En dystopie, il n’y a plus de ciel

Et si, dans le futur, nous ne pouvions plus jouir du ciel ? Cette perspective terrifiante et finalement assez courante dans les récits dystopiques.

Je me lance dans une nouvelle série d’article qui va tenter d’isoler quelques ingrédients assez classique des dystopies. Comme j’avais pu le faire sur le sujet de la télé-réalité. Parce que quand on aime les dystopies, on finit par repérer deux ou trois patterns. Comme par exemple la question du ciel. Le ciel genre le truc parfois bleu qu’on a au-dessus de nos têtes. Oui car souvent, en Dystopie, les habitants en sont privés.

Ciel tourmenté d'orage

Une volonté esthétique

C’est souvent une volonté d’ambiance avant tout. Les dystopies très futuristes aiment la nuit, c’est comme ça. Souvent pour nous caler des néons fluos partout et des écrans qui parlent, façon Tokyo… Blade Runner ou encore Altered Carbon. Il est assez intriguant de noter que plus il existe de véhicules pouvant se déplacer dans les airs, plus on va croiser une nuit perpétuelle. Ou un jour particulièrement gris. Ca aussi, c’est une marque forte des sociétés futuristes dystopiques : il devient difficile de discerner le jour de la nuit. Comme dans Starmania où Monopolis est la ville où le jour est gris, la nuit est bleue. 

Starmania, affiche 94 Mogador

Le ciel, un vrai luxe

Mais la privation du ciel n’est pas qu’esthétique, elle ne sert pas simplement à poser une ambiance. Starmania, justement, décrit une ville tout en verticalité où la hiérarchie sociale suit cette tendance. Le magnat Zéro Janvier vit au sommet de la Tour dorée, au 121e étage, alors que les prolétaires comme la serveuse ou les zonards vivent dans des souterrains. C’est le bureau Tyrell baigné de soleil dans Blade Runner. On retrouve fugacement cette dichotomie dans le Cinquième élément. Film très intéressant à disséquer pour retrouver pas mal de poncifs des dystopies, d’ailleurs. Si Corben et son taxi évoluent en plein jour au sommet, il doit rapidement plonger au plus bas pour se cacher de la police au milieu des ordures… et de la nuit perpétuelle. Autre cas où les pauvres sont privés de lumière du jour : Final Fantasy VII. Les plus démunis vivent dans des quartiers situés sous d’immenses plaques sur laquelle est bâtie la partie la plus chic de la ville. Plaque qui s’écrasera sur les taudis pour écraser, littéralement, la révolte. 

Blade Runner, colométrie

Lutte des classes ou catastrophe écologique

La privation de ciel et de notion de temps est souvent, à lui seul, un motif d’angoisse et de cauchemar. Cf les dystopies confinées comme Silo, Métro 2033 ou Abri 19. Il y a un véritable tournant de l’écriture sur cette privation du ciel. Au XXe, siècle, c’était surtout le fait de société ou de dirigeants qui choisissaient de se tailler une place au soleil tandis que la classe laborieuse trimait à l’ombre, depuis les années 2000, un virage s’opère. La privation du ciel est désormais affaire de catastrophe, souvent nucléaire, ultime stigmate de la folie des hommes ou d’une catastrophe écologique mal maîtrisée (SnowPiercer). Parfois, le ciel est illusion comme dans Matrix ou de fait, les hommes vivent enfermés sans le savoir… Ou dans le Labyrinthe ou, pour désorienter les participants ne se rendant pas compte qu’ils n’ont qu’un plafond au-dessus de leur tête, soudain, le jour ne vient plus. 

Le CNIT à la Défense
Le CNIT à la Défense m’a toujours fascinée pour ça

Un grand péril

Quelle que soit son origine, la privation du ciel raconte peu ou prou la même histoire. Celle de l’humanité dépassée par un progrès qui, mal maîtrisé, détruit l’environnement ou crée une fracture sociale si profonde que les plus pauvres n’ont même plus droit au plaisir simple de regarder le ciel. Et on retrouve souvent chez les personnages ayant perdu la lumière du jour un désir de retour à la nature comme la serveuse automate qui veut aller cultiver ses tomates dans Starmania. Les personnages de Silo qui se réunissent à la cafétéria pour voir l’extérieur via des caméras, certains finissant par exprimer le désir de sortir, même si cela les conduit à une mort certaine. 

Déjeuner sus le ciel bleu, un luxe dans le futur ?

Profitez de l’azur

En sortant faire vos courses, votre promenade ou aller au travail tout à l’heure, levez les yeux au ciel et admirez. Car dans les avenirs sombres, ce ne sera pas donné à tout le monde.

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