L'affiche idiocracy

Idiocracy : la dystopie version comique

Si seuls les individus les moins fûtés se reproduisent, court-on à l’effondrement de la civilisation ? C’est le postulat de départ d’Idiocracy, une dystopie hilarante

Comme je suis une originale, j’ai maté Idiocracy la semaine dernière. Comme tous mes petits camarades qui en parlaient sur Twitter (magie des réseaux sociaux)…bon pas le même jour certes. Un petit film marrant avec Luke -oh ouiiiii- Wilson et Maya Rudolph que je ne connaissais pas.

Affiche du film idiocracy de Luke Wilson

L’effondrement du QI

Pour ceux qui seraient passé à côté, je vous refais le pitch. Joe, un militaire moyen, remarquablement moyen, est choisi pour participer à une expérience avec Rita, une prostituée moyenne. Tous les deux vont être endormis pendant un an. Sauf que suite à quelques péripéties, ils se sont pas réveillés en 2006 comme prévu mais cinq siècles plus tard. Les hommes sont devenus d’une stupidité crasse et Joe devient l’homme le plus intelligent du monde. Le film part en effet du postulat que les moins bien dotés niveau QI sont les plus prompts à se reproduire. Leur majorité numérique tire donc le QI vers le bas.

Un Detroit futuriste et en ruine dans Idiocracy

Abêtissement général

Ce n’est pas la première dystopie à prendre comme point de départ un monde rendu plus bête. Il y a aussi… Captain Harlock aka Albator. Oui, Albator est une dystopie ! Son univers prend soin de décrire la société humaine telle que l’auteur l’imagine en 2977. A savoir se baignant dans l’opulence et asservie par “l’abrutisseur mondio-visuel” (qu’on appelle par chez nous la télé). Les hommes sont devenus idiots et couards et le gouvernement se retrouve incapable de réagir face à une nouvelle menace. Il y a évidemment Farenheit 451. Mais la différence majeure entre Idiocracy et mes deux exemples, c’est que dans ces deux derniers, le traitement est sombre. Il y a la volonté d’un gouvernement d’abrutir les populations enempêchant la réflexion, la remise en cause. Dans Idiocracy, c’est le peuple même qui a choisi de s’abrutir, bien aidé en cela par les médias. L’émission phare s’appelle “Oh ! my balls” et on voit un mec se faire réduire les parties tout du long… Alors que nous, en France, l’émission phare fout des nouilles dans le slip d’un chroniqueur, c’est beaucoup mieux…

Médiocrité télévisuelle

Il y a aussi le marketing. L’eau a en effet été remplacée par une sorte de boisson énergétique enrichie en électrolyte, le truc que personne ne sait définir. Alors que nous, on boit de l’Actimel enrichi en “L Casei Defensis”. Un ferment lactique utilisé comme probiotique, une révolution… ou pas. D’ailleurs, ça a bien perdu la côte les alicaments, non ?

Alicaments au rayon frais
En même temps, je critique mais j’ai toujours bien aimé ça, les Actimels

Chute du QI inévitable ?

Idiocracy pose deux questions. La première, commune à toute dystopie : est-ce que c’est crédible ? Oui et non, de mon point de vue. Il est évident que la langue va considérablement évoluer en 5 siècles. Cf cette excellente vidéo de Linguisticae qui vous expliquera toujours mieux que moi. Ce ne sera pas forcément un signe d’abrutissement sinon, hey, nous sommes déjà tellement plus con que nos ancêtres ! Pour le reste, le côté “y a que les cons qui se reproduisent” reste bien sûr à relativiser. Je pense que, contrairement à ce qu’on nous répète à longueur de temps, les jeunes générations ne sont pas plus incultes et débiles que nous. Elles ont souvent des savoirs différents, une maîtrise bien plus innée que nous de la technologie, par exemple. L’être humain est un animal qui s’adapte et prend donc en main ce qui l’aide de façon immédiate. Les jeunes générations ne sauront jamais utiliser un téléphone à cadran mais je ne sais pas faire de circuit électrique, moi. Oui, j’avais pas techno au collège, j’avais “EMT”, j’apprenais à coudre et à faire des boîtes en carton. De même, grâce à la VOD et les films en VO, je pense que la génération qui arrive sera bien plus douée en anglais que nous.

Parler anglais

La télé rend con… ?

Je relativise donc cette donnée de l’idiotie congénitale qui envahit le monde… mais quand même, ça laisse songeur. Je n’ai plus la télé, je n’en ai désormais qu’une image floue constituée à partir de ce que je vois passer sur mes réseaux sociaux… Réseaux qui me ressemblent donc quand même assez à gauche, genre bobo-écolo. Je n’entends parler télé que pour des choses positives (le doc de France 5 sur la transsexualité, Devenir « il » ou « elle », par exemple) ou des films/séries que tout le monde regarde (genre les Harry Potter ou récemment Gone girl mais j’avais déjà vu, pour une fois). Mais je vois surtout beaucoup le négatif avec la dénonciation de la télé racoleuse et basse de plafond avec en tête… Cyril Hanouna. Ah ça, mes communautés le vomissent… et j’aurais du mal à ne pas partager leur avis vu le peu que j’en sais. Je ne parle même pas des cas de harcèlement, humiliation ou agression sexuelle. Mais du malaise que j’ai pu ressentir en regardant l’émission. Il ne s’est certes rien passé d’aussi grave que les exemples pré cités dans mes souvenirs mais c’était navrant de bêtise… Déjà, un mec qui rit de ses propres blagues, c’est non direct. Mais c’était juste de la vanne, c’était confus et surtout, j’ai jamais compris ce que c’était censé apporter. Et des millions de gens regardent ça… Bon, jeune, j’écoutais Cauet à la radio et matais Coucou c’est nous, ce ne devait pas être mieux…

Coucou c'est nous, Christophe Dechavanne et Patrick Carmouze

Peut-être que finalement, la plus grande menace qui pèse sur l’humanité, ce n’est pas une idiotie congénitale mais une idiotie que l’on attrape en se marrant grassement devant un spectacle humiliant et oppressif…

5 thoughts on “Idiocracy : la dystopie version comique

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *