Les séries et films dystopiques relèvent souvent de la loterie. J’ai toujours un peu peur qu’on exploite cette trame pour nous proposer des fictions de piètre qualité. Quand Sweet Tooth est sorti, j’étais un peu circonspecte. Une série avec des enfants-animaux qui ont l’air tout mignon, c’est pas genre “Anne Geddes, la série” ? Si j’avoue que j’ai été touchée par la mignonnerie des enfants, notamment Gus, j’ai surtout aimé le travail sur l’univers qui nous est proposé. Encore une dystopie bonne élève, avec son système post-effondrement.
Un virus et des enfants-animaux
L’histoire. Alors que l’environnement se porte mal, un double phénomène se produit. Alors que des enfants naissent avec des attributs animaux, un terrible virus se répand et tue des milliards d’Humains. Le peu qu’il reste décide d’éliminer les enfants hybrides, jugés monstrueux et plus ou moins responsables du virus. Le jour de la naissance des bébés hybrides, un homme s’enfonce dans le parc de Yellowstone avec un bébé trop mignon… Qui a des cornes et des oreilles de cerfs ! Voici Gus, l’enfant cerf qui va grandir dans la forêt en compagnie de son “Pubba”. Une enfance heureuse régie par quelques règles strictes. Gus doit se cacher si un Humain apparaît et ne surtout pas franchir la barrière du parc. Mais un jour, Pubba et Gus sont repérés et, après avoir essayé de défendre son enfant, Bouba meurt. Gus va donc devoir se débrouiller tout seul. Mais les Humains ne sont plus si loin…
Survivre comme on peut
Sweet Tooth est une dystopie post-effondrement assez classique sur le fond. Une forte part de l’Humanité a disparu, les survivants se débrouillent comme ils peuvent. Ici, la menace est double. D’abord, il y a le virus qui réapparaît ponctuellement, signalé par une flambée de fleurs bleues mystérieuses. Puis il y a “Les derniers Hommes”. Une sorte de milice qui pourchasse les enfants-animaux pour des raisons assez obscures qui s’éclaireront un peu plus tard. Mais je ne vous raconte pas. Cependant les enfants-animaux étant apparus au moment de la terrible épidémie, le même jour, beaucoup les tiennent pour responsables. La menace est donc identifiée. On a aussi une armée d’adolescents qui veulent venir en aide aux enfants-animaux, eux-mêmes se déguisant en leur animal totem. Comme “Bear”, une jeune ado qui se bat pour retrouver sa petite soeur hybride qui a été enlevée à sa famille quand elle était bébé.
Les familles que l’on se crée
La série va fonctionner sur deux temps. Le présent, avec un Gus de 10 ans qui découvre le monde en suivant Big Man, un dernier homme qui l’a sauvé. A noter que Big Man n’est pas vraiment ravi d’être suivi par l’enfant au départ. Mais un vrai attachement se crée entre les deux. Car nous allons avoir un thème très fort dans la série : la famille que l’on se crée. Après avoir grandi auprès de Pubba qui était le seul Humain qu’il a côtoyé pendant près de dix ans, Gus va fortement s’attacher à Big Man et Bear. Big Man qui va peu à peu s’attacher à Gus et finir par dire que c’est son gosse. Bear, qui a perdu ses parents, s’est constitué une famille de substitution avec les ados qui se déguisent en animaux. Notamment Tiger qu’elle considère comme sa soeur. Et puis nous avons Aimée. Ancienne psy réfugiée au zoo de la ville après l’effondrement, elle va recueillir plusieurs enfants-animaux. Elle les considère comme les siens et va les élever avec amour.
Un côté un peu feel good
Sweet Tooth a un côté un peu Goonies. Une histoire avec des enfants débrouillards qui allient leurs différents talents pour se sortir de situations complexes. Voire dangereuses. Beaucoup de ces créatures sont absolument adorables. Déjà Gus. Outre qu’ils ont casté un gamin à la bouille très expressive, il est doté d’oreilles de cerfs qui bougent en fonction de ses émotions. Il y a vraiment des moments très doux dans cette série, notamment une scène de retrouvailles sur 50 ways to leave your lover que j’ai trouvée vraiment très réussie. Il y a plein de jolis moments de pure joie, notamment quand Gus découvre la musique, les facéties de l’enfant putois mais…
Un fond qui reste noir
Et bien malgré l’esthétique un peu Anne Geddes et ces enfants trop mignons, il y a quand même un fond noir. On est sur du post-apo et tout le monde n’est pas destiné à s’en sortir. Y compris des enfants… Et c’est tout l’intelligence d’écriture de Sweet Tooth. On est sur de jolis moments de vie, on peut presque se croire dans une série Feel good et paf, un Dernier Homme débarque et peut-être que quelqu’un va clamser. Et vraiment, la série ne retient pas ses coups sur le sujet, surtout dans la saison 02. Et si le grand méchant, dans le plus pur style steampunk qui n’aurait pas fait tâche dans un Mécaniques Fatales ou La cité des Enfants perdus, est un peu cruel et parfois un peu caricatural, on va découvrir que la bande de Méchants n’agit pas par pur plaisir de tuer. Derrière leurs agissements sombres se cache une intention qui peut presque être noble, selon le point de vue.
Un laboratoire secret ?
Je parlais de deux temps car la série va commencer à nous raconter l’effondrement. Les premières scènes nous expliquent l’apparition des bébés animaux mais un peu plus tard dans la série, on va en apprendre un peu plus sur l’arrivée du virus et des bébés animaux… Avec, peut-être, une histoire de recherches secrètes et des forces militaires Américaines qui font un peu n’importe quoi et seraient peut-être à l’origine de la situation. Au fur et à mesure de la série, grâce à quelques artifices narratifs, on va en apprendre plus sur la maman de Gus qu’il recherche, sur ses origines et sur ce qui a bien pu se passer pour qu’on en arrive là.
Une bonne élève, en espérant que ça dure
Bref, Sweet Tooth est une série post-effondrement tout à fait classique sur le papier mais je la trouve particulièrement bien écrite et j’attends la saison 03 avec impatience. D’autant que quelques cartes ont été rebattues à la fin de la saison 02. En espérant cependant qu’ils ne vont pas allonger la sauce indéfiniment car rien n’est pire qu’une série qui ne sait pas s’arrêter. A noter que c’est tiré d’un comics que je n’ai pas lu… Mais sur lequel je vais me pencher dès la fin de la série !