Ceci n’est pas une dystopie

Quand je finis un roman sur Audible ou une série sur Netflix, j’ai un réflexe. Taper « dystopie » dans le catalogue pour trouver ma prochaine came. Et nourrir ce blog, également. Sauf que parfois, je fronce un peu les sourcils. C’est pas de la dystopie, ça, les gars. La palme revenant à une série sur un virus qui transforme les gens en vampires qui ressort quand on tape dystopie dans le moteur Netflix. Vous collez vos étiquettes au hasard ? Donc aujourd’hui, pour étayer mon propos, on va surtout s’appuyer sur Les puissants et Nous, la vague, pour essayer de se mettre d’accord sur ce qu’est une dystopie.

C'est quoi une dystopie ?

C’est quoi une dystopie ?

On repart de la base. J’aime assez bien la définition trouvée sur Wikipedia qui est un peu plus étayée que celle du Larousse :

“Une dystopie est un récit de fiction dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’il est impossible de lui échapper et dont les dirigeants peuvent exercer un pouvoir généralement sans contraintes sur des citoyens qui ne peuvent pas atteindre le bonheur.”

Wikipedia

Ok. Ca correspond plutôt à l’histoires des Puissants, par exemple. Les Puissants, c’est quoi ? C’est une trilogie qui imagine un Royaume Uni sous le joug d’être doués de pouvoirs surnaturels. Les citoyens doivent dix ans d’esclavage au pays qu’ils passent dans des villes dédiées pour la plupart. Les plus chanceux iront travailler au service d’une famille de Puissants. Enfin, les plus chanceux… les Doués ne sont guère charitables et abusent de leurs dons et prérogatives assez régulièrement. Alors c’est fantastique et c’est surtout une uchronie puisque l’action se passe bien dans notre monde à une ENORME nuance près. Mais cette dimension surnaturelle, est-ce qu’on n’est pas plus dans la fantasy que dans la dystopie ?

Les puissants, ceci n'est pas une dystopie

Pas une dystopie mais…

J’ai entamé l’écoute des Puissants car je l’avais vu siglé partout comme étant une dystopie. Sur le coup, j’ai déchanté puisque j’ai vite compris que ce ne serait pas le cas. Et pourtant, au fur et à mesure du récit, alors qu’on abandonne complètement les petites graines d’histoires d’amour qui ne sont pas allées bien loin, je trouve quand même des thèmes classiques de la dystopie politique à savoir : la rebellion. Oui, dans le tome 1 mais surtout les suites, on suit les péripéties des héros qui décident de dire non à la dictature et souhaitent désormais supprimer les jours d’esclavage et également rétablir une démocratie. Ah oui parce que j’ai parlé de citoyens britanniques plus haut mais le mot citoyen n’a jamais été aussi mal choisi vu que les humains sans don sont purement écartés du pouvoir et de la politique, à un ou deux observateurs près. En réalité, on enlève la dimension surnaturelle du don, on est dans des récits de type Hunger Games, Divergente, etc. avec de jeunes gens qui se lèvent pour dire non. Alors, j’en fais quoi de cette trilogie ?

Hunger Games, la révolte de la jeunesse

La révolte fait-elle la dystopie ?

J’ai la même pour Nous, la vague. Cette série m’a pas mal marquée pour sa dimension révoltée. J’ai trouvé qu’elle posait pas mal de questions très intéressantes, des ingrédients qu’on peut exploiter dans n’importe quelle dystopie. Mais on n’est pas du tout dans une société sombre et imaginaire, c’est purement et simplement notre monde. Alors beaucoup aiment à dire qu’on vit déjà en dystopie et je suis pas loin de tenir le même discours mais restons au niveau fictionnel. A partir de quand une dystopie en est une ? Parce que s’il suffit d’une dimension politique et de personnes qui essaient de renverser le pouvoir, Game of Thrones en est une. Et je pense que personne n’a eu l’idée de classer cette saga au rayon dystopie. 

Game of Thrones

Une définition bricolée

Il y a toujours cette ambivalence. Parfois, je tombe sur des vidéos Youtube sur des dystopies et on se trouve régulièrement face à une oeuvre qui n’en est pas une… pour moi. Mais est-ce que j’ai une quelconque autorité sur le sujet ? Non. J’ai ma propre définition, un peu bricolée, par rapport à mes lectures. Pour moi, la dystopie est un véhicule de présentation du pire pour un auteur que j’aime définir comme un lanceur d’alerte. Je ne crois pas que l’écriture d’une dystopie soit anodine. On veut souvent alerter sur certains dangers comme une technologie mal maîtrisée, une catastrophe écologique, un autoritarisme, etc. L’arrivée d’un virus zombie ou vampirique (?) n’a rien de dystopique pour moi puisqu’il n’est, à priori, pas le fait de l’homme.

La peste

Une réorganisation de la société

Par contre, imaginer des sociétés post-apos permet d’éventuellement proposer des organisations cauchemardesques en grossissant le trait de nos sociétés actuelles. Je vois un peu de dystopie dans The Walking dead. Pas du tout dans Reality Z et une certaine vision du pouvoir autoritaire dans 28 jours plus tard. Je classe Silo et Metro 2033 dans des dystopies… d’abord parce que ce sont des sociétés cauchemardesques nées de la folie des hommes. Mais aussi parce qu’elles nous parlent de sociétés réorganisées. Pour le meilleur ou pour le pire. 

Waterworld : post apo ou dystopie ?

A chacun de prendre possession du genre

Bref, au-delà de la définition académique, il y a une nuance que chacun est libre d’interpréter. Je ne mets pas systématiquement les oeuvres post-apo dans la case dystopie, essentiellement parce que l’enjeu de ces romans ou films est la survie pure et n’éclairent pas notre société actuelle. Cependant, si j’y vois une volonté d’alerte… Comme dans Métro 2033 où, au-delà de l’aspect post-apo, on y voit la critique de notre société actuelle mortifère (bombes nucléaires, recherche biotechnologique). C’est à peu près la même dans Silo, la biotechnologie en moins, la manipulation gouvernementale et la paranoïa des puissants qui pensent tenir leur pouvoir du mensonge en plus. Mais est-ce si gênant de ne pas avoir une définition stricte ? Ne peut-on pas laisser à chacun la liberté de définir les limites d’un genre, d’en prendre possession en temps que spectateur ou lecteur ? 

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