Régulièrement, Netflix nous propose de nouvelles dystopies, ce qui me ravit. Alors, tout n’est pas de grande qualité, on a eu 3% que j’ai bien aimé. Mais aussi The I-land qui fut un énorme échec narratif. Quand je vois apparaître L’autre côté, je me jette dessus, aimant assez les séries espagnoles. Du moins j’avais bien aimé Si je ne t’avais pas rencontrée parce que la Casa del Papel ou Elite, pfff… Alors, est-ce que c’est à ranger du côté des bonnes séries ou à mettre au rebut ? Analysons !
Guerre et virus mortel
L’histoire ? En 2045, à la sortie une troisième guerre mondiale, un terrible virus, le novavirus, menace l’Espagne. Ca va servir de prétexte au gouvernement pour prendre un virage autoritaire assez costaud. D’ailleurs, la série débute sur une scène de violence dans une famille à priori ordinaire de Madrid. Des officiers embarquent le père en giflant la mère au passage. Quelques années plus tard, les jumelles sont devenues adultes, l’une vit toujours à Madrid, l’autre dans le sud. Cependant, celle du sud, Sara, est contaminée par la maladie et meurt. Son mari cache sa mort pour pouvoir fuir à Madrid rejoindre la famille de sa femme. Il part avec sa petite fille et son frère. Cependant, une fois sur place, sa fille lui est enlevée par les autorités. Officiellement pour être placée dans un camp pour les enfants de parents sans emploi. Officieusement, elle est envoyée dans une clinique où l’on fait des tests sur les enfants pour trouver un remède au virus.
Une bourgeoisie enfermée dans des safe zones
En parallèle, Julia, la jumelle de Madrid, se retrouve malgré elle mêlée au meurtre d’un lieutenant. Pour sauver sa vie, elle tente de fuir Madrid. Mais n’y parvenant pas, elle va se faire passer pour sa sœur, allant travailler aux côtés de son beau-frère dans la belle maison du Ministre de la santé. Ce qui va nous permettre de découvrir un peu les arcanes du pouvoir. Bref, la société marche très mal avec un pouvoir extrêmement autoritaire qui se repose sur des citoyens délateurs. Lélite survit grâce à des zones de contrôle, limitant en théorie l’entrée du virus dans leur zone. Jusqu’au jour où…
Une histoire un peu trop complexe…
Alors cette série est un peu foutraque et j’ai déjà eu pas mal de difficultés à la résumer. Déjà, je n’ai jamais bien compris quelle était cette histoire de troisième guerre mondiale et de maladie. L’entrée en matière est très peu détaillée. Surtout qu’on a droit à une ellipse d’une vingtaine d’année qui ne sert pas à grand-chose, la situation n’ayant guère avoir évolué. Les personnages semblent un peu tomber des nues à chaque fois qu’ils sont confrontés à une péripétie administrative du régime. Et c’est ce qui va rendre la série difficile à accepter.
Des méchants bien bien méchants
Un fascisme né de la peur de la maladie avec des élites qui cherchent à se protéger à tout prix, je peux l’admettre. Sauf que ce n’est pas l’histoire qu’on nous raconte. Ici, les méchants sont méchants parce qu’ils le sont. La population espagnole est massacrée sans que l’on comprenne bien pourquoi. La police, revêtue de superbes uniformes nazis sans la moindre subtilité, butent des pauvres dans la rue parce que voilà. Alors je veux bien qu’on dénonce une société inégalitaire en en montrant les abus mais la nuance ? Surtout que rien n’explique que le peuple soit surpris par une telle violence alors qu’il n’est pas question d’un virage autoritariste récent. Du coup, en une double décennie, c’est étonnant que le pouvoir soit toujours aussi coercitif… Mais aussi que les habitants n’aient pas trouvé une façon de contourner cet autoritarisme.
Une série assez mal écrite
Cette série semble maladroite. Les personnages ne sont pas très attachants et on a parfois du mal à comprendre leurs agissements. Et j’ai eu du mal à dépasser les premiers épisodes mais la VF ne doit pas aider non plus. Cependant, les éléments classiques d’une dystopie systémique émergeant peu à peu au fil du récit. De la résistance au pouvoir ivre de lui-même. En passant par une bourgeoisie dénuée de toute empathie et accrochée à ses privilèges. Je me suis laissée happer et je suis allée au bout de la série. Si la dimension hygiéniste m’a parue assez exagérée, surtout que la maladie nous est assez peu expliquée, l’ultra-violence des officiers de police a eu un drôle d’écho avec l’actualité.
Un fascisme de circonstance
Bref, je trouve la série mal ficelée sur plein d’aspects. Mais elle a peut-être le mérite de nous rappeler que le fascisme, ou peu importe son nom, n’arrive pas toujours avec subtilité. Et que les héros de la nation le sont souvent par circonstances. Ce quine signifie pas non plus avoir les mains propres.
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