Matrix, l’ultime métaphore du réveil

Dystopie désormais mythique, Matrix explore divers thèmes comme la technologie qui surpasse l’homme et surtout une mise en scène très littérale du réveil.

Bon, ultime peut-être pas. Dans l’univers dystopique, il y a quelques grands classiques et Matrix est, pour beaucoup, la première découverte d’un univers ultra futuriste et sombre. Comme pour moi avec Terminator. Car oui, je suis une personne pas si jeune. Nous voici face à deux films d’action qui ont marqué les esprits à leur sortie, avec une technologie qui a largement dépassé ses concepteurs. Donc, aujourd’hui, on avale la pilule rouge et on parle de Matrix.

Neo de Matrix

Réveil au coeur de la matrice

Alors l’histoire, des fois que. Neo, un jeune programmateur le jour, s’adonne régulièrement au hacking et reçoit un étrange message un jour. Alors qu’il pense intégrer un groupe de hackers, il rencontre Morpheus qui lui propose un dilemme : connaître la terrible et douloureuse vérité ou rester dans une ignorance confortable. Pilule bleue ou pilule rouge. Neo choisit la vérité et découvre avec stupeur que toute sa vie n’est qu’une simulation virtuelle. Suite à une guerre entre machines et humains, ces derniers, vaincus, sont devenus de véritable piles pour les machines, enfermés dans des cocons. Quelques uns ont été réveillés par Morpheus et vivent sous les tours cocon dans la cité de Sion.

Zion dans Matrix

Une oeuvre qui réunit pas mal d’éléments dystopiques

Matrix aborde énormément de thématiques classique des dystopies. La technologie hors de contrôle, un pouvoir coercitif. Une sorte de lutte des classes à partir du 2e avec les personnages du Mérovingien et de Perséphone, métaphore un peu poussive d’une noblesse dégénérée et blasée. Matrix agglomère pas mal de genres divers et variés, copiant-collant certaines scènes ou effets. Comme le fameux bullet time, déjà présent dans des films et clips mais devenu désormais indissociable de cette trilogie. Le crash spectaculaire de l’hélicoptère dans un immeuble m’évoque irrésistiblement Terminator 2. On a également des moments purement super héroïques, un aspect très manga. Et évidemment, un héros biblique de façon quasi littérale puisque la cité des humains réveillés s’appelle Sion. Le côté des humains servant de ressources n’est pas sans rappeler Soleil vert. Même si pour le coup, il s’agit de nourrir des machines et non plus ses congénères. 

Neo est le Christ dans Matrix

Un réveil au sens littéral

Mais ce qui m’intéresse surtout c’est la notion de réveil. Si elle peut être liée à une relation amoureuse ou une adolescence pleine de questionnement, dans Matrix, le réveil est littéral. La pilule qui éveille ou celle qui endort, au choix. Un peu comme dans un Bonheur insoutenable où Copeau s’éveille en refusant le traitement chimique imposé par la société. Ce réveil est particulièrement utile puisque tel un voyageur du temps ou un éveillé après une longue cryogénisation, Neo va nous servir de lapin blanc dans cet univers qui nous est parfaitement inconnu. Lapin blanc également matérialisé dans le film et qui amène Neo au réveil. Une fois initié, il va osciller entre scepticisme et super pouvoirs. Tel un néo-révolutionnaire, exalté et radical. Comme dans toute dystopie qui se respecte, le nouvel éveillé sera celui qui amènera la révolution à son terme et libérera Sion.

Pilule rouge et pilule bleue

Premier pas dans un univers dystopique

Je n’ai pas particulièrement aimé Matrix Revolution et encore moins Matrix reloaded. Je trouve que l’histoire se perdait dans des circonvolutions peu utiles, nous servant une pelletée de personnages fort esthétiques mais assez peu pertinents. Cependant, peu importe mon avis et mon appréciation de la trilogie. Car c’est surtout une porte d’entrée pour l’univers dystopique et la question de la révolte face à un pouvoir coercitif. Mais surtout, de nombreuses références enrichissent le vocable militant comme la pilule rouge, la métaphore de l’éveil du militant ou de la militante qui découvre une réalité noire et ne pourra revenir en arrière. A l’inverse, certains n’hésitent pas à utiliser l’adjectif “matrixé” pour dézinguer son contradicteur dans un débat en signifiant qu’il a une grille de lecture complètement faussée. Alors oui, Matrix comporte pas mal d’imperfections et n’est pas toujours très original malgré une esthétique forte. Mais parce qu’il est le lapin blanc que beaucoup ont suivi pour découvrir les dystopies, il mérite tout notre respect.

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