On a beaucoup écrit sur Starship Troopers, film ô combien controversé de Paul Verhoeven. Génie incompris ou nanar assumé, j’ai envie de dire… ça m’est égal, c’est pas du tout de ça dont je veux parler. Non, ici, on ne parle pas cinéma mais dystopie. Et si Starship Troopers reste un Space opera sauce salée, il décrit un fonctionnement de société hautement dystopique. Brossé par petites touches, il est, pour pas mal d’admirateurs de ce film, le véritable sujet du film.
De beaux jeunes gens qui s’engagent dans l’armée
L’histoire : on suit les aventures de Carmen, Johnny et Carl à la sortie de leurs études. Nos trois amis, beaux et avec des sourires pleins de dents blanches décident de s’engager dans l’armée. Car si, sur la Terre, la paix semble régner, il y a comme un souci. Sur une lointaine planète, des insectes géants et dégueus nous envoient des astéroïdes. Pourquoi ? Et bien on ne sait pas mais on va aller leur botter le cul. Et ça a des avantages de tabasser des insectes géants. En effet, dans un monde aussi parfait et merveilleux, la citoyenneté n’est accordée qu’à ceux qui vont se battre. En résumé : le pouvoir est complètement concentré entre les mains d’une seule corporation.
Un monde où tout est beau…
L’univers de Starshop Troopers représente un contraste très violent. D’abord entre la Terre, petit havre de paix où tout le monde est beau. A deux ou trois mutilés de guerre près. Tous les Terriens ne choisissent pas de devenir citoyens. C’est le cas par exemple des parents de Johnny qui, en bon pacifistes, refusent la guerre. Ils aimeraient que leur fils aille se dorer la pilule à la plage plutôt que d’aller éclater des arachnides à l’autre bout de l’espace. Littéralement. Papa et maman vivent dans l’opulence et dans une très belle maison, ce qui tend à prouver que l’argent n’est plus un enjeu sociétal. Les films de propagande de l’armée semblent montrer une société où les enfants ont les yeux qui brillent devant les militaires et rêvent d’une carrière similaire. Ca brille, ça sourit Colgate, ça fait rêver.
Et on plonge dans l’horreur de la guerre. Surtout via Johnny et Carl qui, eux, se la mangent de front avec des bestioles assez répugnantes. La vie des militaires n’est pas tout belle et encore moins toute propre. Les bestioles ont tendance à faire gicler des substances visqueuses recouvrant nos personnages dès qu’ils partent au front. Et ça, c’est la version sympa de ce qui peut vous arriver puisque pas mal de militaire vont perdre un membre ou deux, voire la vie. Et tout ça pour rien ou presque. La plupart des personnages que l’on suit, s’ils survivent, partent pour un long combat qui devrait les diminuer. Comme on peut le voir en début de film avec la kyrielle de profs défigurés qui peuplent l’école de nos héros. Accéder à la citoyenneté, mais à quel prix et pourquoi ?
Comme un goût de fascisme
Car Starship Troopers racontent aussi une histoire de pouvoir aveugle. On ne sait pas bien qui dirige et, d’ailleurs, niveau militaire, les chefs sont souvent très jeunes. Car l’espérance de vie est pour le moins limitée. Machin et Carmen progressent rapidement dans la hiérarchie… parce qu’ils survivent à leurs chefs qui n’auront pas eu leur chance. Et pour accentuer ce pouvoir peu éclairé et dictatorial, on va avoir Carl. Au fur et à mesure qu’il prend du galon, il va se choisir de beaux imperméables en cuir très en vogue en Allemagne dans les années 40. Subtilité…
Une histoire de propagande
Starship Trooper est construit en écho : la propagande d’un côté et la réalité de l’autre. On est dans l’Oncle Sam qui a besoin de vous. Qui envoie des gamins qui espèrent avoir fait un choix de vie judicieux se faire massacrer. Remplacez les insectes par des soldats allemands ou des Vietcong, vous vous retrouvez dans tous les films antimilitaristes des années 80 à 2000. Et sans doute au-delà mais je ne suis pas une grande cinéphile. Le film se moque de l’écart entre ce qui est promis (beaucoup) et ce qui est obtenu (la mort à plus ou moins brève échéance). C’est d’ailleurs le message des parents de Johnny qui voudraient que leur fils choisisse une voie plus oisive et moins dangereuse. Au premier degré, on dirait des bourgeois peu préoccupés par l’état du monde autour d’eux. Sauf qu’à l’arrivée, la lutte ne paie pas forcément non plus. A la fin du film, rien n’est réglé. Ils ont juste attrapé une grosse araignée et la guerre est loin d’être gagnée. Mais la propagande fonctionne du tonnerre.
Une dystopie pur jus
Bref, Starship Troopers dépeint un monde militaire effrayant derrière sa façade attrayante et se révèle, pour peu qu’on prenne le temps de s’y arrêter, un excellent pamphlet anti-autoritaire comme seules les dystopies peuvent nous l’offrir. Ah oui, j’avais dit que la qualité du film n’était pas mon propos mais… si on se concentre sous le sous-texte, c’est vraiment un film qui mérite plus que tous les quolibets qu’il a ramassé à sa sortie.
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