Arcane, une dystopie lutte des classes

Quand j’ai lancé Arcane, je n’avais pas forcément prévu d’en faire un article ici. Mais au fur et à mesure des épisodes, les ingrédients dystopiques m’ont sauté au visage. Non, je vous rassure, je ne regarde pas toutes les fictions avec cette grille de lecture. Même si j’ai cru au début de Footloose que c’était une dystopie autoritaire façon Handmaid’s tale. Mais Arcane parle énormément d’organisation sociale et politique donc me voici à vous en parler. Et ceci n’est pas du tout motivé par le fait que j’ai adoré cette série, non, non.

Deux villes l’une sur l’autre

L’histoire : Les villes de Piltover et Zaun sont en conflit ouvert et permanent. Situées au même endroit, PIltover, la riche et l’opulente, se situe au sommet tandis que la pauvre Zau est située en dessous. Les habitants de Zaun ont pour habitude d’aller commettre des cambriolages  Piltover, occasionnant quelques interventions armées très musclées des autorités du haut. Lors d’une de ces échauffourées, la mère et Vi et Powder, deux petites filles, est tuée. Vi prend sa soeur sous son aile mais lors d’un coup qui tourne très mal, Powder est récupérée par Silco, un truand façon parrain de Zaun. Il décide de faire d’elle une sorte d’arme ultime pour détruire Piltover.

Une fiction très riche

Bon, c’est extrêmement compliqué de résumer Arcane. Là, je vous ai juste résumé l’acte I sur six en tout, trois par saison. Cependant, rien que dans ce résumé, vous avez senti cette petite mélodie des riches qui vivent dans les beaux quartiers vs les pauvres qui croupissent en dessous. Arcane est aussi rempli de fantastique avec notamment des notions de magie que je ne traiterai pas particulièrement ici puisque ce n’est pas mon sujet. 

Une source d’énergie destructrice

Avant de s’arrêter longuement sur cette dichotomie haut/bas, riches/pauvres, parlons un peu substances. On va avoir deux substances clés dans Arcane. Tout d’abord l’Hextech, une sorte de matériel magique surpuissant… C’est défini dans la bible de League of legends, jeu dans lequel Vi et Jinx sont issues, comme une “magie technologique”. Encore peu maîtrisé, l’hextech est vraiment la substance énergétique la plus importante d’Arcane. Alors que les scientifiques du haut, dont Viktor, essaient de la maîtriser pour créer des armes surpuissantes qui régleraient la menace Zaun, la jeune Powder arrive aussi à la maîtriser. Une énergie clé, enjeu de lutte de pouvoir, ça me rappelle vaguement quelque chose…

Une drogue qui déglingue bien

Ensuite, nous avons la Shimmer, une sorte de drogue violette qui fait des ravages à Zaun. Elle a plusieurs vertus,  notamment celle de soigner. Le vil Silco en pren régulièrement pour se maintenir en vie. Il en injecte une dose massive à Power, désormais nommée Jinx, suite à un combat qui l’a salement blessée. Ses yeux prennent une teinte violette et sont bordés de rouge. A partir de là, la jeune héroïne, déjà peu stable, va pas mal vriller… La drogue est un ingrédient assez classique des dystopies, également. Surtout dans les dystopies où il y a une zone pauvre, voire très pauvre, où les habitants choisissent de prendre la substance à la mode pour oublier leur réalité. On en a croisé récemment dans Réminiscence, Mothercloud… Dune, bien évidemment. Je veux dire une drogue qui modifie la couleur des yeux, bon…

Armées et résistance

Nous avons aussi des factions armées, les Pacifieurs qui descendent régulièrement à Zaun pour “pacifier”, très entre guillemets, la zone. Face à cette force armée violente qui vient régulièrement faire le ménage, plusieurs factions de résistance s’organisent. Ces forces armées, celle du haut et celle du bas sont traversées par le même questionnement : guerre ou paix ? Car les habitants de Zaun n’ont pas tous la volonté de se venger de Piltover. Certains rêvent juste de vivre en paix et quelques épisodes nous offriront une version quasi utopique de Zaun. Quasi utopique car on va vite découvrir que tout n’est pas si rose. Je n’en dis pas plus mais on retrouve l’idée d’une arche pacifiée qu’on peut croiser dans certaines dystopies, surtout celles du post effondrement. On a quelques communautés de ce type dans The walking dead, par exemple. 

Le sort des plus faibles sur l’échiquier politique

Evidemment, qui dit situation complexe dit manigances politiques. Car vous vous doutez bien que l’opulente Piltover est l’enjeu d’un jeu d’échec politique. Nous avons un conseil et là, encore, toute la question est de savoir quoi faire de Zaun. Chercher une voie pacifiée ou s’équiper d’engins de mort qui régleront tous les problèmes ? Cette opposition entre deux voies est incarnée par Mel et sa mère Ambessa. Même si Ambessa arrive plus tardivement dans la série. 

Les pauvres tout en bas

Parlons un peu de l’organisation haut et bas évoquée au tout début de cet article et que j’avais gardé pour la fin. C’est le sel de quasi toutes les dystopies de type lutte des classes : les riches dans la stratosphère, les pauvres à végéter au plus près du sol. On pense à Elysium qui est littéralement basée sur ce concept, Le Cinquième élément où le soleil n’est disponible que pour les couches supérieures. Le ciel bleu et le soleil sont souvent réservés au riches. Altered Carbon avec son lupanar de luxe en orbite. Le Neuromancien aussi avec ses stations balnéaires de l’espace.  Metropolis, bien évidemment ou encore La Cité de Stella Gemmell que je devrais relire avec ma grille de lecture dystopique parce que c’est un très bon exemple de ces cités coupées en deux entre riches et pauvres.

Comme une ambiance RPG

Je vais résumer un peu. Une ville organisée verticalement, une matière énergétique qui, bien maîtrisée, offre un pouvoir incroyable et sert à renforcer des armes. Une matière qui contamine les yeux de ceux qui s’en approchent trop et qui peut créer quelques déséquilibres psychiques, un mouvement de résistance, une police brutale, un pouvoir autoritaire… C’est Final Fantasy VII. Jinx est finalement une Sepiroth à longues tresses bleues. J’exagère ? Oui, ok, un peu. Mais Arcane est très proche de Final Fantasy VII… Ou de Bioshock aussi. Une drogue qui fait initialement du bien mais qui transforme les gens parfois en monstre, des lésés qui veulent renverser le pouvoir installé au sommet de la ville. Alors on pourrait se dire que des jeux vidéos qui racontent un peu la même histoire, ce n’est pas si étonnant. Oui, sauf que League of legends, ce n’est pas du tout un RPG. Et je vais vous dire : s’ils sortent un RPG Arcane, je donne mon argent immédiatement pour y jouer parce que je veux me promener dans ces univers-là. 

Une série à découvrir absolument même si c’est sans doute déjà fait

Bref, si les ingrédients peuvent paraître peu originaux, Arcane est une réussite narrative et visuelle assez incroyable. Les personnages sont nuancés et il n’y a pas stricto senso de gentils ou de méchants, finalement. Si vous me demandez qui est l’antagoniste, je vous répondrais “les mauvaises décisions que l’on prend même si on avait de bonnes intentions à la base”. Il y a beaucoup de choses dont je ne vous ai pas parlé ici donc si vous n’avez pas encore regardé Arcane, ce sera votre série de Noël. C’est beau, les plans sont inventifs les personnages attachants. Et oui, il y a une scène clip par épisode, ce qui peut agacer mais moi non. Parce que j’ai grandi avec Alerte à Malibu où à chaque épisode, une des actrices se baladait au ralenti sur la plage dans une robe blanche au lever du jour sur une soupe pop quelconque donc je sais ce qu’est un mauvais clip de série télé. Là, il sont cool. Et y a même un titre de Stromae ft. Pomme vers la fin de la série. Cocorico !