Comment fais-je pour trouver ces dystopies dont je vous parle toutes les semaines ? Et bien, il y a une forte part de hasard. Par exemple, un petit tour dans une bouquinerie et je peux trouver une dystopie. C’est exactement ce qu’il s’est passé avec Les étoiles s’en balancent de Laurent Whale, l’histoire d’un homme qui survole une France dévastée post-effondrement avec son petit coucou. Ciel, ça donne envie !
Après l’effondrement, un homme pilote un petit avion
L’histoire. Tom Costa vit dans un des derniers bastions de la civilisation, à Pontault, au sud de Paris. Ayant appris à piloter avec son frère désormais disparu, Tom fait des navettes entre les différents bastions, évitant soigneusement les “hors-murs”, des hordes errantes cherchant à survivre comme elles peuvent. Tom essuie quelques mésaventures mais les villes alentours s’agitent : une menace encore mal identifiée vient du nord et les cités-Etats tombent, entraînant l’exode des hors-murs vers le sud. Tom va devoir former de nouveaux pilotes afin d’assurer la défense de son bastion.
Les communautés menacées par les hordes
On se retrouve donc dans une fiction classique de post-effondrement où les humains se regroupent en communautés, protégeant leurs possessions comme ils peuvent. On n’est pas très loin d’un Walking dead. Sauf qu’ici, les rôdeurs ne sont pas des zombies mais des hors-murs. Potentiellement plus dangereux car tout aussi affamés mais en plus doués de raison. Cette menace est relativement bien contenue, malgré un premier chapitre où Costa a un peu chaud aux fesses. Mais les hors-mur servent ici d’échantillon pour la vraie menace qui va se dessiner ensuite.
Faire famille quand il ne reste plus grand monde
Autre thème assez récurrent de ces fictions post-apo, c’est la famille. Ou ce qui fait famille plutôt. Si Tom a bien eu un frère, celui-ci a disparu au début du roman. On a quelques personnages liés par le sang : deux élèves pilote de Costa, le maire et son fils. Mais les unités familiales sont plus ou moins reconstituées. Ainsi, Tom a pour figure paternelle Armand, une sorte d’hippie passionné de littérature et très impliqué dans l’organisation de la ville. Et comme substitut de petit frère Miki, un gamin plus ou moins recueilli par Armand. Tom a également une compagne qui vit à Meaux et qui, pendant la première moitié du roman, n’est présente que dans les évocations de Tom. Les liens qui se créent entre les personnages peuvent être parfois très forts, Tom va d’ailleurs trouver un acolyte durant ses péripéties qui va devenir comme un frère pour lui.
Des communautés peu démocratiques
Autre point classique : l’autoritarisme dans les communautés. Costa, rayonnant entre plusieurs villes, va rencontrer les maires et force est de constater que ces gens sont là parce qu’ils ont fait preuve de violence et ont établi leurs réseaux. A Pontault, le maire Rinaldi a notamment un fils crétin et violent qui met souvent des coups de pression un peu gratos à Costa. Costa qui se retrouve mêlé à des tractation entre différentes cités avec des intermédiaires un peu louches. Alors qu’en début de roman, la perte de l’ULM que pilotait Costa semble une terrible perte, on trouve soudain plein de matériel militaire type avions, hélicos, blindés, etc.
Un univers un peu confus
Et c’est là que le bât blesse un peu. Je n’ai pas bien compris l’univers que l’on me présentait. La chute, qui semble avoir touché toute l’Europe, est plus ou moins expliqué dans les préambules de chapitre. Et une nouvelle fois : je crois que j’aurais préféré lire ce qu’on me présente dans ces préambules que le roman que j’ai entre les mains. Effondrement assez classique à base de paupérisation des masses et colère croissante, allant jusqu’au meurtre de politiques. Des temps troublés que n’a pas connus Costa. Le souci, c’est que Costa n’est pas tout à fait le couteau le plus aiguisé du tiroir, quoi qu’en dit l’auteur. Il se retrouve mêlé à des tractations politiques qui ne l’intéressent pas trop. Or le roman étant raconté à la première personne du singulier, nous n’avons en coup de projecteur que ce que vit Costa et ce à quoi il pense. Et, pas de bol, il pense surtout à sa meuf.
Le héros surpuissant et la belle héroïne
Car Costa est ce genre de héros un peu caricatural des années 80 : fort, doué en tout, limite increvable et irrésistible pour les femmes. Enfin la sienne vu qu’on n’en croisera pas une autre de tout le roman. Enfin, si, il y en a. Mais elles ne sont ni nommées ni caractérisées. Il n’y a que San “la lionne”, comme aime à l’appeler Costa. Une vague silhouette féminine dont on ne sait finalement pas grand chose et de toute façon, c’est pas grave. Elle sert juste de fonction de demoiselle en détresse quand ça arrange. Il suffit que Costa débarque et lui dise de tout laisser tomber pour le suivre pour qu’elle obtempère sans discuter. Bref, San évolue dans un male gaze constant et ne fait preuve de force et de caractère que quand ça sert le récit.
Les nuances ? Bof, non
Costa n’a pas énormément de nuances non plus. Partez du principe qu’il réussit tout. Il sait tout faire et ses plans réussissent toujours. Et s’ils échouent, c’est pas grave, il s’en sortira bien quand même. Ce qui crée deux effets : de un, je n’arrive pas à créer de l’empathie pour un personnage qui n’a pour faille que la faiblesse des personnes l’entourant. J’ai exactement le même problème avec Rick dans The walking dead précédemment cité, d’ailleurs. La série, pas le comic. Rick se sort de tout et finalement, sa seule faiblesse, c’est son gosse. De deux, vu que Costa est environ increvable, tenant la dragée haute à des avions plus puissants que lui car il est très intelligent, à aucun moment, je ne le crois en danger. Le livre est riche en rebondissements et en scènes de combat mais à chaque fois, j’étais là “oui bah il va s’en sortir, pas d’inquiétude”.
Une dystopie pour les amoureux des avions
Je suis donc sortie mitigée de ma lecture de Les étoiles s’en balancent. J’ai beaucoup aimé le style de l’auteur, une plume assez sarcastique plutôt bienvenue dans un univers aussi noir. J’ai trouvé les parenthèses sur l’effondrement intéressantes et j’aurais bien aimé en savoir plus là-dessus. Mais on sent cette tendance que je déteste de l’auteur qui se voit à la place du héros, lui prêtant toutes les qualités et lui donne la belle fille. Le seul personnage féminin nommé du récit. Ma lecture de ce roman fut plutôt… indifférente. Je n’ai pas vibré, je n’ai pas été exalté et à l’heure du grand plot twist, j’étais en mode “ah… ok.” Et la fin est… à un moment, tu cries stop tellement trop de rebondissements tue le rebondissement. Bref, pas un indispensable. Pas le pire non plus. Une dystopie qui plaira surtout aux amoureux des avions en tout genre.