Akira, la dystopie à l’esthétique un peu dérangeante

Quand on veut raconter une dystopie dans un film, on peut parfois se retrouver bloqué par la représentation graphique d’une société n’existant pas. Si j’ai adoré l’esthétique brute du Fahrenheit de Truffaut, les films récents nous en mettent plein la vue à grand coup de CGI… pas toujours très heureux. Et je vous jure qu’il n’y a rien de plus fatal à votre attention qu’une incrustation bien bancale. Deux univers permettent cependant de représenter un univers relativement futuriste sans faire grimacer : les jeux vidéos dont les éventuels défauts sont gommés par l’immersion. Et les mangas. Version papier ou version animée. Et dans les univers dystopiques, on a quelques pépites. Aujourd’hui, on va traiter du plus mythique selon moi : Akira.

Akira, animé dystopique

Un accident qui tourne très mal

En 2019 (…), dans un Neo-Tokyo gigantesque, une bande de jeunes motards bien tête brûlée fait la bagarre avec un gang adverse. Pendant la confrontation, Tetsuo a un accident en voulant éviter un enfant bizarre qui a le visage d’un vieillard. Peu après cette étrange rencontre, Tetsuo est arrêté par l’armée qui va lui faire des tas de tests et le font intégrer un programme réunissant des individus ayant des dons hors du commun. Genre télékinésie, tout ça. Tetsuo parvient à s’enfuir mais il est devenu assez instable, ses amis ne le reconnaissent plus.

Akira de Katsuhiro Otomo

Un nouveau messie ?

Pendant ce temps, dans les rues, circule un nom, celui d’une sorte de légende, Akira. Pour certains, c’est une sorte de sauveur mais on découvre assez rapidement que c’est lié au projet militaire pour lequel Tetsuo a passé des tests. On a quelques passes d’armes entre l’armée qui veut poursuivre ce fameux projet et le gouvernement qui ne voit pas pourquoi il devrait continuer à dépenser de l’argent pour un projet qui n’a rien rapporté. Oui, en effet… Tetsuo développe un pouvoir immense mais il apprend que le fameux Akira était encore plus puissant que lui et décide d’aller le voir…

Akira

Fin du résumé ! Alors ici, de quoi ça parle ? Ok, c’est dans un futur, le film est sorti en 88. Mais sinon, c’est quoi les éléments dystopiques ? Bon, déjà, la ville gigantesque avec des buildings toujours plus hauts. Mais au-delà du décor, on va se concentrer sur deux éléments : la misère sociale et une sorte de transhumanisme. Sur la misère sociale, on va balayer rapidement. Il existe une vraie séparation entre ce que je pourrais appeler le peuple de Neo Tokyo, qui semble vivre dans un climat particulièrement violent (bagarres entre gangs et pas bagarres mignonnes, hein…) et ses dirigeants qui taillent le bout de gras dans leurs bureaux. En réalité, c’est un peu ce qui me pertube un peu dans Akira, des successions d’univers qui nous paraissent déconnectés. Et que se passe-t-il quand le peuple est à l’agonie ? L’émergence de groupes qui se cherchent un leader. Ici le légendaire Akira.

Akira

Les créatures échappent à leurs créateurs

Mais surtout ce film traite d’expériences scientifiques qui font évoluer des humains en surhommes. Ces créatures, mi enfants mi viellard·e·s ont parfaitement terrifiantes et leurs capacités semblent sans limite. Comme Akira et Tetsuo qui se laissent consumer par leur pouvoir. Ici, le message est simple et déjà observé : ne jouez pas aux apprentis sorciers. Les expérimentations scientifiques finissent souvent mal dans les dystopies et les créations échappent à leurs créateurs. Comme Frankenstein ou Terminator

Les enfants vieux d'Akira

Outre le côté lanceur d’alerte, un des vrais sujets qui traversent la majorité des dystopies est ce qui fait l’essence humaine. La menace dessinée dans toutes ces histoires, qu’elle soit autoritaire, techno-biologique ou écologique, pose toujours la question : est-ce que dans ces sociétés, on est encore humains ? La félicité totale mérite-t-elle que l’on sacrifie ce qui fait de nous des humains ? Nos passions ? Dans Akira, il n’y a pas de robot mais des humains chez qui on a développé des capacités les rendant surpuissants et incontrôlables. Et sont-ils encore humains ? L’esthétique dérangeante souligne particulièrement cette interrogation. Cependant, au-delà de l’aspect monstrueux, reste encore des sentiments.

Akira, désintégration

Bref, Akira est un classique des mangas dystopiques. Ne vous laissez pas rebuter par l’esthétique inquiétante des enfants vieux ou le côté très organique des scènes de fin. Car vous manqueriez un chef d’oeuvre. Surtout qu’il est actuellement redistribué en salles et en 4K.

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