Mon histoire avec Metropolis n’a pas commencé avec Fritz Lang, non. Elle a commencé en 2001, au cinéma Utopia à Toulouse avec le Metropolis animé de Rintaro, adaptation du manga du même nom d’Osamu Tezuka que ceux de ma génération connaissent surtout pour Astro, le petit robot. A l’époque, je croyais à une adaptation stricto sensu de l’oeuvre originale mais non. Tezuka et Rintaro repartent bien de la ville de Metropolis de Lang mais pour nous proposer une autre histoire. Moins de lutte de classe pour plus de robotique.
Androïdes et trafic d’organe
L’histoire. Le jeune Kenichi débarque à Metropolis avec le détective Shunsaku dont il est l’assistant. Leur mission : mettre fin à un trafic d’organe au coeur duquel se trouve une sorte de savant fou, le docteur Laughton, fabriquant des androïdes plus vrais que nature. Sans le savoir, Kenichi et Shunsaku vont se retrouver au coeur de luttes de pouvoir. Et Kenichi va se retrouver, malgré lui, à sauver une jeune fille mystérieuse, Tima, qui se révèle être l’androïde le plus abouti de Laughton.
Une technologie potentiellement mortelle
A travers ce court synopsis, vous reconnaissez la partie robotique de Metropolis avec un docteur un peu fou et une androïde. Mais la comparaison va vite s’arrêter. Tima n’est pas le clone robotique d’une égérie de la révolution des bas-fonds. Elle est la copie de la fille morte du Duc rouge, homme surpuissant de la ville qui veut asseoir l’androïde sur le trône et prendre le pouvoir. L’androïde perd son statut de leurre pour devenir… une véritable arme. Ici, le propos sur la technologie potentiellement dangereuse est au coeur du récit puisque Tima va se révéler potentiellement mortelle pour Metropolis.
Une organisation très verticale
Metropolis, justement, parlons-en. La ville est magnifique, la plus grande réussite du film, je dirais. Dans un style art déco baignée de musique jazz. Au début du film, Kenichi et Shunsaku débarquent en ville et on découvre avec eux les splendeurs de la mégalopole. Tout y est magnifique et gigantesque, un décor dont on ne se lasse pas. Mais diverses péripéties vont faire chuter Kenichi dans les bas-fonds, là où la ville est bien moins rutilante. On retrouve ici l’organisation très verticale de la ville. En haut, les splendeurs paradisiaques dont la Ziggourat, la tour du duc rouge où se trouve le futur trône de Tima et symbole de la puissance du duc. Tout en bas, les égouts et poubelles, peuplés uniquement de robots chargés de nettoyer les ordures. Au milieu, une population laborieuse et épuisée qui a le goût de la révolte.
Ouvriers contre robots
Cette Metropolis là est beaucoup plus robotisée que celle de Lang et c’est un élément important du récit puisque les populations laborieuses, plus que d’être fâchées contre leurs bourreaux, s’en prennent violemment aux robots qui leur volent leur travail. Un glissement sémantique que je trouve très intéressant. Lang a sorti Metropolis à peine 10 ans après la révolution d’octobre en Russie. Il n’existe pas d’intermédiaire entre les ouvriers et leurs patrons, leur colère est donc directement dirigée contre ceux d’en haut. Depuis, la colère s’est déportée sur ceux qui pourraient menacer notre revenu, les gagne encore plus petit. La haine des robots s’illustre à travers le sort funeste d’Atlas, un robot détective qui seconde Shunsaku.
Androïde ou humaine ?
En partant d’une dystopie parlant de luttes de classe et de lutte de pouvoir, ce Metropolis animé angle son sujet différemment. Le classique dès qu’on parle d’androïdes : c’est quoi, être humain ? Quelle est la frontière entre robotique et humanité, entre programmation et volonté propre. Car Tima sera tour à tour un robot touchant et un peu perdu et une machine froide décidée à éradiquer l’Humanité. Le film commence par le duc rouge qui tient un discours au sommet de sa tour sur une Humanité arrivée son apogée grâce à la technologie. Une technologie qui va, finalement, lui être fatale.
Esthétique et musique jazz
Bref, ce Metropolis animé est beau et mérite d’être vu. Pour la richesse de ses thèmes et de son univers, pour la beauté des décors et pour sa musique jazzy. Je l’avais tellement aimée que j’avais acheté le CD à l’époque et j’écoute très régulièrement le morceaux El bombero que je vous mets ici. Cet animé a parfois des tics de réalisation un peu étrange, genre des outros en forme de cercle. J’ai cru à une reprise d’éléments de réalisation de 1927 mais non. Du coup, c’est là, on ne sait trop pourquoi. Mais ce n’est pas grave car ça reste un beau film.
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