Y -- CR: Macall Polay/FX

Y the last man, encore une dystopie sans mecs

Imaginez un virus fulgurant qui tuent tous les hommes sauf un : Y, the last man. Un pitch sympa pour une série ennuyeuse

Ou presque. Quand on écrit une dystopie, on part d’une hypothèse de départ : et si ? Et si la guerre, et si le terrorisme, et si la maladie, et si la fin de la civilisation, et si le manque d’eau… Et si l’homme disparaissait ? L’homme en tant qu’individu de sexe mâle, j’entends. Une hypothèse déjà croisée à plusieurs reprises. Mais si les fictions s’attachent à nous raconter une société sans hommes, Y the last man nous raconte leur disparition. 

Y the last man, série

Et soudain, les hommes meurent

L’histoire. Aux États-Unis, la vie suit son cours. Les amoureux badinent, les hommes mariés trompent leur femme et les politiciens sont à la manœuvre. Mais il se trame quelque chose, les animaux ont un comportement troublant. Et effectivement, tous les hommes se mettent soudain à vomir du sang et meurent. Les survivantes tentent de s’organiser mais c’est le chaos total. Et au milieu, un homme survit : Yorik, le fils de la nouvelle Présidente ainsi que son singe mâle. Face à cette anomalie, la Présidente va expédier Yorik auprès d’une généticienne de Harvard, solidement escorté par Sarah, sorte de mercenaire sans pitié. 

Yorik et Sarah dans Y the last man

Une société totalement désorganisée

Y the last man nous offre donc différents niveaux de réflexion. Tout d’abord la désorganisation totale d’une société qui perd 50% de ses effectifs. Et plutôt les 50% qui s’étaient arrogé les bonnes places. La scène d’hécatombe dans la Maison Blanche est assez sibylline. Tout comme l’avion qui se crashe parce que les pilotes étaient des hommes. Sur le coup, j’ai trouvé le propos plutôt intéressant mais… Je trouve que cette série flirte pas mal avec la misogynie car tu as l’impression que les femmes sont incapables de se démerder seules. Genre peu de temps après l’événement, c’est la grosse crise énergétique car les usines électriques ne sont plus gérées. Mais… Alors je ne suis pas une experte dans ce domaine et j’ai pas souvenir d’avoir déjà mis les pieds dans une centrale électrique quelconque mais je peux affirmer sans trop trembler qu’il y a des femmes qui y bossent. Certes, je peux comprendre que les survivantes sont un peu débordées mais je sais pas, réorganise la société pour fournir de la main d’oeuvre en priorité aux secteurs les plus cruciaux ?

Encore de la virilité toxique même sans hommes

De la même façon, une sorte de virilité toxique suppure de cette série alors que curieusement, les hommes ne sont plus. C’est le cas à travers le personnage de Roxanne, leader d’une communauté devenue farouchement anti-hommes. Alors le leader charismatique post-apo, c’est un classique du genre. Je vous renvoie à The walking dead, encore, mais c’est parfaitement sibyllin : dans cette oeuvre, chaque communauté est désignée par le nom de son leader. La bande de Negan, le gouverneur, Ezechiel… Rick, évidemment. On va même filer une communauté à Maggie pour lui donner de l’importance. Donc sur ce point, le personnage de Roxanne est cohérent. Mais fédérer autour de la haine des hommes alors qu’ils n’existent plus ? C’est… débile ? Ton ennemi commun, c’est normalement un individu ou une communauté tangible, que tu te prépares éventuellement à affronter. Pas un souvenir… Mais surtout Roxane a un comportement viriliste toxique avec ses protégées, n’hésitant pas à les tabasser en cas de désaccord. Yay.

Roxanne, la virilité toxique

La mercenaire sans coeur

On a également le personnage de Sarah, un enfer de cliché sur les mercenaires. Impitoyable, elle flingue plus vite que son ombre. Jusqu’à ce qu’elle rencontre quelqu’un qui arrive à lui faire baisser sa garde. Le personnage de Sarah est pour moi le symbole de ce qui ne va pas dans cette série. A savoir qu’on prend des archétypes normalement masculins et on les colle sur des personnages féminins. Évidemment qu’un personnage féminin peut être une tueuse froide et impitoyable. Les personnages féminins n’ont pas vocation à forcément patauger dans le care et la douceur. C’est juste que la série se contente de transposer des archétypes sans réellement nous proposer de réflexion derrière. 

Sauver le trésor à tout prix

Car la série n’est finalement qu’un immense “et si” reprenant les lignes narratives de genres parfaitement connus. D’un côté la désorganisation de l’Etat suite à un événement majeur qui tient plus du film catastrophe qu’autre chose. On est quelque part entre Independence Day et Designated Survivor. Et l’histoire classique du secret d’Etat, du trésor que l’on doit protéger à tout prix et par tous les moyens. Ici le dernier homme survivant, à ce que l’on en sait, à savoir Yorick. Un personnage plutôt potiche au demeurant, les personnages ne cessant de se questionner “pourquoi lui, il n’a rien d’exceptionnel”. Je pense qu’au bout d’un moment, on a compris. On peut passer à autre chose ?

Yorik, the last man

Les personnages ne savent pas quoi faire

Il y avait pourtant tant à faire et à dire. Si je reprends Le Pouvoir de Naomi Aldermann qui narre la prise de pouvoir des femmes grâce à une évolution génétique, elle colle pas mal de comportements masculins aux femmes, notamment en matière de domination physique et sexuelle. Mais ce n’est pas simplement un swipe gender. Elle fait passer le message que, selon elle, le genre le plus puissant installe sa domination par la violence et l’humiliation. On peut en discuter mais il y a un parti-pris. Ici, on a juste accolé deux histoires : une d’une pagaille sociétale et l’autre d’un trésor à cacher et ces deux histoires ont un peu de mal à coexister. Du coup, les personnages ne savent pas trop quoi faire et restent souvent les bras ballants en attendant que ça se passe. Au bout de 10 épisodes, on ne sait toujours rien sur ce virus qui a touché tous les hommes, Yorick est toujours dans la pampa escorté par Sarah et on ne sait toujours pas bien qui dirige ce qu’il reste de pays. Si vous ne l’avez pas encore regardé… passez votre chemin. 

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