La saga Snake Plissken, au coeur de villes devenues pénitenciers

Dans des Etats-Unis ravagés par la criminalité, de grandes villes sont transformés en prison. Un terrain de jeu parfait pour Snake Plissken

Puisque je parlais de Carpenter la semaine dernière, restons dans la thématique. D’autant que c’était de New York 1997 et Los Angeles 2013 que je voulais voir au départ. Parmi les sujets de dystopie, la question du traitement des criminels émerge de temps en temps. Après tous les dystopies sont là pour nous questionner sur nos société, le traitement de la criminalité en fait partie. Et dans les Etats-Unis dystopiques de la fin du XXe siècle vu par Carpenter, on ne s’embête pas. On les enferme dans une ville et démerdez-vous. Parmi les prisonniers, un certain Snake Plissken…

Snake Plissken

Un Président largué en pleine zone de non droit

L’histoire. En 1997, l’île de Manhattan est devenue un immense pénitencier à ciel ouvert où errent la pire fange du pays. Malheureusement, un groupe terroriste détourne l’avion présidentiel et va le crasher dans les tours de Manhattan… A peu près dans l’immeuble voisin du World Trade Center. Visionnaire, cette dystopie… Le Président, qui avait pris place dans une capsule de survie, s’en sort indemne mais est capturé par le Roi de la zone. Des militaires essaient d’aller lerécupérer mais doivent vite rebrousser chemin, les criminels réclament une rançon et leur liberté et ne sont pas prêts à négocier. Pour sauver le Président et sa précieuse malette, les militaires vont donc faire appel à Snake Plikssen, ancien marine enfermé depuis peu à Manhattan pour cambriolages. 

New York 1997

Une course contre la montre

New York 1997 et Los Angeles 2013 sont construits à l’identique. Dans le premier, Plissken doit sauver le Président et sa mallette qui contient une cassette qui installera la paix dans le monde. Dans le second, Plissken doit retrouver la fille du Président qui a volé la télécommande d’un satellite surpuissant qui pourrait détruire une ville en un rayon. A chaque fois, il arrive sur place en tant que prisonnier avec une voix qui propose de se faire tuer immédiatement si on le souhaite. Puis on injecte un virus à Plissken pour le forcer à faire la mission sinon il meurt. On lui prête un engin sympa pour qu’il se rende plus vite dans la zone. Il y a un Roi de la zone bien décidé à profiter de son avantage. D’ailleurs, dans Los Angeles 2013, c’est un révolutionnaire péruvien joué par George Corraface. Que je connaissais surtout pour ses apparitions dans des sagas de l’été. Choc des cultures ! Bref, Plissken croise des gens qui le connaissent, une fille flirte un peu avec lui et finit mal. Il se fait capturer, doit passer une épreuve où, normalement, il doit échouer mais il réussit. Puis je ne vous en dis pas plus. A noter cependant que si Los Angeles 2013 a comme un violent goût de copier/coller, il reste très sympa à regarder. Surtout pour sa fin. En vrai, Los Angeles 2013 est un remake en encore plus cynique de New York 1997.

Snake Plissken

Un Etat en faillite

Ok mais niveau grammaire dystopique, qu’en retient-on ? La saga Snake Plissken nous raconte ni plus ni moins que la faillite d’un Etat, devenu cruel et cynique. L’île de Manhattan est transformée en prison car la criminalité a explosé et est devenue incontrôlable. Le plus simple est donc de laisser les criminels dans un coin et de les laisser se démerder entre eux. De ce que l’on perçoit, les raisons d’être enfermées sont assez nombreuses. On n’a aucun mal à coller ensemble des meurtriers, des cambrioleurs et des prostituées. Mais se retrouver enfermé dans ces immenses prisons n’est pas vraiment une partie de plaisir. Dans New York 1997, on entrevoit une scène de viol et l’espérance de vie est plus que basse. L’île est surveillée par des militaires qui ont pour seule mission de s’assurer que les criminels ne sortent pas. Mais entre les mines posées tout autour de l’île et sur les ponts et le mur d’enceinte de plusieurs mètres de haut, le risque est plus que limité… Bref, les prisonniers sont indirectement condamnés à mort. Cf la petite phrase d’accueil des prisonniers. “Si vous voulez, on vous passe à la chaise dès maintenant, ça ira plus vite”.

Los Angeles 2013

Hors les murs, ce n’est pas non plus l’utopie

Côté cynisme, on ne fait pas dans la dentelle avec le Président du second volet. Sa fille, Utopia, a donc volé un prototype militaire qui, entre de mauvaises mains, pourrait faire des dégâts énormes. D’ailleurs, le terroriste péruvien, Cuervo Jones, n’hésitera pas à attaquer Washinton. Le Président assistera à la mort de son épouse avec qui il était au téléphone. Sans grande émotion cependant. Et il répètera à plusieurs reprises dans le film que le sort de sa fille ne l’intéresse pas. Pour lui, elle est déjà morte. Si, dans le premier film, le Président avait un côté un peu badass et ne paraissait pas particulièrement cruel ou pourri, le second volet y va francement dans le côté cynique du pouvoir. Cependant, dans le premier volet, même si le Président paraît un compagnon de route intéressant pour Snake Plissken dès qu’ils se réunissent, on se doute que tout n’est pas rose au pays des Yankees. Ne serait-ce que par le groupe terroriste d’armée de libération qui tente de tuer le Président. Alors, certes, on ne saura rien de plus de ce mouvement et le scénario a été écrit dans les années 70 en plein terrorisme d’extrême-gauche. Mais on devine qu’hors les murs de nos îles-prison, c’est pas non plus l’utopie.

Cuervo Jones

Quelques gadgets du futur

Le film joue aussi sur le côté un peu futuriste avec pléthores de gadgets exhibés lors d’une scène où Plissken doit choisir ses armes pour partir au combat. Un peu comme James Bond qui va voir Q pour que celui-ci lui fasse un petit catalogue de ses derniers gadgets, petits outils qui seront toujours bien utiles pour faire avancer le scénario. Invariablement, Snake Plissken va récupérer une sorte de bracelet GPS pour repérer sa proie. Il va se déplacer avec un moyen de transport offert par l’armée, du planeur relativement basique au mini-sous-marin qui fend l’eau telle une torpille ! Le film joue aussi avec quelques peurs du moment. Dans le premier, le Président doit amener à un sommet international une cassette contenant une explication scientifique sur une meilleure exploitation de la fusion nucléaire. Dans le deuxième, on est plus sur des satellites secrets pouvant détruire des villes entières. Comme dans Goldeneye pour rester sur James Bond ou Final Fantasy, les créatures de l’esprit. Y a un Barjavel là-dessus aussi, faudra que je le chronique. 

Le passage à la salle gadget de Snake Plissken

Un univers très post-apo

La saga Snake Plikssen nous offre aussi un univers finalement très post-apo. Les rues de New York et Los Angeles sont dévastés, la survie des plus faibles n’est pas assurée. Cf Taslima dans le deuxième opus. C’est ambiance déchets partout et feu dans des bidons, on se croirait dans Street of rage. Et il y a forcément un baron local, un être cruel et psychopathe qui s’est arrogé le pouvoir et que l’on reconnaît à ses lieutenants barrés et à son véhicule surpimpé. Pour le coup, les lustres sur une voiture, pour moi, c’est un grand oui. Ce baron est en général généreux avec son crew puisqu’il leur offre quelques divertissements à base de catch ou de match de basket de l’impossible. J’imagine que c’est de là que sort l’étrange arène de Daybreak

Les voitures pimp de la saga Snake Plissken

Un héros pas très gentil ni noble

Ce qui est intéressant aussi dans la saga Snake Plikssen, c’est la notion d’anti-héros. Plikssen obéit aux ordres contraint et forcé. Lors de ses interactions avec les uns et les autres, on perçoit bien qu’il n’a que peu d’empathie. Bon, aussi parce qu’il n’a pas le temps de niaiser, un virus court dans ses veines mais clairement, il est pas là pour être sympa. Même si quelques morts semblent le toucher un peu plus. Plikssen est juste un mercenaire qui n’est guidé par aucun noble idéal et le film ne manque pas une occasion de nous le rappeler, jusque dans les dernières scènes. C’est assez rare pour le souligner. Ici, pas de gentil. Juste un gars qui remplit une mission pour sauver sa peau. A noter qu’il est intéressant d’avoir choisi un bel homme pour jouer ce rôle et ne lui coller dans les pattes aucune demoiselle en détresse. Car même si Utopia veut fuir avec lui… elle doit le suivre car lui s’en fout complètement. C’est pas sa mission de la ramener, elle. 

Sexy Plissken

Y aura pas de pitié

Bref, j’ai une certaine affection pour cette saga. Outre le côté un peu kitsch des années 80-90, je trouve les thématiques intéressantes et la façon de les aborder plutôt rafraîchissante. L’atmosphère est sombre, on nous explique très clairement qu’il n’y aura aucune pitié pour personne. Les “gentils” n’ont pas plus de chance de survie que les autres. Le deuxième opus, Los Angeles 2013, a plutôt été un échec, ce qui m’échappe un peu. Déjà parce que c’est le même que le premier mais en plus moderne mais surtout… la fin est géniale. J’étais tombée sur ce film il y a des années à la télé et précisément sur les dernières scènes et ça m’a hantée pendant des années. Alors je le clame : donnons une seconde chance à Los Angeles 2013. Et tant qu’à faire, matez toute la saga Snake Plikssen, ça reste un bon moment de divertissement.

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