Terminator Zero : variation sur les machines tueuses 

Regarder une oeuvre estampillée Terminator est toujours un exercice compliqué. Alors, Terminator Zero parvient-il à relancer la franchise ?

Quand j’ai lancé Terminator Zero, j’avais une légère appréhension. J’avais envie d’aimer cette série parce que je continue à trouver que la saga Terminator a encore à offrir. Et finalement…Ce fut un échec. Trop de bla bla et de rebondissements rocambolesques, une suspension consentie de l’incrédulité mise à mal dès la première scène. Une héroïne invincible alors que tout le monde meurt, des personnages qui m’intéressent peu, des révélations qui ne surprennent personne. Cependant cette série comporte un point essentiel : l’évolution de l’IA et des androïdes.

Terminator Zero

L’histoire. En 1997, au Japon, un scientifique japonais du nom de Malcolm se prépare à l’apocalypse provoquée par Skynet, un drame qu’il a vu dans ses cauchemars. Il crée une intelligence artificielle concurrente de Skynet, Kokoro. Alors que la date fatidique approche, un tueur du futur débarque pour éliminer Malcolm et ses trois enfants, élevés par une gouvernante un peu maladroite. Heureusement, une guerrière du futur débarque aussi pour tenter de sauver la famille de Malcolm.

Terminator Zero

Un androïde du futur qui tue un peu tout le monde pour atteindre son but, on connaît. Une soldate du futur qui débarque pour sauver des gens et tenter d’éviter qu’une catastrophe se produise, on maîtrise. Même si les versions de Terminator semblent nous proposer des Humains toujours plus badass voire increvables. Le Kyle Reese de 1984 me manque, parfois. Sa relation avec Sarah aussi. Parce que là, Terminator Zero a décidé de ne pas trop se préoccuper des relations interpersonnelles. Dès le départ, on nous explique que Malcolm n’a pas le temps de s’occuper de ses enfants car il doit tenter de sauver le monde d’une potentielle hécatombe. Du coup, on verra surtout Malcolm papoter avec Kokoro tandis que sa marmaille essaie de survivre en échappant à un robot tueur.

Eiko, guerrière badass

Cependant, Terminator Zero a une grosse qualité, même si ce n’est pas forcément volontaire. Terminator Zero a une vision très philosophique des IA. Dans la version initiale de Terminator, Skynet est présenté comme une entité impitoyable qui décide de prendre le pouvoir car elle en a les moyens. Les robots sont mécaniques et métalliques, froids et implacables. L’annihiliation des Humains semble industrielle, un pur massacre. L’intelligence artificielle qu’on nous présente évoque les diodes et les circuits imprimés.

Skynet

Pendant deux décennies environ, Terminator nous racontait donc la guerre entre machines et Humanité. Puis, déjà, en 2015, nouvelle variation. Skynet se cache derrière Genisys, une sorte de système à la Apple super révolutionnaire. On est pleine période des GAFAM,  la fois admirés et détestés. C’est l’époque où on a droit à quelques dystopies comme The circle ou M, le bord de l’abîme. Entre réseaux sociaux qui asservissent et intelligence artificielle qui commence à développer une certaine autonomie. Après, je ne me souviens plus exactement des détails de Genisys, vraiment pas bon signe.

Terminator Genisys

Et puis on a Terminator Zero qui choisit clairement la voie de l’uchronie. Alors que Genysis redistribuait les cartes en retardant l’apocalypse, Terminator Zero garde la catastrophe à fin août 1997… mais dans une société beaucoup plus évoluée que la nôtre avec tout un tas de petits automates. Des employés de supermarché ou encore des robots jouets très évolués. Notamment un robot chat plus vrai que nature dans son attitude qui n’est pas sans rappeler celui de Mars Express. Les robots animaux de compagnie, nouvel accessoire tendance des dystopies ? Bref, même si Malcolm pète un câble quand il voit ses enfants acheter un chat-robot et qu’on perçoit la nouveauté de ce produit, il reste qu’en 2024, les animaux mécaniques jouets sont de gros tas de plastiques qui font rapidement deux ou trois actions et font leurs besoins

misaki a acheté un robot jouet

Mais surtout Terminator Zero nous propose une lecture plus philosophique de la domination des IA. Si Skynet agit toujours dans un pur désir de toute puissance, Kokoro est incarnée dans un avatar humanoïde. Enfin, Kokoro s’incarne en espèce de trio de déesses volantes. Elle crée une dissonance folle dans le rythme de la série puisque l’on passe d’une scène d’action où les enfants de Malcolm échappent de peu à la mort grâce aux talents de la guerrière du futur à Malcolm qui discute nature humaine avec Kokoro. Cependant, c’est précisément là, l’évolution majeure dans le traitement des IA. L’entité artificielle ne souhaite pas prendre le pouvoir parce qu’elle en a la capacité mais hésite à sauver l’Humanité qui ne le mérite pas vraiment.

Malcolm et Kokoro

Ce parti-pris est intéressant. En prenant en considération une série de faits, l’IA souhaite opter pour la voie la plus juste et il semble que l’Humain ait assez peu la côte. Bon, la discussion est vraiment longue et ça se répète pas mal. Alors que dans le Cinquième Elément, ça se résumait à “je ne pense pas que l’Humanité mérite que je la sauve”. “Oui, mais moi, je t’aime”. “Ah ok alors go”. Certes, Leeloo n’est pas une IA… Enfin, ce n’est pas ce que l’histoire raconte. Cependant, si on compare à Skynet, Kokoro n’a aucune agressivité envers les Humains, aucune velléité de rien. Elle est une déesse qui hésite à accorder le pardon parce que les Humains, de par leur imperfections, sont finalement les vecteurs de leur propre destruction.

Terminator Zero

Bref, je pense qu’en temps que série, Terminator Zero est parfaitement dispensable. Elle se mate assez vite donc si vous n’avez rien d’autres à faire, pourquoi pas. Mais si vous avez envie d’animé japonais avec des robots destructeurs, je vous renverrai plutôt vers Pluto. En fait, je suis persuadée que Terminator Zero aurait été bien meilleur s’il n’avait pas dû respecter le cahier des charges de la franchise et fait sa vie de son côté. 

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