V, une métaphore sybilline du fascisme

Une invasion extraterreste, une dystopie ? Sauf que l’ histoire de V, c’est celle du fascisme qui s’installe et une résistance qui s’organise.

Quand je cherche des sujets pour mes chroniques, j’ai tendance à me concentrer sur ce que je lis ou regarde en ce moment. A savoir pas grand chose au vu de ma vie professionnelle beaucoup trop intense. J’ai donc souvent tendance à négliger certaines œuvres matées dans le passé et qui auraient parfaitement leur place ici. Comme V. Quoi ? Des extraterrestres lézard, c’est de la dystopie ? Laissez-moi donc reformuler. Des envahisseurs surpuissants débarquent et jouent tour à tour les cartes de la séduction et de la terreur, tous vêtus du même uniforme. Si c’est pas une métaphore du fascisme avec un beau message de prévention, je ne vois pas ce que c’est. Donc c’est parti pour parler de V. 

V, série culte des années 80

Des envahisseurs pas si sympas

L’histoire : un beau matin, la planète se réveille avec des vaisseaux extraterrestres au-dessus des principales villes. Des extraterrestres sont dans la place mais ça va, ils ont l’air sympa. Ils annoncent des intentions pacifiques, sont tous très beaux et veulent même faire profiter l’humanité de leur technologie, bien plus avancée que la nôtre. Dans un premier temps, les Humains sont séduits et les extraterrestres sont accueillis à bras ouverts. Mais quelques Humains découvrent qu’en fait, les extraterrestres sont d’horribles créatures reptiliennes et que leurs intentions sont plus que sombres. Ils ne sont pas là pour aider l’humanité mais pour piller les ressources de la planète. Face à cette effroyable réalité, les Humains organisent la résistance. 

V, les résistants

La résistance face à une puissance démesurée

J’ai découvert la série assez jeune, encouragée par un cousin plus âgé qui aimait bien nous montrer des films d’horreur. J’ai par exemple été traumatisée par Simetierre, maté alors que je devais avoir une dizaine d’années. Donc une série avec des individus lézard, ça rentrait dans la catégorie « ça fait peur ». Et je me demande si cette série n’est pas un angle essentiel dans la construction de mon imaginaire sur les sujets de résistance sur lesquels j’ai écrit mille histoires. Parce que V, c’est ça pour moi : l’histoire d’individus normaux qui se dressent contre un pouvoir fasciste et surpuissant. Comment se battre face à des ennemis qui vous surclassent sur tous les plans. Comment ne pas abandonner ? 

Lutter contre la propagande

Manipuler les médias pour se donner une bonne image

V est une œuvre éminemment politique. Elle nous prévient des risques de donner le pouvoir à n’importe qui. Méfiez-vous des promesses trop belles. Dans le reboot de 2009, le message est parfaitement établi : les extraterrestres veulent soumettre les Humains mais ils y vont d’abord en douceur. Offrir une technologie qui va permettre de sauver une région pauvre d’inondations ravageuses. On voit la cheffe des extraterrestres, Ana, expliquer à son lieutenant qu’il faut mettre cet événement en avant, montrer leurs bonnes intentions. Manipulation des masses par les médias, volume 1. La métaphore des masques de peau arrachée est peu subtile. Un des grands moments du téléfilm original, c’est quand Julie révèle que sous les beaux visages des extraterrestres se cachent d’effroyables créatures reptiliennes. Ils ne sont pas ce que l’on croit qu’il sont. 

V : les extraterrestres sont des reptiliens

Une invasion sans violence

La résistance devient dès lors une excellente occasion pour les extraterrestres de prendre le pouvoir et faire patrouiller dans les rues leurs propres soldats. L’état fasciste s’étale peu à peu, avec l’acceptation plus ou moins tacite des États qui ne voient de toute façon comment lutter face à une telle puissance. Sans parler de ceux qui y trouvent leur compte par la collaboration. V ne raconte pas une simple invasion extraterrestre comme un Indépendance Day, Mars Attack ou La guerre des mondes. Ici, nos sociétés ne sont pas détruites, elles sont occupées. La vie quotidienne se poursuit bon an mal an. Seuls quelques individus refusent la fatalité et décident de se battre. Surtout que la plupart des gens n’ont pas conscience du réel but des extraterrestres et ne perçoivent pas le péril. 

Julie et Mike dans V

Kitsch mais essentiel

Bref, V est une excellente fiction sur le risque fasciste qui arrive sous ses plus beaux atours et endort suffisamment la population pour que l’occupation soit plus ou moins acceptée. Dans toutes les œuvres racontant l’histoire de V, les Humains poursuivent leur vie quotidienne. Même si, dans la série originale, certains Humains sont placés dans des camps et réduits en esclavage dans des mines de cobalt. Bref, j’ai envie de remater V parce que derrière les effets kitsch très 80, il y a un vrai propos. Et je reste dégoûtée que le remake de 2009 se concentre plus sur le sexyness de ses personnages que sur son intrigue. Ou celui de 2019… Mais si ! Ça s’appelle Colony, y a de grosses têtes d’affiches pour les sérivores. Genre Sawyer de Lost, Lorie de The Walking Dead et même la russe plantureuse de The mentalist. Mais restez sur V, la série originale. On n’a jamais fait mieux et y a Mickaël Ironside (Starship Troopers ou Total Recall) dedans. Et Robert Englund, l’interprète de Freddy ! La tension érotico-amoureuse entre Mike et Julie est super bien écrite, Diana est parfaite dans son rôle de dirigeante cruelle. Et le traitement de la résistance entre les Humains et la 5e colonne côté extraterrestre est incroyable. 

Lydia vs Diana, les ennemies mortelles

Mais je ne suis peut-être pas objective…

Enfin, je vous dis ça…  Il est possible que la nostalgie me fasse parler. Mais ce n’est pas juste une histoire de lézards humanoïdes qui portent des masques en latex. C’est tellement plus. 

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