2053 Shira Haas as DS Maplewood Bodies, la saison 1 (mini-série) est diffusée à partir du 19 octobre 2023 sur Netflix

Bodies, la parfaite utopie construite sur des cadavres

Pour bâtir une société bienveillante et solidaire, quel prix est-on prêt à payer ? Un dilemme posé par Bodies. Avec du voyage dans le temps.

Ça faisait quelques temps que la série Bodies me faisait de l’œil, essentiellement pour sa partir futuriste car je pensais qu’il s’agissait d’une dystopie. Et bien non, c’est plutôt une utopie. C’est souvent compliqué à raconter, une utopie. Que dire d’une société apaisée ? On peut la traiter sous le prisme du reportage journalistique, d’une chronique. Où on peut poser la question : quel a été le sacrifice fait par l’Humanité pour en arriver là ? Souvent, celui des passions humaines, une paix sociale purement chimique. Dans Bodies, le sacrifice fut plus littéral.

Bodies, une série mystérieuse sur Netflix

L’histoire. Un cadavre est trouvé dans une rue de White Chapel. En 1890. Puis en 1941. En 2023. Et en 2053. Le même cadavre. Le même homme avec un oeil crevé par une balle de revolver. Quatre inspecteur, Hillinghead, Whiteman, Hasan et Mapplewood débutent l’enquête. Et vont vite découvrir qu’il ne s’agit pas d’un simple crime mais d’une histoire de voyage dans le temps.

Hillinghead dans Bodies

A partir de là, je vais devoir spoiler pour développer mon point donc si vous n’avez pas vu la série et que vous voulez la regarder, arrêtez cet article ici. Et lancez la série, ça ne dure que 8 épisodes et on devrait reprendre une vie sociale bientôt. Je vais balayer rapidement le point voyage dans le temps car ce n’est pas tant mon sujet. C’est plutôt bien fait avec des mouvements superposés un peu comme dans Cloud Atlas, même si c’était mieux géré dans ce dernier. Il y a toujours une temporalité un peu bizarre puisque Mapplewood vit dans un Londres totalement futuriste qui a poussé en 30 ans. Ok, on apprend très rapidement que Londres a été détruite par un énorme attentat… mais la ruelle de White Chapel va bien, merci. Ok, admettons.

Bodies Netflix

L’univers futuriste que l’on nous présente semble particulièrement martial. Iris Mapplewood rend des comptes à un général, la nouvelle société s’appelle l’Ordre. Et quand Iris regarde dehors, c’est tout le temps la nuit. Le soleil n’existe pas en Dystopie, sauf pour les plus fortunés. La partie futuriste de Bodies est très marquée par les esthétiques de Blade Runner ou Minority report. Il y a notamment une scène étrange où Iris se rend à l’hôpital, un homme est en train d’être opéré dans une sorte de cube de verre, ses constantes diffusées partout sur les parois. Outre le fait que c’est tellement pas pratique de lire des constantes sur des parois en verre que personne ne le fait, bravo le respect de l’intimité. 

Bodies, partie futuriste

Et pourtant, au fur et à mesure de l’avancée du récit, on découvre une société bienveillante et solidaire où chaque personne se salue d’un “sachez que vous êtes aimé·e”. Oui, on pourrait objecter que ça vire vite au creux, tout ça. Comme nos “ça va, oui, et toi ?” qui ne sont que pure politesse et dont on n’attend qu’un “Oui, merci.” Il n’y a qu’aux proches qu’on a le droit de répondre non ou bof. Bref, on touche là un point crucial dans cette série. On apprend rapidement qu’il y a une résistance contre l’Ordre. Résistance qui va essayer de débaucher Iris qui ne comprend d’abord pas pourquoi on lutterait contre l’Ordre. C’est plutôt sympa, une société basée sur le respect et la bienveillance, où personne n’est laissé sur le bord de la route. Sauf que cette société est née sur les ruines d’un Londres pulvérisé par une bombe…posé par le fondateur de l’Ordre. 500 000 morts pour faire naître une utopie, c’est un peu cher payé, non ?

Charles Whiteman dans Bodies

Evidemment, Iris va devoir gérer son dilemme et je ne vous en dirai pas plus parce que j’en ai déjà dit beaucoup. Mais j’ai trouvé intéressant cette question d’une utopie née d’un massacre. Si on avait les moyens, retournerait-on en arrière pour sauver un demi-million de gens ou se dirait-on que le résultat valait bien ces débuts sanglants ? Quoi qu’il en soit, ça fait cher la faille narcissique, finalement. Bon, après, la société où vit Iris reste très sombre et on n’en sait finalement pas beaucoup plus dans la série. Du coup, faudrait que je trouve le comic pour mieux saisir cette société.

Bref, j’ai bien aimé Bodies, malgré quelques défauts. Ca m’a évoqué Cloud Atlas mais aussi Dark avec l’idée d’une boucle temporelle ou encore La Carte du temps, un roman avec des histoires de voyage dans le temps avec une partie qui se passe à White Chapel, aussi. Livre que je recommande peu parce que de bonnes idées ne font pas toujours un bon roman. Par contre, la série se termine sur un cliffhanger et… je me serais bien arrêtée là, plutôt. Allonger la sauce, pas toujours une bonne idée.

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