Bolchoi Arena, le jeu VR plus vrai que nature

Vous savez ce qui fait une bonne dystopie ? Qu’elle soit écrite par de vrais amoureux du genre. Comme pour Bolchoi Arena de Boulet et Aseyn.

Pour ce dernier jour de l’année, j’ai envie de vous offrir une petite pépite. Une BD qui m’a enchantée. Oui, encore une BD mais c’est un format qui adore la dystopie, qu’y puis-je ? En plus, aujourd’hui, c’est une BD coécrite par un auteur fort populaire sur les réseaux sociaux sur lesquels il partage régulièrement des petits strips sur l’univers SF, j’ai nommé Boulet. Le mec qui trouve les écrans transparents totalement absurdes et quand on y pense… Bref, Boulet a écrit le scénario et fait appel à Aseyn pour le dessin. Et c’est ainsi qu’est né Bolchoi Arena. Un air de space opera derrière les casques VR.

Bolchoi Arena et Boulet et Aseyn

L’histoire ! Marje est une thésarde en astrophysique. Passionnée par son sujet, elle ne peut résister à l’idée de s’aventurer dans les espaces virtuels du Bolchoi qui reproduisent des environnements galactiques. C’est ainsi que la thésarde va pouvoir faire virtuellement ses premiers pas sur Mars ou Titan. Cependant, Marje va devenir peu à peu totament accro au jeu, d’autant qu’elle développe d’étonnantes aptitudes dans cet univers, devenant une cible à abattre pour d’autres joueurs.

Vous l’aurez compris, on est totalement dans un univers de jeu vidéo obsédant en réalité virtuelle. Un univers que j’adore même si je n’avais, jusqu’à présent, pas vraiment trouvé une oeuvre satisfaisante. Le principal défaut étant la cohérence de l’univers et les difficultés à saisir le fonctionnement du dit jeu. La BD offre déjà l’immense avantage de ne pas nous imposer de mondes virtuels en 3D moche. Ok, Ready player one nous offrait un monde virtuel de toute beauté alors que Kiss me first, moins, déjà. Tout l’enjeu des univers virtuels en BD, c’est de trouver une façon de représenter chaque univers. Par exemple, dans Rev, nous étions dans une pure expérience psychédélique. Il n’y avait aucun doute quant au fait que nous étions dans un jeu. Dans Bolchoi Arena, la puissance du jeu est son réalisme. Les personnages ont donc des avatars, réalistes ou non puisque l’on peut jouer des animaux aux attitudes humaines ou de vrais humains.  

Bolchoi Arena, une BD qui nous plonge dans un jeu vidéo VR révolutionnaire

Si l’esthétique fonctionne bien, ce n’est pas là la clé de la réussite de Bolchoï Arena. D’abord, nous avons la cohérence du jeu. Les règles sont édictées et il n’y a pas de dérogation en soi. Si Marje nous est présentée comme une joueuse immédiatement surdouée, le rôle classique de l’Elue, elle est soumise aux mêmes règles que les autres et son talent ne l’empêche pas de subir quelques game over. Dus essentiellement à son imprudence et son arrogance. Chaque partie nous permet de saisir les limites de l’univers et nous permettent de comprendre pourquoi certaines décisions entraînent certaines conséquences. Pas de plot twist sur la base d’un “ta gueule, c’est magique”. 

Bolchoi Arena de Boulet et Aseyn

Mais surtout, la réussite de cette oeuvre vient d’un amour sincère de Boulet pour les jeux vidéos. La dystopie est un genre qui peut vite pousser ses auteurs vers un réactionnisme parfois pénible. Surtout dans les univers futuristes où toute l’histoire nous sert à nous répéter que “ohlala, c’était mieux avant, quand les gens lisaient au lieu de s’abrutir sur les écrans”. L’abrutissement des masses par le divertissement est un sujet que j’aime vraiment bien mais ça sonne parfois comme le comm Facebook d’un vieux tonton qui se croit supérieur aux jeunes parce que lui, il lit des livres. Et des vrais, hein, pas des mangas ou des Guillaume Musso. C’est vrai, personne, jamais, dans l’histoire, n’a été capable de lire des livres mais aussi de jouer à des jeux vidéos ou regarder des séries. Jamais. La dystopie sert par essence à faire passer un message sur les dérives possibles de notre société. C’est un écrit inévitablement politique. Mais est-ce vraiment la peine de nous infliger ce mépris des autres ?

Un combat dans Bolchoi Arena

Car le récit casse toute tentative d’avoir une lecture réac du medium VR. Marje commence à avoir des problèmes d’addictions et annonce qu’elle arrête de jouer ? Son directeur de thèse la tempère. Le problème n’est pas le jeu mais le temps qu’elle y consacre. Tout est question de modération. De la même façon, Bolchoi Arena est présenté sous un jour positif puisque, outre sa dimension ludique, il présente une version réaliste des planètes alentour. D’où l’excitation de Marje au moment de fouler, même virtuellement, le sol de Titan. La BD sait parfaitement rendre la magie qu’offre le jeu puisque, tout au long du récit, de nouvelles zones sont rendues accessibles et les joueurs s’y précipitent. La plupart pour acheter les zones mais il y a une vraie excitation de la découverte.

Faire du patin dans l'espace

Bolchoi Arena est réussi parce que le duo d’auteurs a compris qu’un jeu vidéo, ce n’est qu’un outil et que si ça dérape, c’est la faute des joueurs qui créent un système et non du média en lui-même. L’un des principes des dystopies, c’est de présenter un système et il faut parfois faire disparaître le monde tel qu’on connaît ou faire surgir un système dans le système pour nous présenter la dystopie. D’où un nombre important de dystopies qui démarrent post-effondrement. L’univers post-apo est un terrain fertile pour imaginer tout un tas de nouvelles organisations humaines, autoritaires ou non. Cf The walking dead ou la partie post-apo de Cloud Atlas, Silo, Metro 2033… Et ça, c’est juste ceux qui me viennent spontanément en tête. Ici, on a donc un système qui se crée dans notre quotidien. La vie de Marje est similaire à la nôtre, les décors dans lesquels elle évolue dans la vraie vie pourrait être l’appart ou la rue de n’importe qui. 

Bolchoi Arena, beauté

Bref, vous l’aurez compris, j’ai été charmée par cette BD en cinq volumes (dont trois publiés) écrite par des amoureux de cet univers VR. Ici, pas de jugement sur le medium, juste une aventure qui fleure bon le space opera avec des vignettes de l’espace qui donnent vraiment envie d’y aller. Oui, par moment, j’étais presque jalouse de Marje qui pouvait admirer les anneaux de Saturne alors que moi, je dois me contenter de cette photo, certes superbe, de Hubble ou de Cassini. Bref, un joli cadeau à se faire avec les chèques cadeau que vous avez reçu de votre entreprise.  

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