend donc que quatre d’entre eux se sont évadés et ont débarqué sur Terre à Los Angeles. Le blade runner Rick Deckard, sorte de chasseur des Réplicants, doit donc traquer les quatre fugitifs pour les éliminer.
Les Réplicants sont partout
On va donc suivre Deckard d’un côté et les quatre Réplicants de l’autre, menés par Roy Baty. Alors que Deckard se rend chez Tyrell, l’entreprise qui a conçu nos androïdes, il rencontre Rachael, une employée à qui il fait passer un test permettant de déterminer qui est humain et qui est Réplicant. Et, surprise, Rachael est une Réplicante qui s’ignore ! Même si Deckard se montre désagréable avec elle et la contraint plus ou moins à avoir des rapports sexuels, elle choisira son camp, allant jusqu’à supprimer un Réplicant pour sauver Deckard.
Qui est le plus humain ?
Tout au long de ce film, on oppose les univers. Les bureau inondés de lumière de Tyrell vs les rues sombres de Los Angeles. L’inhumanité relative des Réplicants qui, petit à petit, s’humanisent peu à peu. Si Rachel est d’une froideur remarquable au début du film, on la découvre peu à peu sous un jour plus chaleureux via sa liaison avec Rick. Si les Réplicants sont plutôt flippants en début de film, notamment via leurs pupilles luminescentes comme les animaux nocturnes, on les découvre effrayés à l’idée de mourir et la dernière scène de Roy Batty est bouleversante. Scène qui raisonne en creux avec le manque d’empathie de Deckard, censé être humain. Je reviens dessus juste après.
Le refus de la mort
Car Blade Runner pose la question des sentiments des androïdes. Ils sont identiques au humains sauf que leur vie est limitée à une poignée d’années pour éviter qu’ils ne s’humanisent. Sauf qu’ils ont une conscience aiguë de leur existence et donc de leur mort prochaine. Et ils tentent à tout prix de trouver une façon de gagner quelques années. Qu’y a-t-il de plus humain que de craindre sa propre mort et d’essayer à tout prix de repousser l’échéance. Les Réplicants, en particulier Roy et Pris semblent passer par les stades classiques du deuil. Jusqu’à la renonciation.
Je préfèrerais que Deckard ne soit pas un Réplicant
Je trouvais intéressant, ces Réplicants plus humains que les humains comme Deckard sauf que… Si le film est discret sur le sujet, Ridley Scott a toujours décidé que Deckard était Réplicant, glissant deux ou trois indices dans le récit, ce que refusait résolument Harrison Ford qui voulait un personnage “gentil”. Alors… Je trouve Deckard complètement horrible. Le film date du début des années 80 où on nimbait l’homme qui force un baiser d’une aura de virilité. Comme… Harrison Ford dans Star Wars qui contraint Leïa et dans l’un comme dans l’autre, la femme tombe ensuite amoureuse. Yay… Cependant, dans le roman aussi, Deckard force Rachel. Mais personnellement, j’ai envie de croire que Deckard est un humain car le contraste avec les Réplicants, conscients de leur vie et de leur mort, n’aurait été que plus fort. Surtout si on y ajoute leur relative peine quand l’un d’entre eux disparaît alors qu’ils sont censés ne ressentir aucune empathie ou les sentiments amoureux (à peu près) de Rachel pour Rick.
Des androïdes sont-ils plus humains que les humains ?
En somme, le film nous interroge sur l’âme dans les créatures créées par l’humanité. A l’instar de Sonmi dans Cloud Atlas ou Arisa dans Better than us, par exemple. Et le manque d’empathie des humains pour leurs propres créatures qui peuvent mourir ou être abusés sans que cela fasse sourciller. Parce que moi, en tant que spectactrice, ça me touche toujours, la mort de ses êtres qui voulaient juste vivre la vie qu’ils méritaient plutôt que de passer leur existence et mourir en esclavage.
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