Depuis quelques temps, je cherche un peu de littérature sur l’hypothèse que si les femmes gouvernaient, le monde serait différent. Alors parenthèse avant de poursuivre. Oui, j’ouvre des parenthèses dès la deuxième phrase. J’ai toujours été dubitative face à cette théorie car elle repose essentiellement sur des traits de caractères supposés féminins. La douceur, la diplomatie, ce genre de trucs. Mais je suis assez persuadée que la virilité toxique est coupable de pas mal de maux en ce monde. Bref, si je ne crois pas en des qualités ou défauts intrinsèques aux hommes ou aux femmes, je crois que nous sommes élevés en fonction d’un genre perclus de clichés. Mais c’est pas le sujet. Donc parmi les lectures qui m’ont été recommandés, voici Le pouvoir de Naomi Alderman, un roman… assez fascinant.
Et les femmes héritèrent d’un superpouvoir
Ce roman nous offre un prologue assez intrigant. Un échange entre Naomi et son assistant qui a écrit une fiction expliquant la prise de pouvoir des femmes 2500 ans plus tôt. Il y a eu une sorte de cataclysme et que les femmes ont pris le pouvoir. Ces éléments sont disséminés dans les échanges de lettres entre l’homme et Naomi. L’auteur s’amuse à imaginer un monde où les hommes auraient pu exercer des métiers et même avoir du pouvoir. Nous voici donc plongés dans une de ces sociétés patriarcales comme nous les connaissons si bien… Mais où les adolescentes se réveillent un jour avec un étrange pouvoir : un “fuseau” localisé sur la clavicule leur permet de générer de l’électricité à volonté. On va donc suivre quelques personnages, essentiellement féminins, à travers ce monde qui perd ses repères. Les femmes se rebellent puisque désormais, ce sont elles qui ont le pouvoir. Nous avons notamment une scène d’émeute en Iran, par exemple. Je passe les différentes péripéties… Déjà parce que ce livre est à lire. Par contre, je vais m’arrête sur le postulat : le pouvoir corrompt-il l’humain ?
Le genre n’est rien face au pouvoir
Car ce roman ne répond pas à la question “que se passerait-il si les femmes avaient le pouvoir”. Il part plus du postulat que le genre n’a pas d’importance quand au sentiment de surpuissance et d’impunité que donne le pouvoir. Des femmes finissent par violer et tuer, par exemple, car elles le peuvent. D’ailleurs, Naomi semble dubitative quant à cette vision d’une époque où les femmes auraient été moins violentes. Et je trouve ce parti-pris franchement fascinant. Si Alderman s’amuse parfois à inverser les rôles stricto sensus, notamment le personnage de Tunde, journaliste mâle qui suscite pas mal les convoitises féminines et qui devient le love/sex interest de pas mal de femmes, la conclusion s’avère sombre. Il n’y a pas de salut si la différence de pouvoir entre les sexes est trop importante.
Histoire du monde d’après
Alors, est-ce que je conseille Le Pouvoir ? Oui. D’abord parce que je trouve que ce roman détonne un peu dans le paysage classique dystopique. On est plus sur le basculement du monde que dans un monde futuriste où l’un des traits de notre société a été souligné à l’excès. Ensuite, on vit les bouleversements de cette société à travers les parcours de vie de personnages qui essaient de comprendre le monde dans lequel ils évoluent. Dans ce monde qui change et qu’ils essaient de maîtriser au mieux. Parce que ça se lit vite et que c’est quand même hyper bien trouvé. Alors foncez ! On est très loin de Chroniques du pays des mères, autre dystopie matriarcale.
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