De temps en temps, je fouille mon catalogue Netflix pour trouver une dystopie que je pourrai vous chroniquer. C’est ainsi que j’ai trouvé Kiss me first. Une fiction anglaise qui nous parle d’un univers virtuel où l’on se rend grâce à un casque de type Oculus Rift. Forcément, je ne pouvais que céder à la tentation.
Un jeu vidéo avec un mystère
L’histoire. Après la mort de sa mère, Leïla se noie dans Agora, une sorte de Second Life où elle va croiser un étrange avatar. Intriguée, elle va lr traquer. Il s’agit de Tess, une jeune femme fantasque qui va lui permettre d’intégrer un groupe qui a accès à des zones secrètes d’Agora. Le petit groupe est dirigé par Adrian, un leader pas si bienveillant. Un soir, Leila prend l’identité de Tess sur Agora et découvre une vérité bien plus obscure… A partir de là, Leila va s’opposer à Adrian. Dans le jeu et la vraie vie, persuadée que ceux du clan sont en danger.
Le jeu vidéo en pur média
Il y a un côté Ready Player One. Mais ici, le jeu est finalement plus une facilité scénaristique qu’un réel enjeu. Adrian est certes un grand manipulateur mais n’aurait-on pas pu raconter l’histoire de la même façon sans un jeu ? Même s’il y a un propos autour de la légère addiction de Leila qui va chercher un taf juste pour pouvoir se payer ses crédits pour jouer. Ou l’évasion que ce jeu procure aux personnages qui sont tous isolés et dépressifs pour diverses raisons. Le jeu ici est juste un média au sens premier du terme.
Une menace technologique diffuse
Ici, la menace technologique existe mais elle est un peu diffuse. Les espaces créés par Adrian sont des anomalies du jeu. Il y a toute un enjeu sur le pouvoir que possède celui qui crée sur ses joueurs. On croise également la conceptrice d’Agora dans la série. Adrian comme la créatrice sont in fine des Dieux qui modèlent leur monde. Soit à leur image soit selon les désirs de leurs protégés dans le cas d’Adrian. L’échappatoire qui leur est promis se concrétisera d’ailleurs dans les derniers épisodes.
S’échapper du quotidien à tout prix
On retrouve dans Kiss me first la peur traditionnelle liée à un média addictif coupant progressivement ses consommateurs du monde réel. Agora est présenté à la fois comme un remède et un poison. Tous les personnages que l’on suit s’ébrouent dans une solitude poisse. Ils refusent d’affronter leur maladie, leur dépression ou leur bourreau, selon le personnage. Le jeu leur offre alors un joli déni en image de synthèse. Mais survient alors la question de la motivation trouble des concepteurs du jeu, d’Adrian lui-même. Comme si toute technologie que l’on ne maîtrise pas n’était en fait que les ficelles d’un maître des marionnettes… Maître des marionnettes qui fait croire aux joueurs que personne ne se préoccupe d’eux dans la vraie vie. Ce qui est faux. Leila a plusieurs protecteurs dont son patron et son coloc. Tess est peu à peu gérée par Leila qui essaie de la sauver d’un petit ami merdique et de sa maladie.
Une quête initiatique confuse
Cette série est étrange. Les premiers épisodes me laissaient penser à un truc pour ados, un code Lyoko un peu plus mature mais la série prend parfois des tournants un peu trashs avec des scènes de cul assez explicites et un personnage qui lâche sans pression “le problème de mon mec, c’est qu’il est trop branché sodomie”. J’ai donc passé la moitié de la série à me questionner sur le public cible… un peu comme toutes les séries ados actuelles genre Riverdale où le cast me fait penser que ça s’adresse plus aux enfants qui ont grandi dans les 90s qu’aux ados actuels. Je ne suis pas sûre du message. C’est une quête initiatique certes, celle de Leila qui prend peu à peu confiance en elle au cours du récit. Quand on sait que la série a le même créateur que Skins, on perçoit une nouvelle narration du mal-être des adolescents ou plutôt des jeunes adultes ici.
Une bonne idée mais…
Mais il y a comme une sensation de bof. La série semble lancer plein de pistes peu à peu abandonnées, l’aura de mystère autour d’Adrian n’est pas si intéressante que ça. A l’arrivée, on se retrouve avec une intrigue confuse et poussive qui aurait peut-être mérité un ou deux épisodes en moins pour éviter que ça ne s’étire inutilement. Le monde d’Agora n’est pas plus exploité que ça, peut-être pour des raisons de budget. On perd rapidement le côté dystopique de la série. Et on souffre également de « l’effet Osmosis” : une société qui n’a pas du tout évolué sauf sur ce jeu vidéo révolutionnaire avec son casque et son collier qui contrôle le système nerveux… C’est pas si mal mais pas si ouf, en fin de compte.
2 thoughts on “Kiss me first, la dystopie Second Life”