Enfin plutôt Ok cupid puisqu’il y a un score de compatibilité mais ça faisait moins titre choc. Aujourd’hui, je vous propose un peu d’inédit puisque nous allons nous pencher sur une dystopie indonésienne. Je n’ai aucune culture indonésienne donc je suis rentrée dans ce film avec peu d’à priori. Peu dans le sens “les dystopies Netflix ne sont pas toujours géniales”. Alors une dystopie qui parle d’amour, de secte et d’un peu de développement personne, qu’est-ce que ça peut donner ? Penchons-nous sur le cas “A world without”.
Une secte pour trouver l’amour
L’histoire. 10 ans après une pandémie, trois jeunes filles sont en partance pour “The light”, un programme qui aide les jeunes gens à trouver leur partenaire de vie parfait et à l’épouser à 17 ans. Le groupe a été fondé par Ali, sorte de gourou à bun, toujours accompagné de son épouse, la belle Sofia. Les règles de vie sont assez simple : se lever tôt, travailler et ne surtout pas fricoter avec le sexe opposé. Vous le ferez quand on vous désignera un partenaire. Les débuts au sein de la communauté sont idyllique pour Ulfiah, Tara et Salina qui se sentent enfin prises en main. Mais rapidement, Salina va se sentir attirée par Hafiz, son collègue de montage vidéo. Vont-ils enfreindre la règle majeure ?
Un gourou sauce start-up
Commençons par le point le plus évident : la secte. Oui, The light a tout d’une secte avec un leader charismatique qui fait des talks à longueur de temps et son épouse qui décide de prendre sous son aile la plus fragile des disciples, Tara. A world without me fait pas mal penser à The circle, mâtiné de Bienvenue à Eden. Ouah, deux dystopies que j’ai moyen aimé, ça part mal. Non parce que j’adore la critique de la gouroutisation, des discours en toc et de toute cette culture start-uppers en mousse mais souvent… Ca rate un peu son sujet. Ici, on ne va pas trop s’embêter avec le charisme du couple leader. La longue scène d’intro nous le pose direct : nos jeunes héroïnes sont trop fans de lui.
Une vie en vase clos
La série va se passer en huis-clos ou à peu près. Elle commence par l’arrivée des jeunes gens au centre “The light” et ils n’en sortiront qu’une fois mariés. Tout en continuant à y retourner pour travailler. Seule une scène amène Salina hors du centre lorsqu’elle va filmer un reportage dans la rue d’une ville dont on sait peu. Excursion qui va assez mal se passer car Salina se fait engueuler par un couple qu’elle filme.
Une interdiction que je ne comprends pas
Car l’interdiction de dating, elle est étendue à toute la société. Pourquoi ? Je ne sais pas. Et c’est là tout le souci de A world without. Le scénario ne s’appesantit pas trop sur l’univers qui nous est présenté. On est dans le futur comme on peut le voir avec certains gadgets et l’histoire de l’épidémie. Même si les voitures, elles, elles n’ont pas changé, le grand classique aussi. On sait qu’on est dans une société qui a évolué, avec de nouveaux interdits, mais impossible de savoir pourquoi. J’aime bien les fictions qui nous peignent un univers par petites touches, j’adore même. Sauf que faut pas oublier de raconter l’élément essentiel.
Ne pas inventer une interdiction sans raison
On va faire un rapide crochet sur l’écriture de dystopie. Beaucoup de fictions dystopiques imaginent une société à partir d’un “et si”. Donc ici, on n’a pas le droit de sortir avec quelqu’un sans l’avoir épousé d’abord. Ok… mais pourquoi ? On ne peut pas décider arbitrairement de rajouter une règle ou une loi sans justification. On pourrait imaginer que l’épidémie qui a touché la société était une MST mais est-ce que le mariage protège des IST ? Si tout le monde reste vierge et fidèle, ok, ça marche. Sauf que déjà, la polygamie est autorisée donc bon, le côté partenaire unique s’effondre. Et on découvre aussi que la loi de la non-fréquentation galante n’est pas tant respectée que ça. Mais que personne n’est testé médicalement avant le mariage donc… je sais pas ?
Un univers sans cohérence
A world without est classique dans son histoire dystopique. Une jeune fille zélée et investie dans un système en découvre peu à peu les rouages pourris et bascule en résistance. Plus classique que ça, tu meurs. On pare ça de look un peu futuristes, quelques gadgets et l’univers narré est intrigant. Le souci, c’est que si l’histoire racontée est cohérente en soi par rapport à son contexte, celui-ci n’a, par contre, aucun sens. Difficile de faire tenir une histoire sans un univers un minimum cohérent.
Une mini-série aurait été plus adaptée
Alors A world without, un échec ? Tout est relatif. Il y a de bonnes idées, une esthétique plutôt réussie et je n’aurais pas été aussi perdue dans cet univers, j’aurais pu aimer sincèrement cette petite fiction. Les personnages sont sympas et la romance interdite entre Salina et Hafiz fonctionne bien. Même si elle est jetée sur le côté à un moment, donnant un sentiment d’inachevé. En réalité, A world without aurait été plus efficace en mini-série, avec plus de temps pour développer ses intrigues et les motivations de ses personnages. Comme ça, j’aurais pu savoir pourquoi une société interdit les relations amoureuses avant le mariage.