Quand je parcours les listes de films, séries, romans, BD, etc. dystopiques, j’ai parfois un bug. Ca, une dystopie ? Non… Je pense qu’à part quelques grands classiques genre 1984 ou Le Meilleur des mondes, on tombera rarement d’accord. Je profite de cette parenthèse pour vous proposer un chouette docu Arte Orwell vs Huxley. Mais est-ce que toute une oeuvre doit être dystopique pour être considérée par les amoureux de dystopie. Par exemple, Interstellar, c’est bien plus un space opera qu’une dystopie. Oui mais le monde qui nous est dépeint sur Terre est dystopique, lui. Un peu comme dans Albator. Et c’est de ce monde sans espoir décrit dans Interstellar que je vais vous parler aujourd’hui.
La survie à tout prix
Dans les dystopies qui ne sont pas de fausses utopies, on se trouve face à un tableau assez classique : l’humanité va mal et tente de survivre tant bien que mal. Une façon assez sombre de nous rappeler que si nous ne faisons rien, on fonce dans le mur direct. Interstellar est un parfait exemple de ça. On nous parle de réchauffement climatique qui a entraîné une grave crise alimentaire. Chaque humain en capacité est désormais contraint de devenir agriculteur pour sauver l’espèce. C’est un élement qu’on trouve plus généralement dans les fausses utopies ou les films catastrophes, ce côté “humanité unie sur un seul front”.
Une humanité unie pour faire front face à la catastrophe
Sauf que dans Interstellar, ce front uni, cette fin du rêve individuel puisque chaque enfant est déterminé à devenir agriculteur, est présenté comme une hérésie. Le film se penche sur les différents scénarios permettant à l’Humain de survivre malgré les conditions de vie de plus en plus difficile. On n’hésite d’ailleurs pas à mettre en scène les affres subis par nos braves humains, des incendies des champs aux nuages de poussière qui poussent les Humains à se calfeutrer en attendant que ça passe. Car l’humain a une capacité d’adaptation inouïe. D’ailleurs, le calme apparent des gens lors de l’arrivée du nuage de poussière m’a fait pas mal sourire. Sans pression, tout le monde quitte le match de baseball en cours et rentre chez lui. Je veux bien qu’ils soient habitués mais moi, je suis habituée aux orages, c’est pas pour autant que je vais pas accélérer le pas quand y en a un qui se pointe.
Sauver l’humanité sur une nouvelle planète ?
Mais il reste un autre espoir. Un espoir fou, un espoir secret : la conquête spatiale ! En effet, on apprend que dans cet univers, cette piste là a été abandonnée depuis longtemps et on apprend même aux enfants que les Américains ne sont jamais allés dans l’espace et que tout ça, c’était juste pour faire rager l’URSS. Alors j’ai pas bien compris pourquoi ils faisaient ça mais quelques irréductibles spationautes décident qu’en fait, on va aller chercher une planète viable ailleurs. S’ensuivra toutes les péripéties que savent ceux qui ont vu le film. Quant à ceux qui ne l’ont pas vu… moi, j’ai pas adoré. Euphémisme. Mais on se retrouve face au dilemme classique des dystopies du désespoir : quel prix est-on prêt à payer pour sauver l’Humanité ? Et ça veut dire quoi, sauver l’humanité ?
Sauver l’espèce humaine à n’importe quel prix ?
Car ici deux visions s’affrontent. D’un coté, ceux qui restent accrochés à l’idée qu’on peut encore sauver la Planète et, donc, ceux qui vivent dessus. Et de l’autre une vision carrément plus élitiste qui pense que la vie humaine doit être sauvée à n’importe quel prix. Y compris la vie des astronautes partis trouver une planète viable. Le plan A : transporter toute l’humanité à travers une histoire beaucoup trop complexe d’équation quantique à résoudre. Ou plan B : développer 900 kilos d’ovules humains fécondés. En somme on ne sauve pas les humains de la planète mais l’espèce humaine qui ira vivre sa vie ailleurs. Quelle espèce invasive de l’Enfer ! Même les planètes lointaines n’ont pas la paix.
Un dilemme classique en temps de réchauffement climatique
Bref, si je ne suis pas fan du film, j’ai beaucoup aimé l’affrontement de deux concepts théoriques : faut-il avoir un comportement responsable vis-à-vis de notre planète et de l’humanité ou faut-il lâcher la bride à la science pour qu’elle nous trouve une solution. Dans l’espace ou via un produit magique qui ferait baisser la température de quelques degrés. Dans Snowpiercer, ça s’est pas super bien passé, on va pas se mentir. Les écologistes de la réalité véritable préviennent sur le risque de tout laisser reposer sur la science qui n’a pas les réponses à tout. Dans Interstellar, c’est le postulat inverse : plutôt que de subir, imaginons. Avec l’aide de trou de vers et d’un peu de magie scénaristique, quand même. Dommage qu’on ait pas ça dans la vraie vie. Mais la question de “que faire pour sauver l’Humanité” restera à jamais l’une des meilleures sources d’inspiration pour les dystopies.
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