The Truman Show : l’esclavagisme télévisuel

Et si on enfermait un bébé dans un show télé dans lequel il allait passer toute sa vie ? C’est le pitch terrifiant de The Truman Show

Parfois, je cale un peu sur des idées d’articles. Les dystopies, j’en déguste depuis longtemps et “j’oublie” parfois de chroniquer de vieilles œuvres lues ou vues… ou je n’ai pas un assez bon souvenir pour écrire dessus. Je consulte donc régulièrement des listes de dystopies trouvées ci et là. Et parfois, je m’indigne en mode “non mais c’est trop pas une dystopie”. Genre The Truman show, c’est pas… Quoi qu’à la réflexion, est-ce qu’on n’est pas pile dans ce que j’aime le plus ? Les dystopies du divertissement. Et bien, c’est parti pour un article sur The Truman show !

The Truman Show

Une vie en carton-pâte

Alors l’histoire. Truman est un bon gars. Vivant dans une petite ville située sur une île, Seahaven, il mène son petit quotidien d’agent d’assurances, marié à Meryl, une douce infirmière. La vie est paisible à Seahaven, les gens charmants. On se croirait presque dans un décor de sitcom tant tout est sucré… Et justement ! Ce que Truman ne sait pas, c’est qu’il vit, depuis sa naissance, dans un show télévisé. Toutes les péripéties de sa vie sont donc scénarisées et son quotidien filmé par de très nombreuses caméras. D’ailleurs, Seahaven n’existe pas, il s’agit d’un immense plateau télé. 

Seahaven

Comme une envie de fuir sa vie

Mais le grain de sable arrive. Truman a des envies d’ailleurs. Comment empêcher ce brave citoyen de quitter la ville qui l’a vu naître et grandir ? Seahaven étant censé être une île, commencer par lui donner la phobie de l’eau après la mort tragique de son père lors d’une tempête en mer. Dès qu’il est tenté de prendre le large, au sens propre comme au sens figuré, un événement se produit, le retenant à Seahaven. Comme le retour miraculeux de son père, finalement pas mort. Délicieux comme un soap opera.

Le retour du père dans The Truman show

Un jouet du réalisateur

L’analyse de cette fiction est assez sibylline. Truman est un jouet aux mains d’enfants capricieux. Le réalisateur de l’émission, Christof, d’abord. Situé dans la Lune du décor, il dirige avec fermeté la production de ce show. Comme il s’agit de direct, il improvise en permanence. Truman est triste ? Jetez la pluie. Un manifestant surgit sur le plateau pour tenter de prévenir Truman de la réalité ? On envoie un acteur détourner l’attention du héros. Les personnages subissent également les décisions de Christof. Le père de Truman a été “tué” car l’acteur l’interprétant trouvait que ce show était de la maltraitance vis-à-vis du jeune Truman. Ou l’actrice interprétant Sylvia, le grand amour perdu de Truman.

Sylvia et Truman

Une vie sacrifiée sur l’autel du divertissement

Mais Christof n’est pas le seul à décider de la destinée de Truman. Car la durabilité d’une émission télé est décidée par… son audience et le pognon qu’elle génère ! Oui ! Les péripéties de notre brave Truman sont donc dictées par l’audience qu’il faut tenir en haleine. Et par les publicités générées, prétexte à une scène amusante où Meryl fait l’article pour un produit ménager devant un Truman qui se demande pourquoi elle prend le temps de détailler un objet aussi anodin. 

The Truman show

Le mythe de la caverne, version CV

The Truman show a ce côté très hilarant, effectivement. On pourrait reprocher un manque de subtilité au film avec certaines ficelles un peu grosses comme le micro-nuage de pluie qui suit un Truman triste. Mon plus gros éclat de rire durant le film, je pense. Pour dissuader Truman de voyager, l’agence de voyage est tapissée de posters glauques de crashs aériens et autres catastrophes naturelles. Mais ce côté grotesque sert le propos. Truman vit le fameux mythe de la caverne. Il ne connaît du monde que les ombres que Christof, véritable Dieu qui vit dans le ciel, accepte de lui projeter. Tout sonne faux dans cet univers. Meryl n’est visiblement pas amoureuse de Truman, son meilleur ami ne sert que de voix moralisatrice et de guide, comme l’insupportable fée dans la majorité des Zelda. Il n’y a aucun amour autour de Truman, tout sent le carton-pâte et le chiqué mais c’est sa vérité à lui. 

La pluie dans The Truman show

Le divertissement rend cruel

Finalement, The Truman show, derrière le côté humoristique, met en exergue la cruauté d’une société de divertissement. Pour plaire au public et ramener du fric, un homme n’a aucun scrupule à en maltraiter un autre. Et avec l’aval de la société qui s’en réjouit. Car si personne ne meurt vraiment dans The Truman show, on impose quand même à un gosse la mort tragique de celui qu’il prend pour son père dans une tempête… Au fur et à mesure que la vie de Truman s’écroule car il commence à prendre conscience qu’il n’est pas heureux, les spectateurs sont de plus en plus nombreux devant la télé. Exaltés mais aussi un peu angoissés à l’idée que tout ça se termine. Tout ce qui est divertissement fait avaler n’importe quoi car “c’est pour de faux”, “c’est mal mais exaltant”. Prenez n’importe quelle télé-réalité, c’est la même chose. Certes, les participants ont conscience qu’ils sont dans un show mais certains se sont retrouvés en position d’humiliation sans que personne n’arrête ça. On perd son humanité et sa compassion parce que “ce n’est que de la télé”, “ils sont payés pour ça”. En route vers l’idiocracy

La fin du Truman Show

Un de mes films préférés

The Truman show fait clairement partie de mes films préférés. Déjà parce que sous l’humour se cache une vraie émotion. Le final est toujours à deux doigts de m’arracher une larme. Cette pépite est écrite par Andrew Niccol qui a réalisé pas mal de films dystopiques dont Time Out (que j’ai pas aimé), Bienvenue à Gattaca ou encore S1m0ne que j’avais adoré… et qui pourra faire l’objet d’un prochain article. L’inspiration revient ! 

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