Divergente : la dystopie de caste

Un des titres phares des dystopies Young adult : Divergente, petite soeur de Hunger Games. L’histoire d’une société extrêmement hiérarchisée, de complot…

Généralement, dans un travail d’imagination sur une société future, se pose en premier la question de l’organisation. Et dans les dystopies young adult de ce début du XXIe siècle, on aime classer les gens. Par secteur comme dans Hunger Games, par classe comme dans La sélection… ou par caractère comme dans Divergente. Et une chose est sûre : quand l’organisation est trop rigide, à la fin, ça pète.

Triss dans Divergente

La dystopie young adult, un genre déjà très codifié ?

J’associe très fortement Divergente à Hunger Games. J’ai l’impression qu’ils sont sortis presque en même temps et Shailene Woodley me fait un peu l’effet d’une sous Jennifer Lawrence. On pourrait rajouter à la liste le Labyrinthe qui se rapproche énormément de Divergente. Notamment sur le côté “la méchante est jouée par une actrice charismatique qu’on attendait pas là”. Ici, nous avons l’Oscarisée Kate Winslet dans le rôle de Janine, une dirigeante froide qui aime les robes si ajustées qu’une respiration ventrale un peu trop marquée ruinerait tout. Bref, le genre, bien que nouveau, me paraît déjà extrêmement codifié. On se retrouve avec de jeunes gens confronté à un ou plusieurs leaders charismatiques adultes. Car la société dessinée par les générations précédentes ne leur convient plus.

Janine dans Divergente

Un univers branlant

Revenons-en à Divergente. J’avais fait une critique acide du film mais je m’étais dit que les multiples incohérences et maladresses du film étaient dues à une mauvaise adaptation. D’où ma volonté d’écouter les livres histoire de mieux comprendre l’univers dans lequel on nous plonge… et avoir le fin mot de l’histoire puisque je n’ai jamais vu le 3e film. Et en lisant les livres, force est de constater que l’adaptation est quasi littérale. Oui, l’univers est déjà assez mal branlé dans les romans.

Des factions selon ton caractère

Mais de quoi ça parle, Divergente ? Dans une société futuriste, Beatrice grandit dans une société divisée en cinq castes : les altruiste, les érudits, les audacieux, les fraternels et les sincères. Et les sans-factions, des individus rejetés de leur faction d’origine qui vivent en marge. A 16 ans, les habitants doivent choisir leur faction. Si la plupart restent dans celle de leurs parents, d’autres changent. Pour les aider à choisir, ils passent une simulation qui doit les aider à s’orienter. Lors de sa simulation, Beatrice prend une série de décisions qui ne permet pas de la placer dans l’une ou l’autre des factions. Elle est donc divergente. Ce qui est plutôt mal vu et l’examinatrice lui conseille de ne rien dire et de faire comme si. Le jour de la décision, Beatrice décide de devenir Yamakazi et rejoint donc les audacieux, la faction bourrine qui saute sur les murs et les trains en faisant “youhou”. Et qui est accessoirement chargée de la surveillance de la ville.

Divergente, Triss et Quatre

La faction des bourrins

Beatrice, qui décide de se faire appeler Tris, va être notre lapin blanc tout au long des trois romans. Même si le troisième alterne entre son point de vue à elle et celui de son petit ami. Dans le premier roman, nous découvrons d’abord la faction des Audacieux pour qui la vie n’a aucune valeur. Littéralement. Ils envoient d’ailleurs la moitié de ses novices dans la tribu des sans factions à la fin de la formation PARCE QUE. Je sais pas si vous avez déjà regardé des films ou reportages sur l’armée américaine ou ses écoles mais c’est ça. Des chefaillons qui vous hurlent dessus en permanence et qui vous font faire des tractions au dessus du vide sous une cascade parce que ça t’apprendra à ouvrir ta gueule. Petit à petit, l’univers s’ouvre. Tris va rendre visite à son frère chez les érudits et découvre un peu de leur fonctionnement. Dans le livre deux, elle se rendra chez les fraternels puis les sincères. Elle nous a expliqué le fonctionnement des altruistes dans les premières pages du roman. Ce qui est assez curieux, c’est qu’on réalise que les factions n’ont qu’une idée très parcellaire de ce qu’il se passe chez leurs voisins. A moins que ce ne soit que Tris… On a parfois l’impression que c’est pas le couteau le plus aiguisé du tiroir.

Triss dans Divergente

Complot, dictature et massacre de masse

Si le roman fait la part belle à l’organisation et au fonctionnement des factions, il faut tout de même une histoire. Car, comme je le disais, cette catégorie de dystopie a le goût de la révolution. Et pour le coup, nous allons être servi. Nous avons du complot, du massacre de masse, de la dictature qui chuchote son nom avant de le clamer haut et fort, de la manipulation mentale, de la manipulation génétique, aussi… Veronica Roth est extrêmement généreuse dans son écriture. C’est sans doute une grande force de cette trilogie : il se passe toujours quelque chose. Malheureusement, c’est souvent parce que les personnages sont assez stupides. Exemple qui m’avait frappée dans le film : Quatre, le grand amour de Tris, est également divergent. C’est quelque chose qu’il ne faut pas dire. Le mec se le tatoue donc en énorme sur le dos (le symbole de toutes les factions). Je… pardon ? Dans le roman, il a également ce tatouage. Ensuite, une fois chez les Fraternels qui les accueillent, Tris n’arrête pas d’enfreindre TOUTES les règles en permanence. Souvent pour des prétextes à la con. On est à la limite du “je suis de mauvaise humeur, je vais donc tout casser”. 

Triss se rebelle

Les vestiges des Etats-Unis

Autre élément commun à Hunger Games, La sélection et Le labyrinthe et qui me semble un ingrédient indispensable de toute dystopie de cette mouvance : nous sommes aux Etats-Unis. Enfin, ce qu’il en reste. Alors que pendant les deux-tiers du périple, environ, la cité n’a pas de nom, nous apprenons à un moment que nous sommes proches de Chicago. Le nom des lieux de la ville laissaient supposer que nous étions bien aux Etats-Unis. Le troisième roman est une longue explication, parfois un peu confuse, souvent tirée par les cheveux. Car Roth aime brouiller les pistes. Les gentils et méchants ne sont pas toujours figés dans leur rôle, on comprend leur motivation. Oui, je n’aime pas tellement l’univers de Divergente. Tris et Quatre m’épuisent dans leur relation amoureuse… mais un peu comme comme America et Maxon dans La sélection. Ce sont des histoires d’amour de type “ça peut pas être la happy end trop vite, créons des disputes qui n’ont pas le moindre sens”. Mais il y a quand même de bonnes idées. Notamment dans le livre trois qui nous sort de la ville pour une vision plus large. Et, sans la dévoiler, je trouve la fin particulièrement osée pour ce genre et pour le public visé. Rien que pour ça, le travail de Veronica Roth mérite qu’on s’y attarde. Et puis même si Tris est agaçante, elle ne m’a pas provoqué de réactions aussi épidermiques que l’héroïne du pire roman qu’il m’ait été donné de lire.

Tris et Quatre dans Divergente

Une révolte juvénile

Bref, Divergente s’intègre parfaitement dans ce genre littéraire pour jeunes adultes où des jeunes filles disent merde au système et renversent tout à la force de leurs bras juvéniles. Et des romans qui encouragent les jeunes femmes à se dépasser, à s’affranchir d’un rôle que la société attend d’elles, j’aime. Surtout ici. Sans subtilité aucune, une jeune femme de 16 ans refuse le rôle de soin que la société lui propose pour aller courir après des trains en hurlant. 

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