Attention, je vais vous parler de The lobster, un film que j’avais vraiment aimé à l’époque. J’en avais écrit une critique fort élogieuse mais je ne l’avais pas envisagé sous le prisme de la dystopie, je vais donc remettre mon travail sur l’ouvrage. Parce que The lobster est une curiosité que vous devriez regarder, même si vous n’êtes pas affinitaire avec le genre dystopique. Mais du coup, je comprends pas bien ce que vous faites sur ce blog…
Célibat prohibé
Alors, c’est quoi l’histoire ? On suit l’histoire de David qui part pour 45 jours dans un hôtel pour trouver une compagne, sa femme l’ayant quitté. Car, dans cette société, le célibat est condamné. Si au bout de ses jours à l’hôtel, il n’a pas trouvé une épouse, il sera transformé en animal, celui de son choix. David a donc choisi le homard. The lobster en anglais, oui. Pour accroître ses chances, David et les célibataires de l’hôtel participent à des chasses aux célibataires cachés dans la forêt voisine, chaque capture rajoute des jours au compteur.
Qui se ressemble s’assemble
On découvre donc un univers très codé. Car il ne suffit pas de s’associer avec une personne (du sexe opposé), il faut suivre la règle du qui se ressemble s’assemble. Essayant de survivre au système, David jette donc son dévolu sur une femme agressive et violente et tente d’imiter son comportement pour la convaincre de l’épouser. Cependant la tentative d’arnaquer le système tourne mal et David se voit contraint de fuir dans la forêt pour rejoindre la résistance.
Un classique de dystopie systémique
Souvent, quand je décortique une dystopie “systémique”, je retrouve des éléments immuables. Un système de société absolutiste et imparfait, une résistance établie. Et un personnage qui va passer de l’un à l’autre, prenant peu à peu conscience de la monstruosité de la société dans lequel il ou elle évolue. Donc ici, le moteur de cette société, c’est l’utilité de l’individu qui se doit être en couple et procréer. Si un individu ne remplit pas cette fonction, il doit sortir du système, point. Ne plus être une charge pour la société. C’est peu ou prou le fonctionnement de toute dystopie systémique : jouer le jeu ou être exclu. C’est même toute une mécanique de pas mal de dystopie ou de romans, le personnage prend d’abord des décisions pour ne pas être banni·e. La pilule bleue plutôt que la pilule rouge.
Une fable cynique
Et souvent, le basculement n’est pas volontaire. The Lobster propose une vision très cynique de son héros qui est quand même globalement un lâche. Il joue le jeu de la société jusqu’à l’extrême et n’épouse la résistance que quand il n’a plus le choix. Son amour absolu se retrouve vite calmé quand il doit faire un sacrifice pour rester avec la femme qu’il aime car même s’il décide de se rebeller contre la société qui l’a exclu, il en conserve les principes. Pour aimer, il doit partager les mêmes caractéristiques de celle qu’il aime, au point de devoir réaliser un sacrifice coûteux.
Deux camps détestables
The Lobster n’a pas de lecture noire ou blanche, il n’y a pas tant de messages de révolte en sous texte. Quel que soit le camp, tout le monde est détestable dans cette histoire, finalement. Les gens agissent dans leur propre intérêt, pour de mauvaises raisons. Tous autant qu’ils sont. Souvent, dans les dystopies, le combat de résistance est pur. Quand sacrifice il y a, c’est pour le bien commun. Là… bah pas du tout. Cette nuance fait du bien même si elle peut laisser un peu sur sa faim, un goût un peu acide dans la bouche à la fin du film. Et c’est ça qui est bon !
Une recommandation pour votre week-end
Bref, si vous voulez regarder une dystopie assez originale, loin de l’esthétique néon fluo qu’on retrouve régulièrement dans les fables futuristes, foncez. En plus, le casting est vraiment pas mal, entre un Colin Farrell inspiré, bien plus que dans Total Recall par exemple, une magnifique Rachel Weisz et une Léa Seydoux parfaitement détestable, loin de ses rôles de belles sylphides. Et en plus, c’est actuellement disponible sur Netflix ! Avec le temps qu’il fait dehors, aucune raison de ne pas le mater.
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