Ingrédient de dystopie : le cataclysme

Parmi les différents ingrédients pour une dystopie, le cataclysme peut permettre de poser la question d’un nouvel équilibre de pouvoir.

J’ai le goût du post-apo. J’aime que l’on me parle des sociétés d’après, de civilisations qui survivent plus ou moins après que les cartes aient été violemment rebattues. Les dystopies partent souvent d’un élément de la société qui a évolué. Une nouvelle technologie qui modifie les habitus des Humains. Une vieille guerre qui a donné le pouvoir à des gens bien décidés à le garder, des machines qui ont esclavagisé les Humains, des survivants qui évoluent en vase clos comme un Silo géant ou des stations de métro. Bref il faut une cause pour basculer nos sociétés telles que nous les connaissons. Et souvent le cataclysme est une bonne façon de replacer la civilisation sous la loi de la jungle. Les plus forts ou les plus malins d’abord. 

Figurines Warhammer réalisées par Dans ma Vitrine
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L’exemple du Feu de Dieu

Je viens de terminer Le feu de Dieu de Pierre Bordage qui n’est pas une dystopie à proprement parler. C’est du pur survivalisme mâtiné d’ésotérisme. Je n’avais pas prévu d’en parler ici et pourtant, ce roman m’a donné matière à réfléchir. En plus de me faire furieusement penser à Ravage dans sa partie Paris dévasté et transhumance vers le sud dans un pays ravagé. Et comme dans Ravage, Pierre Bordage ne prendra pas la peine de nous expliquer l’origine du cataclysme qui frappe la Planète. Ce qui ne me dérange pas en soi. Je dirais même que c’est plutôt un bon réflexe si l’explication scientifique risque de nuire au récit. Tout expliquer n’est pas toujours une bonne idée. Dois-je encore évoquer les midi-chloriens ?

L'Etna aux airs de cataclysme

Différentes nuances de communautés survivalistes

Le Feu de Dieu a donc sa propre histoire de cataclysme mais on va y retrouver des ingrédients intéressants pour des dystopies. Si vous voulez écrire une dystopie, prenez note ! Dans le Feu de Dieu, on va suivre deux histoires en parallèle : celle de Frantz et Souria qui descendent de Paris à Limoges pour retrouver le Feu de Dieu, sorte de bâtisse solide dans laquelle Frantz avait établi une communauté survivaliste. De l’autre, on suit les survivants du Feu de Dieu à savoir Alice, la femme de Frantz, ses deux enfants Zoé et Théo puis Jim, trentenaire “parasite”. Alors que Frantz va côtoyer plusieurs communautés, le reste de sa famille va devoir ruser pour survivre à Jim qui ne respecte aucune des règles de survie et plie le Feu de Dieu à ses besoins, y compris sexuels. Frantz de son côté, va côtoyer différentes communautés qui vont choisir soit la solidarité soit la brutalité pour survivre.

Walking Dead : the world beyond

Ce que le pouvoir fait aux Humains

Car les dystopies nous parlent aussi souvent de ça : comment les Humains gèrent le peu de pouvoir qui leur est donné. Le cas de Jim est traité sans nuance : il sait qu’il domine le reste des Habitants du Feu de Dieu et n’hésite pas à faire preuve de violence pour imposer ses règles. Les communautés croisées par Frantz vont habiller cette histoire de plus de nuances. Certains vont choisir la solidarité et l’entraide, d’autres vont s’organiser en sorte de milices militaires. On a aussi ceux qui vont ruser pour s’assurer de leur survie. On pourrait presque reprendre les différentes communautés ou archétypes croisés pour les remettre tels quels dans l’univers de The walking dead, par exemple. Jim étant une sorte de Negan en moins fûté. Negan terrorise les siens mais il fait en sorte de leur donner de la nourriture et de la sécurité pour éviter les révoltes.              

Negan le vilain

De la hiérarchie de ces nouvelles sociétés

J’aime voir les dystopies comme une interrogation profonde d’une vie acceptable pour l’Humanité. Les fausses utopies tournent beaucoup autour de ça : doit-on accepter de sacrifier nos passions pour vivre dans des sociétés apaisées ? Souvent à l’aide de quelques drogues ? Cf Un bonheur insoutenable et Le passeur. Mais les dystopies nous parlent aussi d’un autre aspect, plus politique. Le pouvoir corrompt l’Humain. Ce n’est pas pour rien que les fausses utopies sont fortement hiérarchisées : chacun sa place selon des algorithmes prédéfinis. Le pouvoir n’est pas confisqué, il est donné aux Humains qui semblent les plus aptes à mener les autres. Le cataclysme n’offre pas ce luxe. Il bouleverse la donne et les plus forts vont prendre le lead parce que plus rien ne les en empêche. Et une fois que le pouvoir est installé, il est difficile de le faire tomber. 

The Handmaid tales à Washington

Comment le pouvoir se met en place dans une civilisation en péril

Bref, même si le Feu de Dieu ne nous prévient pas vraiment d’un péril pour nos sociétés, il nous offre quelques ingrédients intéressants sur l’exercice du pouvoir dans une civilisation en péril. Car après tout si dans des sociétés post-cataclysmique, la violence est réelle, on peut appliquer ses schémas à des sociétés dystopiques peu démocratiques. Où souvent le pouvoir fait preuve de violence via ses bras armés ou ses lois iniques. 

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