Metropolis, la dystopie légendaire 

Parmi les dystopies qui ont marqué durablement l’histoire culturelle, il y a Metropolis. Un film qui a dicté de nombreux codes.

Le patrimoine culturel est toujours empli d’histoires étonnantes. De films qui ont relativement bidé à leur sortie mais qui sont devenus cultes par la suite. Blade Runner, Les fils de l’homme, Fight club. Qui n’est certes pas une dystopie. Quoi qu’il faudrait que je me repenche dessus, pour voir… Et parmi les films qui n’ont eu que peu de succès à la sortie mais qui sont rentrés dans l’histoire culturelle, il y a Metropolis. Un bijou d’expressionnisme allemand si on aime le genre. Mais surtout les prémices d’un genre qui allait marquer le genre dystopique pour toujours : la ville futuriste et titanesque.

Metropolis de Fritz Lang

L’histoire. La ville de Metropolis est organisée par strates. Dans les sous-sols, les ouvriers qui travaillent sans relâche sur de terribles machines pour faire fonctionner la ville. Au sommet, les paradis éternels, sorte de jardins où s’ébat la jeunesse dorée. Notamment Freder Fredersen, fils d’un gros capitaine d’industrie qui aime battre les autres à la course et tripoter des jeunes filles au bord d’une fontaine. Mais un jour, la douce et prolétaire Maria monte avec une douzaine d’enfants aux paradis éternels pour présenter à la marmaille “vos frères, vos soeurs”. Touché par la beauté de Maria, Freder va tenter de la retrouver dans les bas-fonds.

Maria dans Metropolis

Freder va donc assister à un terrible accident d’usine. Puis remplacer un ouvrier avant de retrouver Maria, figure de proue d’un mouvement ouvrier motivé à tout casser. Maria les exhorte à se calmer et attendre celui qui va permettre la concorde entre les mains et la tête. Un élu, en quelques sortes, oui. En parallèle, dans les hauteurs, Joh Fredersen, père de Freder, se voit offrir une androïde par un savant fou. Celui-ci souhaite lui donner le visage de Hel, la défunte épouse de Joh. Mais ce dernier choisit plutôt de lui donner le visage de Maria. Il espère ainsi que l’androïde encouragera les ouvriers à se rebeller, ce qui permettra de les brimer durement et leur faire passer l’envie de se révolter.

L'androïde de Metropolis

Une mégapole avec les riches au sommet et les pauvres dans les sous-sols, c’est un grand classique de la dystopie. On l’a dans quasi toutes les dystopies nous offrant une cité du futur : Le cinquième élément, Blade Runner, Midgar de Final Fantasy VII, Starmania, bien sûr. Dans Starmania, la ville s’appelle Monopolis, y a pas à chercher bien loin. Dans les dystopies, seuls les plus aisés ont droit au ciel et au soleil. Metropolis a eu un impact fort dans son architecture sur la culture populaire et notamment dystopique. Outre Blade Runner qui a calqué la tour du commissariat sur l’une des tours de Metropolis, on peut retrouver des éléments dans Dark City, Bioshock. Et évidemment, le nom est repris tel quel dans Superman. D’ailleurs, la ville de Metropolis, le film, est indirectement inspirée de New York et de sa skyline. Et comme on associe souvent la Metropolis de Superman à New York, la boucle se boucle. On note également des transports aériens et des avions dans la ville, autres éléments quasi incontournable de l’imaginaire des villes du futur.

Metropolis

Autre thème majeur : la lutte des classes avec, notamment, une révolte qui gronde dans les entrailles de la ville. Le film ne fait pas dans le subtil : les ouvriers triment et meurent, littéralement, à l’usine, épuisés par des rythmes intenables qui provoquent de nombreux accidents, tandis que les riches ne… font rien ou à peu près. Si Joh Fredersen semble vaguement occupé, plus à espionner ses ouvriers qu’à mener son entreprise, Freder va et vient de haut en bas sans que son absence semble déranger quelqu’un. Il n’est destiné à rien, si ce n’est hériter, un jour, de l’entrepris familiale. Sans qu’il n’ait l’air trop au courant de ce qu’ils font. SI la colère des ouvriers semble, dès lors, légitime, elle est cependant tempérée par la douce Maria et le film va, dans l’acte III, nous montrer les lourdes conséquences d’une révolte. Du coup, si le film nous présente la fin, un accord entre toutes les parties, comme un happy end, je la trouve très amère puisqu’entre temps, les ouvriers ont tout perdu…

L'usine de Metropolis

Enfin, autre thème dont je parle très souvent ici : les androïdes ! Metropolis nous propose déjà un prototype d’androïde plus vraie que nature dès 1927 ! Une androïde ultra-connue, notamment grâce à Queen et son Radio gaga. Et moi-même, très longtemps avant de voir le film, je n’avais comme image que ce robot un peu flippant… Alors que l’androïde n’apparaît sous cette forme que quelques minutes. Car il va vite prendre les traits de Maria pour se faire passer pour elle. Une Maria très souple et quelque peu lascive qui va mettre le feu, métaphoriquement, à un cabaret des riches. Avant de descendre dans les entrailles de la ville mettre le feu aux poudres. La version androïde de Maria est très exaltée et semble ne pas prendre la pleine mesure de ce qu’il se passe, riant aux éclats quand on la met au bûcher. Mais ici, elle ne donne pas tant l’impression d’une IA froide, plus celle de la folie.

Maria danse au cabaret

Bref, Metropolis est un film visionnaire qui donne les bases de très nombreuses dystopies qui vont exploiter ces univers de cités gigantesques à l’organisation très verticale. On y retrouve des thèmes encore très d’actualité, notamment celle des robots et du potentiel danger qu’ils représentent. Metropolis est sans doute un classique à découvrir. D’autant qu’il est disponible dans son intégralité sur Youtube et même en version colorisée. Une vraie pépite à découvrir. Mais pour illustrer l’impact de Metropolis dans la culture populaire, je vous parlerai semaine prochaine d’un autre Metropolis, pas celui de Superman, non. Plutôt celui d’Astro… le petit robot.

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